Il n’est sans doute pas d’oeuvre de miséricorde plus caractéristique que celle qui consiste à… vivre de la miséricorde, justement ! Pardonner les offenses, c’est d’abord reconnaître que Dieu nous pardonne toujours le premier. Le pardon à donner est ainsi toujours lié au pardon à recevoir. C’est ce qu’expliquent les prêtres envoyés auprès des jeunes à Blois, et qui doivent les faire grandir dans cette vertu si fondamentale qu’est la miséricorde :
« Ô Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre »
Nous avons souvent, comme chrétiens, l’occasion de dire la prière que Jésus nous a lui-même enseigné et nous faisons alors cette demande au Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé ». Il semble parfois très difficile de pardonner les offenses, et pourtant Jésus nous y invite car comme le dit le pape François : « Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. » Proposer aux jeunes de vivre du pardon de Dieu est donc une préoccupation pour les prêtres comme le souligne don Étienne : « Pour beaucoup de jeunes qui ne sont pas soutenus par leur famille dans leur vie chrétienne, les propositions de confession dans les établissements scolaires sont l’unique opportunité de recevoir ce sacrement. »
Le cours de culture chrétienne dans les établissements d’enseignement privé catholique est l’occasion de présenter ce sacrement : Pourquoi les chrétiens le vivent-ils ? Qui est appelé à le vivre et pourquoi ? Qu’est-ce que cela change dans la vie quotidienne du chrétien ? Quelles joies ou grâces émergent lorsque cette démarche est accomplie avec vérité ? L’un des établissements scolaires propose par exemple à ceux qui le souhaitent de recevoir le sacrement lors d’une matinée de confession : « Derrière l’organisation très formelle des « matinées confessions » (passage des classes à tour de rôle dans la chapelle où attendent les prêtres pour entendre les confessions) ce sont des démarches très personnelles de pardon qui se jouent » explique don Étienne.
La confession est un lieu où nous pouvons faire l’expérience de la patience du Seigneur envers nous. Il nous attend et toujours nous relève, à chaque fois que nous tombons. La pratique de la confession régulière nous aide ainsi à nous nourrir de la miséricorde du Seigneur pour avancer et ne jamais nous arrêter dans notre vie chrétienne.

Cependant une vraie démarche de pardon s’accompagne d’une préparation : « l’enjeu est d’aider les jeunes à dépasser le besoin légitime de confidence (qui trouve une réponse évidente dans le secret de la confession) pour apprendre à reconnaître ses offenses et en exprimer la contrition. » Cette démarche est toujours l’occasion de beaux fruits tant pour le jeune que pour le prêtre : « C’est une grâce pour le prêtre que d’être le témoin de la franchise des jeunes dans cet exercice. C’est aussi très beau d’entendre les jeunes dire, quelques jours après, à quel point la confession a laissé en leur cœur une grande paix et une grande joie. »
L’aumônerie est également un lieu où le pardon peut se vivre régulièrement, comme le souligne don Théophile : « La confession est un lieu où nous pouvons faire l’expérience de la patience du Seigneur envers nous. Il nous attend et toujours nous relève, à chaque fois que nous tombons. La pratique de la confession régulière nous aide ainsi à nous nourrir de la miséricorde du Seigneur pour avancer et ne jamais nous arrêter dans notre vie chrétienne. C’est pourquoi nous offrons aux jeunes de l’aumônerie Saint-Vincent de Blois la possibilité de se confesser tous à chaque fois qu’ils viennent à l’aumônerie. Il s’agit là d’un trésor dans lequel ils puisent avec beaucoup de simplicité, et qui portera des fruits abondants pour leur vie d’adultes. »
Ainsi la mission qui consiste à proposer aux jeunes de s’approcher de ce sacrement est double. Tout d’abord leur permettre de faire la rencontre avec la miséricorde de Dieu, que Jésus est venu apporter sur Terre en passant par la croix. Mais aussi de se laisser instruire par cet amour qui pardonne toutes les offenses et pouvoir à leur tour faire de même.
Que dit l’Église sur cette oeuvre de miséricorde : Pardonner les offenses ?
La miséricorde s’exprime tout d’abord dans le pardon : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis » (v. 37). Jésus n’entend pas renverser le cours de la justice humaine, toutefois, il rappelle aux disciples que pour avoir des rapports fraternels il faut suspendre les jugements et les condamnations. Le pardon est en effet le pilier qui soutient la vie de la communauté chrétienne, car dans celui-ci se révèle la gratuité de l’amour avec lequel Dieu nous a aimés le premier. Le chrétien doit pardonner ! Mais pourquoi ? Parce qu’il a été pardonné. Nous tous qui sommes ici aujourd’hui, sur la place, nous avons été pardonnés. Nous tous, dans notre vie, nous avons eu besoin du pardon de Dieu. Et puisque nous avons été pardonnés, nous devons pardonner. Nous le récitons tous les jours dans le Notre Père : « Pardonne nos péchés ; pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». C’est-à-dire qu’il faut pardonner les offenses, pardonner tant de choses, car nous avons été pardonnés de tant d’offenses, de tant de péchés. Juger et condamner notre frère qui pèche est une erreur. Non parce qu’il ne faut pas reconnaître le péché, mais parce que condamner le pécheur brise le lien de fraternité avec lui et méprise la miséricorde de Dieu, qui en revanche ne veut renoncer à aucun de ses enfants. Nous n’avons pas le pouvoir de condamner notre frère qui se trompe, nous ne sommes pas au-dessus de lui : nous avons plutôt le devoir de le ramener à la dignité de fils du Père et de l’accompagner sur son chemin de conversion.
Extrait de l’Audience générale du Pape François du 21 septembre 2016
Amen.