Lectio divina – Vingt-cinquième dimanche du temps ordinaire

Is.55, 6-9 // Ph.1, 20-27 // Mt. 20, 1-16

Ez 37, 12-14 // Rm 8, 8-11 // Jn 11, 1-45

Pour reprendre ensemble notre marche sur la route du Temps Ordinaire nous avons, avec les lectures de ce dimanche, présentées et présidées par la Collecte, un programme extrêmement vaste. L’Église nous rappelle en effet que « toute la Loi consiste à aimer Dieu et son prochain », que ce soit la Loi ancienne que Jésus n’est pas venu abolir mais achever, ou la Loi nouvelle des Béatitudes qui est justement l’accomplissement de cette Loi ancienne. Interrogeons-nous donc aujourd’hui pour essayer de mieux percevoir ce que veut dire aimer Dieu.

L’Ancienne Alliance est la tentative par Dieu de se faire aimer

Car ce n’est pas facile. Toute l’histoire de l’Ancienne Alliance est la tentative par Dieu de se faire aimer de Son peuple, employant pour ce faire, tous les moyens que Sa puissance possède : les événements et l’histoire, les prophéties qui en sont leur relecture spirituelle, la grâce sous toutes ses formes en particulier Sa miséricorde et Son pardon…

Il n’y a qu’à voir d’ailleurs comment fut reçu le Christ par une partie de ce peuple qui, loin d’être licencieux, était un peuple religieux, plein de foi, ou en tout cas plein de croyance. Jésus arrive et lance un message qui fait tout craquer, allant même jusqu’à provoquer Sa condamnation à mort par les scribes, les pharisiens et les docteurs de la Loi, tous ceux qui détenaient la clé des Écritures et donc du Royaume.

Voir Dieu tel qu’Il est : Amour !

Pour aimer Dieu, pour être en relation d’amour avec Dieu, il faut d’abord au moins y entrer ! Pour être en relation d’amitié les uns avec les autres, il faut entrer en relation c’est-à-dire s’ouvrir à l’autre, ou encore accepter de le voir, de le rencontrer tel qu’il est lui et non tel que je rêve qu’il soit.

Autrement dit, il s’agit de voir Dieu tel qu’Il est, tel qu’Il se définit Lui-même, non seulement à travers les gestes de Jésus, mais à travers la parole inspirée de l’évangéliste Jean : « Deus caritas est » Dieu est amour. Et ce n’est pas facile de voir Dieu-Amour à chaque minute de notre vie, surtout quand ces minutes sont douloureuses !

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

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« Si je dis oui, c’est grâce à Lui… »

Il faut donc accepter de voir Dieu tel qu’Il est, et même si cet acte est stimulé par Dieu Lui-même, par Sa grâce, par la Personne de l’Esprit-Saint, même si Dieu agit pour nous donner l’impulsion, le oui décisif de notre cœur, il faut cependant que nous acceptions cette impulsion, cette stimulation, cette grâce, il faut que nous la recevions, que nous disions oui ! Il n’y a pas de résumé plus clair que celui de Saint Augustin disant : « Si je dis oui c’est grâce à Lui, (grâce à Lui : la grâce. Dieu n’est pas cause au sens physique du mot, c’est une motion) si je dis non c’est à cause de moi, (c’est dire que là je suis effectivement cause directe de mon refus de Dieu). »

Grâce à Lui parce que, nous le rappelle le prophète, « les pensées de Dieu sont inaccessibles à l’esprit de l’homme », que cela soit la révélation de l’être de Dieu, que cela soit la révélation de l’agir de Dieu et en particulier de Son agir envers moi. Qu’est-ce que Dieu est en Lui-même ? Qu’est-ce que Dieu veut de moi ? Nul ne le sait sauf l’Esprit de Dieu.

« Credidimus caritati »

C’est donc cet Esprit qui nous sera donné pour nous éclairer et nous permettre, en disant oui, d’entrer en relation d’amour avec Dieu. Ce faisant, recevant l’Esprit, nous pouvons comprendre l’Amour qui est Dieu et par lequel Il nous aime. C’est la raison pour laquelle Saint Paul parle de « l’amour de Dieu qui est diffusé dans nos âmes par l’Esprit qui nous est donné. » C’est logiquement la caritas Dei (l’Amour de Dieu) que nous recevons puisque Dieu est charité : Deus caritas est. Dieu Lui-même nous est diffusé, nous est donné lors du Baptême pour que nous puissions adhérer, pour que nous puissions dire oui : « credidimus caritati », nous croyons en Son Amour, nous y adhérons, entrant ainsi en relation de filiation avec Dieu, alors que par nos simples forces nous en serions bien incapables !

Cette lumière révélante, aimante, cette révélation de l’Amour de Dieu qui vient dans notre cœur par la charité de l’Esprit-Saint, ce n’est rien d’autre que l’appel lui-même que Dieu nous lance pour entrer en relation avec Lui ; ce n’est rien d’autre que ces : -Abraham !-, -Samuel !-, -Pierre !-, -Matthieu !- entendus dans la Parole, tous ces appels qui retentissent au fond des cœurs de manière extrêmement discrète… Car il ne s’agit pas d’entendre des voix au téléphone, d’attendre des prodiges ou des manifestations merveilleuses ! L’appel, c’est tout simplement cette lumière de l’Esprit-Saint qui m’est donnée, que je n’ai plus qu’à accepter, -car bien entendu je peux la refuser, Dieu ne s’impose pas.

Être vide de soi pour vivre de Lui !

Il faut donc que j’accepte ma pauvreté, ma pauvreté spirituelle. C’est ce que l’on appellera la pauvreté en esprit de la première béatitude. Il faut que j’accepte cet état de pauvreté pour être effectivement enrichi de cette richesse de l’amour, de cette richesse de l’Esprit que Dieu me donne pour me faire entrer en relation affective, amicale, nuptiale, filiale avec Lui…

Cette grâce de l’Esprit, de l’Amour lumineux, de l’appel, elle est tout le temps là, disponible : c’est l’Évangile des ouvriers de la dernière heure que nous venons d’entendre.

Le maître sort au petit matin, il appelle les ouvriers à sa vigne. Cet appel, il est donc là dès ma première heure de vie. Et jusqu’à ma dernière heure d’existence : « A la onzième heure le maître sortit et il trouva encore des ouvriers sur la place et il les embaucha. » La Lumière de l’Esprit est donnée à chaque homme, est présente à chaque homme de l’instant de sa naissance jusqu’au dernier instant de son agonie.

Dieu est riche en pardon et par Sa pitié.

Et finalement peu importe de savoir à quelle heure nous entendons cet appel.

Peu importe à cause de la richesse de Dieu. Dieu est riche en pardon. Regardez dans l’Évangile. Dieu est si riche qu’Il peut donner la pièce d’argent à chacun de ses ouvriers y compris à celui qui n’a même pas travaillé une heure ! Cela, c’est la richesse de Dieu, la profusion de Dieu, Dieu donne en surabondance…

Et non seulement Il est riche en pardon mais Dieu est riche par Sa pitié. Par cette pitié Il va faire en sorte que les derniers vont être encore plus enrichis que les premiers puisqu’ils recevront la même pièce !

Nous aussi dans notre vie nous sommes trop souvent préoccupés par les affaires du monde et nous attendons bien des heures avant d’aller sur la place pour nous faire embaucher et pour travailler à la vigne, pour être en relation avec Dieu en participant à Son Œuvre de Salut. Nous sommes distraits, comme disait Pascal.

Mais encore une fois peu importe, si nous acceptons d’être les derniers ouvriers de la parabole.

Être confiant dans la prodigalité divine !

Qu’est-ce à dire ?

Les derniers, nous aurons remarqué, sont ceux qui se laissent embaucher sans savoir pour quel salaire ! Pour les premiers, « ils convinrent d’un prix d’une pièce d’argent. » Mais avec les derniers le maître « convint d’un prix juste. » Mais quel prix ? Voilà ce qu’est l’esprit des derniers ouvriers dans l’Évangile : se laisser embaucher avec la confiance que Dieu va me rémunérer dans Sa prodigalité !

C’est tout à l’opposé de la mentalité pharisaïque que nous retrouvons plus ou moins chez chacun de nous, bien entendu. Je paye donc je dois recevoir, je mets un cierge à Saint Antoine donc je retrouve mon porte-monnaie, je donne mon denier du culte, je vais à la messe, donc j’ai droit à être sauvé, même si je vis comme un mécréant. Là, c’est tout le contraire : l’ouvrier de la dernière heure a confiance dans ce contrat tout à fait indéfini : « Je te donnerai un prix juste », et il va à la vigne…

Alors si nous entrons dans cette mentalité, du dernier ouvrier, là oui, à cette condition, peu importe l’heure à laquelle nous serons entrés dans la vigne !

« Je suis saisi. »

Il y a quelques jours, nous fêtions Saint Matthieu et je pensais en lisant l’Évangile d’aujourd’hui à cet extraordinaire tableau de Rembrandt, que vous devez sûrement connaître de l’appel de Matthieu. La toile dans son entier est très obscure, comme dans La ronde de nuit ; et il y a le collecteur d’impôts à son bureau avec un compagnon. Puis Jésus arrive ; et de Jésus part un rayon lumineux qui, traversant la toile, va se poser sur Matthieu qui est là, face à Jésus.

Ce rayon lumineux c’est ce que j’évoquais plus haut, ce don de l’Esprit, cette Caritas Dei qui nous permet d’entrer en communion avec Dieu. C’est cet appel que Dieu lance sur Matthieu et à travers Matthieu sur tout homme, cette lumière révélante et chauffante qui fait que Matthieu est saisi comme Saint Paul le dira dans ses épîtres : « Je suis saisi. »

Il est saisi par ce visage qui arrive et se dévoile. Matthieu n’était pas n’importe qui : collecteur d’impôts était un poste important, rien à voir donc avec les pêcheurs de Galilée. Matthieu donc est saisi en même temps qu’il saisit, qu’il voit, qu’il pénètre, qu’il traverse le visage de Jésus pour atteindre Son cœur.

« Et, se levant, il le suivit. »

Nous le savons, dans nos relations humaines il n’y a que l’amour qui peut nous faire passer du visage au cœur. Je vous vois, mais si je ne vous aime pas je m’arrête au visage. Si au contraire je vous aime, à travers votre visage je pénètre votre cœur, j’entre dans votre cœur, j’entre en vous avec joie pour vous aimer et pour y résider comme Dieu : « Celui qui m’aime nous viendrons faire chez lui notre demeure. »

Alors que son compagnon reste absolument dans l’obscurité la plus totale, Matthieu découvre, lui, à travers le visage de Jésus le cœur du Christ, la largeur de Son cœur, la profondeur de Son cœur dira Saint Paul, toute cette prodigalité, cette profusion de l’amour… « Et, se levant, il le suivit. »

Voilà comment Matthieu est un des exemples les plus saisissants de l’Évangile -et si bien rendu par Rembrandt ! – de cette entrée en relation avec Dieu qui nécessite notre accord à cette grâce, à cette lumière, à cet appel qui, encore une fois, est quelque chose de spirituel. C’est l’Esprit qui travaille : c’est intérieur, c’est intime, ce n’est pas du prodige, ce n’est pas du merveilleux.

« Je suis à la porte de ton âme et je frappe… »

Alors lorsque le prophète, dans la première lecture, nous demande de prier, « d’invoquer le Seigneur tant qu’il est proche », cela veut dire que nous devons supplier Dieu, non pas même de L’aimer, mais d’abord de ne pas fermer notre âme à cette impulsion première, à cette entrée dans la relation, de ne pas fermer notre âme à cette présence de l’Esprit : « Je suis à la porte de ton âme et je frappe, si tu m’ouvres j’entre et je mangerai près de toi et toi près de moi… » -c’est à dire je serai en communion, tu me connaîtras : « Je te fiancerai, disait Osée, dans la tendresse, dans l’amour, dans le droit, dans la justice, seul à seul, au désert. »

Car, nous le savons, cela va très vite de refermer son âme : une parole méchante, une jalousie, une indifférence, une lassitude, une paresse spirituelle, un mensonge, une incohérence intérieure… Et voilà que le cœur commence alors à s’endurcir comme Pharaon et il ne saisit plus le visage du Seigneur ; plus exactement ce visage n’est plus qu’un masque, je ne vois plus à travers lui la personne de Jésus, c’est-à-dire Son cœur, alors qu’Il est près de moi comme Moïse, le conseiller de Pharaon, était près de lui. Mais Pharaon parce qu’il avait un cœur endurci et qui s’endurcissait de plus en plus ne voyait plus le Seigneur à travers Moïse, il ne pouvait plus entrer en contact avec Dieu : c’est le barrage de la Mer Rouge ! Pharaon n’était pas plus mauvais qu’un autre ! L’Égypte était encore à l’époque une civilisation extrêmement puissante, autrement brillante que la civilisation du peuple hébreu.

« Il m’a aimé et s’est livré pour moi. »

Demandons cette pauvreté d’esprit, demandons d’accepter l’influence première de Dieu, de Son ‘Être-Amour’, pour casser le masque que nous posons trop souvent sur le visage de Jésus.

C’est le Père Zundel qui nous met en garde contre la tentation de mal voir le visage de Dieu, et de Lui attribuer -maintenant on en saisit la raison- un visage pharaonique, justement parce que Pharaon est aveugle, aveugle de Dieu.

Ne soyons pas aveugles, acceptons cette pauvreté de l’esprit qui nous permet d’entrer en relation d’amour et qui nous donne, à ce moment-là, comme Saint Paul, d’adhérer à Jésus qui se présente comme celui « qui m’a aimé et s’est livré pour moi. » C’est dans l’épître aux Galates : « Ma vie dans la chair, je la vis dans la foi en celui qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi. »

« Pour moi, vivre c’est le Christ. »

À ce moment-là, on comprend que si l’on adhère à ce Jésus-là, ce Jésus ainsi perçu dans Son amour pour moi, on comprend que la vie chrétienne consiste tout simplement à faire transparaître ce visage aimant de Jésus dans ma personne. Pour moi dit Paul aux Philippiens « vivre c’est le Christ. » Pour lui, vivre c’est rendre présent, par le visage de Jésus, Son cœur et finalement le visage du Père qui s’y reflète : « Qui me voit, voit le Père. »

Imitons donc Paul, d’abord pour y attirer nos frères, mais aussi pour nous épanouir nous-mêmes puisque, étant créés à l’image de Dieu, nous nous épanouirons lorsque nous serons effectivement divinisés, quand nous accepterons cette image de Dieu et quand nous la ferons grandir en nous, devenant dieu nous-mêmes comme disait Jésus en citant l’Écriture : « Vous êtes des dieux. »

Voilà ce qu’est aimer Dieu. Ce n’est pas seulement faire des ‘dévotionnettes’, ce n’est pas seulement ‘pratiquer’, comme l’on dit. C’est accepter de faire jaillir en nous ce visage du Père, que le Père nous a donné en nous créant.

C’est Lui dire oui ! Oui je Te rends grâce de m’avoir fait à Ton image et la preuve de ma reconnaissance c’est que cette image je vais la révéler de plus en plus dans la vie, devant Toi et à mes frères.

Mgr Jean-Marie Le Gall – Communauté Saint Martin

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Qu’est ce qu’une lectio divina ?

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Biographie

Jean-François Guérin

Jean-François Guérin naquit à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il fut baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suivit sa première scolarité, dans une famille qui n’était pas particulièrement marquée par la foi.

Installé chez sa mère à Paris, il s’ouvrit de sa vocation à un prêtre de Versailles. C’est pourquoi, contre l’avis de sa famille, il entra au séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans. Les premières années de sa formation furant vraiment fondatrices pour lui, marquées par la forte spiritualité sacerdotale enseignée par les formateurs sulpiciens. Ces années furent coupées par son temps de service militaire en Tunisie et marquées par le décès de son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décida de quitter Versailles pour revenir à Tours, puis il intégra le Séminaire français de Rome et, le 29 juin 1955, il fut ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard.

D’abord vicaire à la cathédrale de Tours, il fut nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les emmena à Fontgombault, une abbaye bénédictine qui eut une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devint oblat en 1961. Quittant Tours, il fut envoyé à Paris pour des études de droit canonique, qu’il commença en 1965.  Pendant ces études, il était aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il fut inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se créa une amitié. Les études terminées, il devint délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garda cette charge, qui consistait à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975.

À Paris, son ministère se déployait entre l’œuvre d’Orient, la mission de chapelain au Sacré Cœur et un ministère qui se dessina peu à peu auprès d’étudiants, hommes et femmes, qui le rejoignirent bientôt pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle, à Montmartre. De ce silence, naquit l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entendait donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse. Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donna naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique, il leur transmit aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau missel promulgué par le Pape Paul VI.

Proche des moines bénédictins de Fontgombault et des Sœurs Servantes des Pauvres, l’abbé Guérin accompagna des jeunes vers des vocations religieuses, contemplatives et apostoliques. Mais, plusieurs jeunes gens lui partagèrent leur désir de devenir prêtres diocésains. En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrèrent à Rome où ce dernier demanda au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord fut immédiat : les études au séminaire seraient gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville serait mis à leur disposition. C’est alors que le 1er novembre 1976, commença la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivirent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Les années italiennes furent celles de la fondation, avec l’appui constant du cardinal Giuseppe Siri, qui, à sa démission, nomma l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.

L’année 1993 fut celui du retour en France, pour les membres de la Communauté. Aidé par les premiers membres, l’abbé Guérin guida cette installation à Candé-sur-Beuvron, dans le diocèse de Blois. Ce furent des années plus difficiles, marquées par différents problèmes de santé. L’abbé Guérin fut de plus en plus secondé. En février 2004, il présenta sa démission. Demeuré à Candé, il fut rappelé à Dieu le 21 mai 2005. Après ses obsèques à la cathédrale Saint-Louis de Blois, il fut inhumé au cimetière d’Artannes-sur-Indre, son village natal.

Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page. Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com

Biographie

Don Paul Préaux

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Don Paul Préaux, né le 6 octobre 1964 à Laval (Mayenne), rentre au séminaire de la Communauté Saint-Martin alors installée à Voltri (diocèse de Gênes, Italie) en 1982. Il est ordonné diacre en avril 1988 à Saint Raphaël (Var) par le cardinal Siri et obtient son baccalauréat de philosophie et de théologie. L’année suivante, le 4 juillet, il est ordonné prêtre à Gênes par le cardinal Canestri.

En 1990, don Paul obtient une licence canonique de théologie dogmatique à Fribourg (Suisse) et devient responsable de la maison de formation de Voltri. Il est envoyé à Rome en 1992 pour l’année d’habilitation au doctorat et commence ensuite sa thèse.

Nommé, en 1995, chapelain au sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon (Orne), il devient recteur de ce sanctuaire consacré à la prière pour les défunts, charge qu’il occupera jusqu’à son élection comme Modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Pendant cette période, don Paul est également membre du conseil presbytéral du diocèse de Sées pendant six ans et secrétaire du même conseil pendant 3 ans.

Docteur en théologie en 2005, don Paul est l’auteur d’une thèse sur Les fondements ecclésiologiques du Presbytérium selon le concile Vatican II et la théologie post-conciliaire. Enseignant la théologie dogmatique à l’École de théologie de la Communauté, depuis 1993, il intervient également dans différents lieux d’enseignement, comme le Centre d’études théologiques de Caen. Il est également sollicité pour prêcher des retraites et intervenir dans différents diocèses et communautés, notamment des thèmes de la spiritualité sacerdotale et de l’espérance chrétienne, sur lesquels il a publié des ouvrages.  Renvoi à la page de ses publications.

Le 26 avril 2010, don Paul Préaux est élu Modérateur général de la Communauté Saint-Martin et réélu en 2016 à cette charge pour un nouveau mandat de six ans. Il est à nouveau élu à cette charge en 2022 pour un dernier mandat.