La Chape

Histoire

La chape provient d’un manteau de voyage porté dans l’Antiquité, la paenula, qui servait à protéger de la pluie ; de là lui vient aussi son nom traditionnel de « pluvial ». Ce vêtement standard, d’une grande variété selon les régions et les époques, est à l’origine et de la chape et de la chasuble. Dérivée du mot paenula, la planète (pianeta, « chasuble » en italien moderne) consistait en une cape de toile ronde et fermée, enveloppant tout le corps, munie d’une ouverture pour la tête ainsi que d’un capuchon pour la protéger. Ce manteau très répandu dans le monde gréco-romain a été porté dès les débuts du christianisme comme vêtement ordinaire avant de se transformer et de s’adapter à un usage liturgique. Des bas-reliefs du IIIème s. montrent déjà des évêques revêtus de la chape. Au IVème s., des signes indiquent une évolution de la paenula vers ce que sera la chasuble, notamment avec la perte du capuchon. Du Vème au VIIIème s., différents termes désignent ce manteau qui prend des allures très différentes selon les régions. Ce n’est qu’au IXème s. (période carolingienne) que la chape est clairement identifiée dans sa différence avec la chasuble. Dans les monastères, certaines chapes sont désormais réservées au choeur pour un usage liturgique et ne servent plus comme vêtement d’extérieur. Au cours du moyen-âge, la chape est également une marque d’honneur et de distinction dans les cérémonies, tant pour les évêques que pour les rois, et surtout pour l’empereur. Très tôt, la chape a également servi à distinguer les chantres dans le choeur.

Description

La forme de la chape a peu varié : elle était originairement de forme conique, comme une petite tente. Le changement majeur consiste en l’ouverture antérieure. Ses deux bords sont désormais retenus par une agrafe, un fermail plus riche pour l’évêque, ou un simple bras de tissu. Mise à plat, elle forme un demi-cercle. La forme du chaperon, quant à elle, a été davantage objet de variation : c’était traditionnellement un capuchon bien distinct de la cape qui s’est réduit peu à peu jusqu’à n’être plus, au XIIIème s., qu’un petit triangle d’étoffe intégré à la chape. En un mouvement inverse, ce motif intégré à la chape s’est progressivement agrandi : au XIVème s., il est en forme d’écu et devient ensuite un rectangle terminé en accolade avant de former un demi cercle. Au XVIIIème s., il s’orne de broderies d’or, couvre le dos, déborde sur les épaules et descend à mi-corps.

Signification

Au-delà de son usage pratique, la chape a été vue, surtout à partir du IXème s. comme un symbole du vêtement d’immortalité dont sont revêtus les saints, dans la gloire. Elle manifeste la splendeur du Ciel et la gloire de la résurrection à venir. Pour cette raison, elle est particulièrement ornée. Cette dimension eschatologique est tout à fait en phase avec la liturgie des jours de fête. Par ailleurs, elle symbolise par son ampleur la largeur de la charité (Eph 3, 18).

Aujourd’hui

La chape est portée par l’officiant lors des processions, bénédictions solennelles, laudes ou vêpres solennelles. Dans les fonctions les plus solennelles, il peut être accompagné d’assistants-chapiers et de chantres-chapiers. Il peut également la porter pour des rites qui ouvrent certaines solennités et incluent une procession, comme par exemple la procession à la crèche de la Messe de la nuit de Noël, pour la bénédiction des cierges à la Chandeleur, ou celle des rameaux, le dimanche avant Pâques, pour la bénédiction du cierge pascal lors de la Vigile. Elle est requise en particulier toutes les fois que les ministres doivent officier à l’extérieur, retrouvant ici son origine. La chape peut aussi être portée pour solenniser certains actes liturgiques où le prêtre est d’ordinaire revêtu de l’étole pastorale (absoute lors des funérailles, baptême, mariage sans célébration de la Messe). Les chantres peuvent également être distingués par le port de la chape lors des Messes, processions et offices solennels.

Dans la forme extraordinaire du rite romain, elle est portée pour l’aspersion d’eau bénite avant la Grand-Messe.

Pour les curieux…

La chape de saint Martin, reste du fameux manteau partagé à la porte d’Amiens, a été la bannière de guerre des rois de France pendant six siècles. La tradition rapporte qu’elle aurait été à Poitiers en 732, et dans bien d’autres batailles victorieuses ! Les rois allaient la chercher en grande pompe au tombeau de saint Martin à Tours, gage assuré de victoire.