La Dalmatique & Les Vêtements des Ministres de l’Autel

Ce travail est le fruit de l‘Ecole de Théologie de la Comunauté Saint Martin. Il s’agit d‘une présentation de la liturgie dans tous ses objets, ceux-ci étant utilisés par les prêtres lors des cérémonies religieuses. Cette présentation a aussi une dimension culturelle visant à promouvoir l’art sacré.

Origines

De la chasuble à la dalmatique — À Rome, dans les premiers siècles du christianisme, le pape, les prêtres et les diacres portaient indistinctement un vêtement ample, la « penula », ancêtre de notre chasuble. Les diacres se distinguaient seulement par le fait de la porter repliée ou roulée sur le devant, afin de dégager les bras pour permettre d’assister aisément l’évêque. Les sous-diacres ou les acolytes portaient plutôt la tunique, qui était la tenue des serviteurs dans le monde romain. Originaire de Dalmatie, province romaine de la côte orientale de l’Adriatique, la dalmatique fut en vogue à Rome dans les premiers siècles, au point de devenir un vêtement impérial et sénatorial. Elle était alors de couleur blanche, ornée de deux bandes de pourpre, les « clavi », placées horizontalement sur toute la longueur du vêtement (cf. ci-contre). Ce vêtement honorifique, porté d’abord par les papes, fut attribué par le pape saint Sylvestre (+ 335) aux diacres de Rome. Il deviendra le vêtement propre des évêques, en plus de la chasuble, et celui des diacres qui les assistent, pour les temps de fêtes. Pour cette raison, elle était uniquement de couleur blanche.

L’étole diaconale — Plus tard, on admit d’autres couleurs pour la dalmatique, hormis celles réservées aux temps pénitentiels durant lesquels on conserva, pour les diacres et les sous-diacres, l’usage de l’antique chasuble repliée. Pour la proclamation de l’épître et de l’Évangile, ils roulaient la chasuble  et la posaient sur l’épaule. C’est une origine possible de l’étole diaconale, portée jusqu’à aujourd’hui en bandoulière ou en sautoir.Celle-ci provient plus sûrement de l’« orarion »des diacres orientaux, longue bande de tissu précieux  croisée sur la poitrine et redescendant
jusqu’aux pieds (ci-contre), descendant elle-même du costume romain. Reconnu dès le IVème siècle en Orient comme insigne d’honneur du diacre, cet « orarion » deviendra habituel en Occident au VIIème siècle. À l’époque carolingienne, il prendra le nom de « stola », « robe », dont vient le mot « étole ». Par la suite, on appellera d’ailleurs « stolon » la chasuble pliée ou l’étole large portée par le diacre aux temps de pénitence. Celle-ci disparaîtra lors de la simplification du code des rubriques de 1960.
l est possible aussi que cet insigne antique, tant en Orient qu’en Occident, ne dérive simplement des deux bandes rouges originelles de la dalmatique, les « clavi ». Chrétien orant, portant une dalmatique Catacombes de Callixte, Rome. Des diacres et des sous-diacres, l’étole passa aux évêques, qui la portaient pendant autour du cou, de part et d’autre de la croix pectorale, et aux prêtres, qui la portaient croisée sur la poitrine pour manifester que seul l’évêque dispose de la plénitude du sacerdoce.

Le manipule — À ces vêtements vint s’ajouter, à Rome, le manipule. Descendant des mouchoirs de cérémonie des Romains (« sudarium», ou « mappula »), qui s’en servaient pour se protéger du soleil et s’essuyer la sueur du visage, le manipule,posé sur le poignet gauche, fut à l’origine propre au diacre,puis fut porté par l’évêque, le prêtre, le diacre et le sous-diacre mais à la Messe seulement. Au XIème s., il devint l’insigne propre du sous-diaconat.Depuis 1967, il n’est plus obligatoire et les dispositions de la liturgie nouvelle ne le mentionnent plus. Il est vrai que l’ordre antique du sous-diaconat,dont il était devenu l’insigne, a lui-même été abrogé dans l’Église latine en 1972.

La tunicelle et la dalmaticelle — L’évêque officiant pontificalement porte, sous sa chasuble, la dalmatique qui lui revenait en propre à l’origine. D’une facture plus légère
pour ne pas le surcharger, elle s’appelle la« dalmaticelle » ou « tunicelle ». Dans le passé,pour manifester qu’il assumait en plénitude tous les ordres sacrés (parmi lesquels on comptait alors le sous-diaconat), l’évêque portait sous sa chasuble à la fois l’une et l’autre, la dalmaticelle de l’ordre diaconal, et la tunicelle de l’ordre des sous-diacres. Cette dernière n’a plus lieu d’être aujourd’hui.

Description

Tous ces vêtements vont subir les atteintes du temps qui leur feront perdre quelque peu leurs nobles formes antiques. L’ajout de parements qui les rigidifient va aller de pair avec la réduction de leur taille. La dalmatique voit ses manches découpées au point de devenir deux plaques de parement pendant sur l’épaule du ministre. En théorie, la dalmatique se distingue de la tunique en étant plus longue, parée de deux« clavi », avec des manches courtes et larges.La tunique, au contraire, est moins longue, moins ornée, avec des manches étroites. Dans les faits,la tunique tendra à devenir une seconde dalmatique identique à celle du diacre.Le mouvement liturgique et son engouement pour le style monastique va permettre le retour aux formes antiques des vêtements liturgiques. La dalmatique retrouve sa coupe originelle (cf. ci-dessous).

Symbolisme

Le moyen-âge a conféré à ces vêtements diaconaux une signification mystique particulière : la dalmatique et la tunique représentent le vêtement du salut et de la joie du service divin ; l’étole, la robe de l’immortalité ; le manipule, la sueur et les larmes du serviteur qui moissonnera dans la joie.