« Et le Verbe s’est fait chair et Il a demeuré parmi nous. »
Aussi nous faut-il demeurer chez Jésus pour résider, habiter près du Verbe, près de ce Fils unique, et devenir comme Lui, en Le regardant, en Le faisant nôtre, en L’imitant, l’image du Père, nous remodelant suivant le dessein premier de la Création qui nous a faits à Sa ressemblance. En un mot, pour être nous-mêmes, comme Jésus, images du Père : « Qui me voit, voit le Père. »
Il nous faut demeurer en Jésus qui est la demeure du Verbe, Image parfaite du Fils qui, nous rappelle l’épître aux Hébreux, « est resplendissement de sa gloire, l’image de sa substance ». C’est pourquoi, si « le Père nul ne l’a jamais vu, Lui nous L’a fait connaître » !
Le Verbe vient chez nous et Il use de cette nature humaine de Jésus, de ce Tabernacle pour nous y accueillir avec Lui, avec Jésus.
Alors nous pouvons mieux comprendre le sens de nos célébrations de Noël, le sens de la nécessité de cette commémoration qui se situe bien au-delà du plaisir, au-delà de la joie que nous avons de commémorer cet événement inouï de la venue de Dieu !
Que l’Incarnation du Verbe se renouvelle en chacun de nous !
Nous en comprenons la nécessité spirituelle, parce que l’Incarnation que nous célébrons, par elle-même ne suffit pas. Par l’Incarnation le Verbe se propose, Il vient, Il nous est présenté. Mais encore faut-il que nous Le recevions en nous ! Nous pouvons avoir la visite d’un grand personnage dans notre ville, dans notre pays, encore faut-il que nous le recevions en nous ! Que nous ne soyons pas indifférents à ce passage ! Le Verbe par l’Incarnation est devenu, il y a 2000 ans, l’un de nous ; il faut maintenant qu’Il demeure en nous, qu’Il soit avec nous. Il faut que Son Incarnation, en quelque sorte, se renouvelle pour chacun de nous, en chacun de nous !
Nous comprenons ainsi la nécessité de fêter Noël pour entrer dans le mystère de l’Incarnation et non pas seulement le regarder de loin comme nous regardons la vitrine d’un magasin sans y entrer. Nous le regardons avec plaisir certes, mais nous passons notre chemin et il n’y a rien de changé dans notre vie, si ce n’est ce plaisir de l’œil qui fut si passager.
Pour nous croyants, la fête de Noël ne doit pas être comme pour les incroyants un moment passager de joie, de repos, de vacances, de détente, même de réunion familiale. Elle doit être pour nous l’occasion d’entrer dans ce mystère de l’Incarnation c’est-à-dire de faire que ce mystère de l’Incarnation se prolonge, que nous recevions le Verbe effectivement en nous. Et qu’Il puisse par la grâce s’emparer de notre personne, comme Il s’est incarné, comme Il a pris la nature de Jésus par cette union hypostatique merveilleuse. Qu’il puisse après, dans la vie de cette nature qui est notre vie quotidienne, vivre la Sienne, comme le Verbe a vécu Sa vie de Verbe dans la vie de Jésus.
« A ceux qui L’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. »
Il faut intégrer le Verbe dans notre vie. Autrement dit tout ce qui s’est passé dans le sein de la Vierge il y a 2000 ans doit se reproduire en notre âme aujourd’hui. Nous devons être comme un sein ouvert absolument, prêt à être fécondé, prêt à recevoir ce Verbe par l’opération de l’Esprit qui le fera naître en nous et par nous comme Jésus fut procréé par la Vierge, par sa chair, par son sang… Il faut que l’Esprit Saint féconde en nous le Verbe comme Il L’a fécondé en Jésus afin que nous devenions comme Jésus enfant de Dieu : « à ceux qui L’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. » De même, à ceux qui vont Le recevoir aujourd’hui…
C’est dire que nous ne le sommes pas. Ou du moins pas encore parfaitement. Nous devons choisir, nous devons orienter notre vie, nous devons ouvrir notre âme pour devenir enfant de Dieu en recevant le Fils Unique. Comme Jésus a reçu dans le sein de Marie le Fils unique, le Verbe…
Pour que nous devenions enfant de Dieu et comme le Fils, que nous devenions image de Dieu afin de pouvoir prolonger, continuer l’annonce du Salut commencée en la Personne du Verbe incarné en Jésus-Christ il y a 2000 ans !
« Celui qui me mange vivra par moi ! »
Oui, que ce Salut, que l’Évangile soit diffusé, transmis, apporté aux extrémités de la terre à tous nos frères à travers le Verbe en nous, à travers notre vie, à travers notre nature divinisée, enfantée, filialisée par la présence du Verbe.
C’est tout le sens de notre communion eucharistique de Noël. Elle est là pour régénérer, renouveler en nous la présence de l’Esprit Créateur, la présence de l’Esprit enfantant, géniteur du Verbe dans le sein de Marie, géniteur du Verbe dans mon âme afin de renouveler en moi cette présence filiale, cette présence de l’image.
C’est la grâce que je vous souhaite, et que nous devons tous nous souhaiter, petits et grands, en famille, aujourd’hui. Que chacun, entré en Jésus par l’Eucharistie reçue, devienne un peu plus près du Verbe et donc un peu plus proche du Père dont il deviendra, imitant le Verbe, l’image, le sacrement, l’ostensoir, l’apôtre, apôtre de joie et de paix !