Lectio divina – Ordinations et St Jean-Baptiste

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

21-22 Juin : Ordinations sacerdotales et diaconales à la Communauté Saint Martin comme dans beaucoup de diocèses et instituts. En même temps, le 24 Juin : l’Église universelle célèbre le Précurseur. Quel enseignement peut-on tirer du Précurseur de l’Unique Prêtre pour les prêtres appelés à « remplacer l’Irremplaçable » selon la belle formule de Saint Jean Paul II ?

« Vois ici l’Agneau de Dieu… »

Je relèverai le double paradoxe que l’Écriture et la tradition artistique nous présentent. Premier paradoxe : celui qui est chargé de la plus importante mission prophétique de l’histoire, puisqu’il s’agit d’annoncer la venue rédemptrice de Dieu, le Précurseur, commence par partir au désert pour vivre dans le silence de solitude.

Deuxième paradoxe : ce même Précurseur, qui verra et désignera l’Agneau de Dieu reconnu en ce Jésus venu se faire baptiser, est représenté dans la si belle statuaire de Chartres, avec les yeux fermés. S’ils sont fermés vers l’extérieur, du moins le sculpteur médiéval nous les suggère-t-il bien ouverts vers l’intérieur… Vers l’âme de Jean devenue contemplative à force de n’être à l’écoute que de Dieu seul, en son désert justement…

Voilà la belle leçon pour des pasteurs et des futurs pasteurs que nous pouvons proposer pour ce jour où l’Église célèbre la naissance de Jean, en même temps qu’elle ordonne de nouveaux pasteurs.

« Le Seigneur a prononcé mon nom… »

Arrêtons-nous sur ces attitudes apparemment si peu appropriées à la mission que le Seigneur confie à Jean. Il nous faut méditer sur le fait qu’être l’envoyé de Dieu pour annoncer Son Amour aux hommes demande en premier lieu d’expérimenter soi-même cet Amour de manière absolument unique et non pas seulement de manière marginale, en passant…

Il faut que l’expérience de ce Dieu dont le pasteur comme le prophète aura à parler, soit une expérience fondatrice de son être. D’où le sens profond des paroles d’Isaïe : « Le Seigneur m’a appelé ; il a prononcé mon nom alors que j’étais dans les entrailles de ma mère. »

Au delà de la vérité métaphysique que chaque être créé est le fruit d’un amoureux projet de Dieu, le texte prophétique dans la bouche de Jean signifie la prise de conscience par le Baptiste qu’il est aimé de manière absolue et unique par le Dieu vivant qui a prononcé son nom, c’est-à-dire qui est venu à lui comme un époux vient à son épouse. D’où encore le sens absolu que l’on peut donner à ces autres paroles d’alliance données par le prophète : « J’ai du prix aux yeux du Seigneur… »

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Il fait de moi sa flèche préférée… »

Nous comprenons bien que cette expérience de l’Amour de Dieu est le fruit d’une grâce divine et non la conséquence de l’unique effort volontaire de l’homme.

Il est aussi évident que cet Amour, s’il est absolument personnel et incommunicable (comme tout amour d’amitié ou conjugal), est cependant fait pour être proclamé et chanté : « Il a fait de ma bouche une épée tranchante… il fait de moi sa flèche préférée… » Comme on le voit dans la mythologie, la flèche dont il est question n’est pas tant celle du combat que celle de l’Amour avec lequel Dieu veut transfixer les âmes de Ses enfants.

Cela peut être douloureux comme le montrent les expériences des mystiques. Mais ce chemin est tracé par le Christ dont le Cœur, transpercé par la lance romaine, l’est d’abord à cause de l’Amour qu’Il porte à Son Père et à Ses frères : « Père entre tes mains je remets mon esprit… Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

« Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

On aura remarqué que ces paroles de Jésus, pleines d’Amour et de Pardon, sont prononcées en réponse au… grand silence du Père. Jésus, l’Envoyé, est aussi entré dans le désert nécessaire pour goûter maximalement l’expérience de l’Amour divin. Non seulement désert de la Tentation au début de Sa vie publique, mais plus encore désert de la Croix.

Bien que Juste et Innocent, le Père laisse Son Fils mourir, Le condamnant définitivement par Son silence alors que, selon la prière même des Juifs moqueurs, un miracle aurait suffit à sauver le Fils… C’est donc bien dans un silence de solitude absolue que le Christ expérimente de manière mystérieuse l’Amour du Père pour les hommes et donc pour Lui. C’est de cette expérience unique que surgira la Parole salvatrice qui raccroche Ses propres assassins à la Vie divine par le pont du pardon offert : « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » !

« Allez dire à Jean… »

Ce paradoxe du silence source de la Parole salvatrice, nous le trouvons déjà en Jean, non plus au moment de sa naissance et de son départ au désert, mais au temps de son emprisonnement.

Jean, alors enfermé à Machéronte, envoie des disciples questionner Jésus sur Sa messianité. Jésus ne répond qu’en citant la Parole : « Allez dire à Jean ce que vous voyez : les sourds entendent, les boiteux marchent, les aveugles voient… »

Jean devra se contenter de recevoir ces paroles bibliques, de les faire descendre dans le silence de son cœur, au cœur du silence de sa cellule. C’est ainsi qu’il témoignera qu’il est le plus grand des enfants des hommes, préparant le Christ à le suivre aussi jusque dans ce martyr, dans ce témoignage de l’Amour divin reçu et expérimenté.

« Venez et voyez… »

Jean est aussi celui qui voit. Une vision de foi qui transperce la Personne de son cousin. Cette vision n’est pas qu’humaine et elle trouve sa source dans l’union à Dieu que manifeste le regard tout intérieur de Jean.

Au désert, Jean entre en lui pour y découvrir la Lumière de Celui qui l’habite entièrement car il s’est laissé prendre par Son amour. Avant l’autre Jean, l’évangéliste, il fait l’expérience du venir et de la vision : « Venez et voyez. » D’où la parole rapportée par Isaïe : « Je vais faire de toi la lumière des nations. » C’est cette Lumière qui vient du fond de Dieu et est déposée en Jean qui sortira de lui pour désigner l’Agneau qui enlève les péchés du monde.

C’est cette même divine Source de Lumière qui permettra à Jean de voir la Colombe descendre sur Jésus et reposer sur Lui, comme signe de l’onction amoureuse du Père, l’Esprit : « Celui-ci est le Fils de ma complaisance, en qui j’ai mis tout mon amour. » C’est enfin cette Lumière qui fera comprendre à Jean que l’obscurité de Machéronte ne doit pas se confondre avec l’abandon de Dieu.

« La filialité, c’est la richesse du pauvre. »

En faisant Sa réponse aux envoyés de Jean, Jésus, qui est la Lumière, se manifeste à la lumière de Jean, pour reprendre l’expression du psaume : « C’est dans ta lumière que nous verrons la lumière. » C’est cette rencontre lumineuse qui fait comprendre à Jean le chemin de la vie qui est aussi le chemin de la croix : le sien avant de devenir celui du Christ.

« Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Jean l’a dit au profit de Jésus ; Jésus le dit au profit du Père : « Père glorifie ton fils afin que ton fils te glorifie. » Nous savons que cette gloire n’est pas humaine ; c’est la gloire de Dieu, celle que le Christ avait auprès du Père, c’est donc la gloire de la filiation, de l’Amour filial divin.

Comme le disait le Père Valensin : « Quand je me présenterai devant Dieu et qu’Il me demandera ce que j’ai fait, je lui répondrai : ‘j’ai cru en mon Père. La filialité, c’est la richesse du pauvre.’ » Bien qu’il soit de l’Ancienne Alliance, ce qui fait la grandeur du Baptiste, celui que le Christ dénomme en effet, « le plus grand des enfants… des hommes », c’est d’avoir montré à tous, au Christ d’abord et à nous ensuite, ce qu’être enfant de Dieu veut dire.

Demandons à Jean Baptiste de comprendre combien il faut savoir entrer dans le Silence de Dieu pour dire Dieu ; et combien il faut savoir regarder Sa Présence intime dans l’âme pour pouvoir Le voir au cœur du monde et Le montrer à l’homme.

Que cela soit l’éthique spirituelle des jeunes prêtres tout fraîchement ordonnés !…

Bel été à tous !

Profitez de votre repos pour discuter intimement avec le Seigneur !

C’est la meilleure manière de bien prendre soin de vous !

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.