22 mai 2024
La mobilité qu’est-ce que c’est ?
Quand on parle de mobilité au sein de la communauté, on pense aux affectations que les prêtres reçoivent chaque année. Cette mobilité renvoie à des éléments qui sont fondamentaux pour la communauté car inscrits dans nos statuts où il est dit que la communauté Saint-Martin est un corps mobile. Cette appellation « corps mobile » est un peu mystérieuse, mais fait partie de l’énoncé du but de la communauté Saint-Martin ; se mettre ainsi au service des évêques diocésains. Toujours dans les statuts, il est dit que les membres de la communauté ont les droits et obligations générales des clercs, mais aussi deux obligations supplémentaires : la vie commune comme définie par le coutumier ainsi que la disponibilité permanente envers les nominations. Voilà une des obligations supplémentaires des membres de la communauté, supplémentaire par rapport à ce que tous les autres clercs contractent comme obligations. C’est ce qui fait que jusqu’à maintenant sans l’avoir acté dans les textes, il a plutôt été considéré qu’un membre qui devient évêque peut difficilement rester dans la communauté justement parce qu’il ne peut plus être disponible aux mutations.
Quelle richesse la mobilité apporte-t-elle au prêtre et au diacre ?
Elle permet d’exercer des compétences différentes d’une mission à une autre. Également, lorsqu’un prêtre change de mission, il change généralement de diocèse et découvre à cette occasion une nouvelle réalité ecclésiale. Plus profondément, quand on change de ministère, on se détache, et cela, en tant que prêtre nous aide à nous rappeler que nous n’exerçons pas notre ministère, mais le ministère du Christ, auquel nous participons. Finalement, la mobilité incarne notre recherche du Christ.
Quelle exigence ?
Lorsqu’un prêtre reçoit une nouvelle nomination, il change de communauté locale, il change de lieu, c’est un déménagement. Il change souvent de travail parce que précisément, les ministères sont très différents les uns des autres, et puis il change de famille aussi, ce n’est pas rien. Les gens ne le réalisent pas tout de suite, mais quand il y a un changement, il faut réapprendre à vivre ensemble, à travailler ensemble. Chaque mois de septembre, il y a tout un travail demandé à chacune des communautés locales qui ont perdu ou gagné un membre. C’est un gros travail de fraternité à chaque fois. Ces changements de membres sont décidés par la modération, mais ce sont les frères de la communauté qui les reçoivent. Néanmoins, on ne change pas toute la communauté, le frère va bénéficier d’une transition qu’assurent les autres frères autour de lui.
Comment la modération peut-elle accompagner ces changements ?
Les mutations sont faites beaucoup en discussion avec les intéressés évidemment, mais aussi en partie avec les communautés elles-mêmes, au moins avec les responsables locaux. Pour le cas particulier des nominations à l’étranger, nous nous basons sur le volontariat.
Qu’apporte la mobilité aux diocèses ?
Nos frères ont une expérience de plusieurs diocèses, ce qui est une richesse. Nous sommes toujours heureux de découvrir d’autres choses, mais probablement que nous apportons aussi de cette expérience à chacun des diocèses.
Nous pouvons adapter aussi le frère à la mission parce que les missions peuvent changer au sein d’une même communauté locale et donc une mutation, c’est l’occasion de mettre un frère qui sera encore plus adapté à la mission telle qu’elle a évolué.
Quelles difficultés la mobilité peut-elle poser aux fidèles ?
La mobilité peut être difficile à vivre pour les fidèles, car, et c’est tout naturel, ils s’attachent aux prêtres qu’ils côtoient parfois pendant près de dix ans. Cependant, on peut les aider à vivre ce détachement en les invitant aussi à réaliser que la mobilité permet de voir les diverses facettes incarnées par des prêtres différents et qui sont diverses facettes du Christ.
Si les fidèles sont affectés par les mutations, nous essayons de leur montrer qu’en réalité nos prêtres ne bougent pas plus en moyenne qu’un prêtre diocésain. Pourtant, deux phénomènes font que les fidèles ont l’impression que les prêtres de la Communauté Saint-Martin bougent davantage que les prêtres diocésains : lorsqu’un prêtre diocésain bouge, il bouge moins loin. Donc le prêtre et les fidèles peuvent se recroiser plus facilement que dans notre cas quand un prêtre bouge. De plus, il y a le fait que nous vivons en communauté donc les fidèles vivent ce changement à chaque fois qu’un des prêtres de la communauté locale change, donc ça donne l’impression de quatre fois plus de changement qu’avec un prêtre diocésain. Pourtant un même ministère dure approximativement trois ans pour un vicaire et six à neuf ans pour un curé.