Vie du séminaire: La rentrée

Vendredi 11 septembre 2020

Au séminaire la rentrée nous invite à redire « OUI » à Dieu qui nous propose de le suivre. Par ses fêtes le mois de septembre nous plonge dans les mystères de Jésus et de Marie pour nous ouvrir à l’amour de Dieu.

Au milieu de ce mois de rentrée, l’Église nous a placé sous le signe de deux célébrations qui semblent paradoxales: la Croix Glorieuse, le 14 septembre, et la mémoire de Notre-Dame des Douleurs, le 15. Pourquoi paradoxales? D’une part parce que l’adjectif «glorieux» semble jurer avec la réalité dérangeante de la Crucifixion; d’autre part parce qu’en fêtant en Notre-Dame des Douleurs une mère en souffrance, c’est celle dont on chante chaque jour dans le Magnificat que «tous les âges [la]diront bienheureuse» qui est célébrée.

Or, ces deux célébrations nous enseignent que si Jésus est, lors de sa vie terrestre, «un signe en butte à la contradiction» comme l’annonce à la Vierge Marie le vieillard Syméon, c’est véritablement dans le mystère de la Croix que ce signe fait sens pour les croyants. Ainsi l’Église, au travers de ces deux liturgies, invite les chrétiens à se placer sous ce signe, au sens propre du terme: à venir, comme Marie, contempler le Crucifié.

Dès lors, au moment de la rentrée où sont particulièrement données à chacun des grâces de (re)commencement, les séminaristes vivent ces deux célébrations comme une question, la même que posait à ses carmélites sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix lors du renouvellement de leurs vœux: «Veux-tu rester fidèle au Crucifié» Cette fidélité, l’Église nous la transmet comme une présence, une contemplation. «Marie, écrit le Cardinal Journet, est debout au pied de la croix. Elle ne défaille point. Elle n’est point soutenue par les saintes femmes. C’est elle, au contraire, qui soutient alors toute l’Église par l’élan de son amour, fort comme la mort.»

C’est dans l’élan de cet amour qui les soutient que les séminaristes effectuent à chaque début d’année un –désormais traditionnel –pèlerinage à Notre-Dame de Pontmain et au Mont Saint-Michel.

A Pontmain, ils confient leurs intentions pour l’année qui débute et sollicitent la protection de celle qui assure: «Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher.» La mémoire de Notre-Dame des Douleurs, dans laquelle «l’Église conserve avec amour» et «ose commenter […]avec une compassion, une tendresse pleines de respect» ce «secret entre la Vierge et son Fils» qu’est la douleur de la Mère de Dieu, prépare les séminaristes à cette rencontre avec Notre-Dame de Pontmain qui les aide à faire grandir la foi en son Fils. Pour que cette foi puisse grandir, Don Louis-Hervé a insisté lors de la messe à Pontmain, sur la foi dans le Christ Sauveur en demandant la grâce de ne jamais oublier que le Christ nous a sauvé.

Lors du passage à pied de la baie du Mont Saint-Michel, c’est davantage la fête de la Croix Glorieuse qui est rappelée, dans laquelle se joue le vrai passage: de la Terre au Ciel, de la mort à la Vie. C’est en ayant pour modèle le grand pèlerinage qu’est la Passion du Christ que les séminaristes marchent donc vers le mont comme sur un chemin de croix, mais sans oublier pourtant la joie. Car comme l’écrit encore sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix: «L’union au Christ étant notre félicité, et la progression de cette union notre bénédiction sur cette terre, l’amour de la Croix n’est nullement en contradiction avec la joie d’être enfant de Dieu. Aider à porter la Croix du Christ donne une joie pure et profonde.»

Au bout de ce pèlerinage et forts de cette joie, les séminaristes peuvent ainsi confier à l’Archange saint Michel les combats spirituels qui ne manquent pas. En célébrant la Croix glorieuse et Notre-Dame des Douleurs, puis en sollicitant la prière et la protection de ces deux géants de Dieu que sont Notre Dame et l’Archange Michel, ils demandent donc la foi nécessaire à toute rentrée. En se plaçant sous le signe de la Croix victorieuse, ils récolent l’espérance indispensable pour vivre dans la joie. Enfin, en contemplant l’amour de la Vierge Marie et de Jésus, ils puisent dans ce lien la nourriture essentielle à leur propre charité.