Lectio divina pour la Solennité du Saint Sacrement

Gn.14, 18-20              1Cor.11, 23-26                       Lc.9, 11-17

Tout le mystère du Christ est dans le mystère de l’Eucharistie…

Nous arrivons à la fin des célébrations liturgiques que l’on peut dire être des fêtes à thèmes : des fêtes qui ne célèbrent pas tant un aspect historique de Jésus qu’un aspect du mystère de Dieu. Et le cycle des fêtes thématiques dominicales se termine avec la Fête-Dieu ou du Saint Sacrement.

La Croix, ouverture de l’histoire des hommes vers l’éternité

Dans la Collecte, cette première prière de la messe qui nous en donne tout le suc, tout l’esprit, nous trouvons bien sûr la ligne directrice de notre réflexion contemplative : « Dans cet admirable sacrement, Seigneur, Tu nous as laissé le mémorial de Ta Passion. »

Voici la plus simple et la meilleure définition de l’Eucharistie qui est le signe de la mort de Jésus sur la Croix par Amour pour les hommes. Le signe tangible, le signe visible de cet Acte unique de l’Histoire, qui lui donne tout son sens en même temps que, d’une certaine manière, il la clôt. La Croix est la fermeture de l’histoire humaine en même temps qu’elle est l’ouverture de l’histoire des hommes vers l’éternité !

L’Eucharistie, le sacrement tangible, visible de cet Acte unique qui résume toute la vie du Christ et dans lequel va s’enraciner toute la vie de l’Église, l’Eucharistie est LE SIGNE en plénitude. 

Ceci est le sacrifice de la Croix

Nous sommes des hommes pourvus d’une intelligence, intelligence qui saisit la réalité des choses, le sens des choses à travers le visible, le sensible, le signifiant. Lorsque nous aimons une personne, nous entrons dans son cœur à travers la corporéité de cette personne, sa visibilité : nous n’aimons jamais les courants d’air !

Ce signe, que Jésus nous laisse parce que nous sommes des hommes et que nous allons du visible à l’invisible, est un signe de plénitude parce que, non seulement comme tout signe il nous renvoie à une réalité -les traces de pas dans le sable nous renvoient à celui qui est passé sur ce sable- mais le signe eucharistique contient cette réalité de la Croix !

Plus encore, il est cette réalité avec toute la force du verbe être, essentiel à notre jugement, essentiel à notre existence. Ceci est le sacrifice de la Croix, dans une identité totale, même si le sacrifice sanglant du Calvaire qui est rendu présent visiblement de manière sanglante, l’est sous une enveloppe non sanglante qui est l’enveloppe du pain et du vin.

Par l’Eucharistie nous traversons miraculeusement l’histoire !

Le miracle eucharistique ! Avant même de chercher les miracles eucharistiques qui se sont éparpillés par la grâce de Dieu au cours de l’histoire dans le monde pour nous motiver, songeons à CE miracle qu’est l’Eucharistie ! Miracle permanent qui se produit quand le prêtre prononce les paroles de la consécration du Corps et du Sang de Jésus et qui nous transporte au pied de la Croix avec Marie et Jean.

Ce miracle nous fait traverser les 2 000 ans qui nous séparent de l’Acte Unique de Jésus et nous y fait assister, réellement présents, par la foi, au sacrifice de Jésus qui se déroule sur l’autel.

Quelle merveille de pouvoir contempler cet acte par lequel Jésus nous signifie tout Son Amour, signifié par ce don de la Vie, ce don du Corps et du Sang pour faire de nous des enfants de Dieu, mais aussi tout l’Amour de Son Père, puisque le Père et Lui ne font qu’un !

C’est dans la contemplation de ce miracle eucharistique, de cette re-présentation, c’est-à-dire de cette présence « à nouveau » sur l’autel au cours de la messe, que nous sommes déjà rassasiés, comme les contemporains du Christ étaient rassasiés par la multiplication des pains. Parce que nous nous apercevons que l’homme n’est pas un mal-aimé, une espèce d’animal abandonné au gré des guerres, des haines et de sa liberté mal comprise, mais qu’aux yeux de Dieu, l’homme égale Dieu ! Oui, dans la balance divine l’homme vaut le prix du Fils de Dieu !

« Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. »

C’est pour nous faire à cette révélation incroyable qui dépasse tout l’entendement de l’homme, c’est pour nous établir dans cette foi en l’Amour inouï de Jésus et de Son Père pour chacun et chacune d’entre nous que la Messe existe.

Chaque dimanche nous revoyons cet Acte, nous sommes présents à cet Acte, nous sommes amenés à contempler cet Acte rendu présent à nos yeux pour dire avec Paul : « Ma vie dans la chair, ma vie de tous les jours, ma vie d’homme, ma vie de femme, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé, qui s’est livré pour moi. » Voilà le rocher sur lequel doit se construire notre vie. Il faudrait une vie tout entière, et elle ne serait pas encore suffisante, pour contempler cet Amour !

« Ce que je vous transmets, je l’ai appris moi-même, des Apôtres »

Signe de plénitude, l’Eucharistie l’est parce que non seulement, elle contient la réalité, mais parce qu’elle nous la donne. Le signe, dans le monde humain, ne donne pas, n’est pas efficace, ne produit rien : il renvoie à quelque chose d’autre.

Mais le signe eucharistique EST la réalité qu’il signifie, et il donne cette réalité. On comprend que la Tradition de l’Église, c’est-à-dire ce qui se transmet de génération en génération sous l’autorité du Magistère, on comprend que cette Tradition soit toute centrée, comme le rappelle Paul dans la lecture, sur la tradition de l’Eucharistie. Qu’est-ce que nous allons nous encombrer de querelles de lutrin, de querelles de langue, de querelles de soutane, de querelles d’horaire, alors que le cœur vivant et vivifiant de la Tradition de l’Église est la tradition de l’Eucharistie ? « Ce que je vous transmets, je l’ai appris moi-même, des Apôtres. »

« Ceci est mon Corps donné pour vous. »

« La nuit où Il fut livré, le Seigneur prit du pain et Il dit : Prenez et mangez, ceci est mon Corps donné pour vous. » Le Corps de Jésus est livré, il est donné POUR nous en rachat des péchés sur la Croix, c’est vrai. Il est aussi donné A nous, il est transmis : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps donné pour vous pour la rémission des péchés. »

C’est la Tradition, c’est-à-dire la transmission, mais non pas d’une idée ou d’une philosophie, ni même d’un système de casuistique morale et bourgeoise. Tout le mystère du Christ réside dans ce Corps de Dieu qui est donné aux hommes. Voilà ce qu’est la Tradition de l’Église : la transmission de quelque chose de vivant, d’une personne, de Son Corps, de Son Sang, de Son âme, de Sa divinité, de Sa vertu et particulièrement de Sa vertu de charité.

Qu’allons-nous perdre nos énergies et notre temps à nous battre sur tout le reste alors que Jésus a centré Sa vie sur ce don ? « Ceci est mon Corps donné pour vous. »

Et si Jésus livre ce Corps de Dieu-Amour, si Jésus Se livre aux hommes, en pâture aux mains indignes du prêtre comme à la bouche infidèle des fidèles, c’est pour les assimiler à Sa Charité contenue dans la petite hostie avec toute Sa Personne ! Pour que nous puissions vivre comme le Fils de Dieu fait homme, et que nous puissions ainsi entrer dans le Royaume…

« Celui qui me mange vivra par moi… »

C’est cela le Royaume de Dieu, qui, dira Jésus, est déjà parmi nous ! Lorsque je communie au Corps et au Sang de Jésus, lorsque je me nourris donc de Son Esprit, de Son âme, de Sa charité, je suis assimilé à cet Esprit, à cette âme, à cette même charité que Jésus a vécue avec Son Père et avec les hommes. Je suis fils de Dieu par adoption, divinisé par adoption, je rentre dans le Royaume de Dieu !

Voilà la définition, voilà la fonction de l’Eucharistie qui résume tout le mystère de Jésus, comme le mystère de Jésus résume tout le mystère de Dieu. C’est pour cela que l’on appelle aussi cette fête de l’Eucharistie, la Fête-Dieu. Car, oui, tout le mystère de Dieu est dans le mystère du Christ et tout le mystère du Christ est dans le mystère de l’Eucharistie !

Mysterium fidei…

Contemplons et rendons grâce ! Remercions pour cette guérison totale, pour ce rassasiement parfait que nous pouvons avoir lorsque, dans la communion, nous nous établissons, en proportion de notre foi bien sûr, dans la Vie de Dieu.

Dieu est Amour. Lorsque je communie, je m’établis dans cet Amour, je suis guéri de mes égoïsmes, de mes orgueils, de mes vanités, de tout ce qui en moi m’éloigne de mon Père et de mes frères.

Réfléchissons à cette fonction de l’Eucharistie, fonction si importante que l’Eucharistie, c’est vraiment le mystère de la foi,mysterium fidei !

BEL ETE A VOUS TOUS ET A BIENTÔT POUR LA RENTREE !

Qu’est ce qu’une lectio divina ?

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

Retrouvez la Lectio divina quotidienne de Mgr Le Gall sur X : @mgrjmlegall

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.