L’Etole, signe du fardeau léger du Christ Bon Pasteur

Ce travail est le fruit de l‘Ecole de Théologie de la Comunauté Saint Martin. Il s’agit d‘une présentation de la liturgie dans tous ses objets, ceux-ci étant utilisés par les prêtres lors des cérémonies religieuses. Cette présentation a aussi une dimension culturelle visant à promouvoir l’art sacré.

Origines

L’origine exacte de l’étole est discutée. Une chose est certaine : l’étole, comme de nombreux vêtements liturgiques, n’est en réalité que la forme stylisée d’un élément de l’habit de fête à la fin de l’empire romain ; un signe de dignité que l’on pouvait par exemple offrir à des personnages importants. Cet objet profane ne prend un usage liturgique qu’à partir du IVème s., dans la partie orientale de l’empire romain. Il est ensuite importé en Occident – d’abord en Espagne et en Gaule au VIème s. – avant d’apparaître à Rome au VIIIème s. Parallèlement à son utilisation liturgique, l’étole a conservé un usage honorifique jusqu’au XIème s. : tandis que les diacres ne pouvaient la porter que dans l’exercice de la liturgie, prêtres et évêques en faisaient un insigne permettant de les reconnaître comme tels lors de leurs déplacements, notamment la nuit ou lors de voyages. Les interrogations sur l’origine de l’étole sont largement liées à son étymologie. En effet, le terme traduit à la fois le grec orarion (latiniséen « orarium »), c’est-à-dire un linge qui servait à essuyer la bouche, à éponger la sueur ou les larmes, mais aussi le latin « stola », ayant le sens plus général de vêtement de dessus. Les deux termes, bien que différents, finirent par s’assimiler l’un à l’autre. La forte symbolique biblique du vêtement (cf. le fils prodigue revêtu de l’habit de fête ; la robe blanche des saints de l’Apocalypse etc.) a certainement joué en faveur de « stola » qui renvoyait plus directement à des termes tels que « vêtement », « parure » ou « robe » contenus dans l’Écriture. Citons par exemple ce verset du livre du Siracide dans lequel apparaît de façon très transparente la symbolique de l’étole : « Le joug de la Sagesse est une parure d’or, tu la porteras comme un vêtement de gloire » (Si 6, 30-31).

Description

L’étole est une bande d’étoffe d’environ 2 mètres 50 de longueur et de 8 à 15 centimètres de largeur. Tantôt rétrécie dans sa partie médiane et évasée à ses extrémités, tantôt uniformément étroite, elle est toujours ornée d’une croix en son milieu que le ministre peut embrasser avant de s’en revêtir. On trouve assez communément des étoles ayant des franges ou des glands à leurs extrémités. Plus rares et souvent plus anciennes sont les étoles décorées de broderies, de personnages ou même de plusieurs croix sur toute leur longueur. Une collerette est parfois cousue à l’encolure afin de préserver l’étoffe de la sueur du cou.

Signification

Deux symbolismes principaux sont attachés à l’étole. Ils proviennent non seulement de la forme du vêtement, mais également des différentes prières de vestition qui, au long de l’histoire, ont accompagné le port de l’étole. Le premier symbolisme voit dans l’étole le vêtement de l’immortalité qui avait été perdue par Adam et Ève avec le péché originel : porter l’étole signifie revêtir la justice du Christ qui purifie de la corruption du péché. L’étole est alors signe de joie et d’innocence. Le second symbolisme associe l’étole au joug du Seigneur : celui qui la revêt s’associe au service du Christ bon pasteur et porte avec lui son « fardeau léger » (cf. Mt 11, 30).

Aujourd’hui

D’une façon générale, l’étole sert aux ministres ordonnés, c’est-à-dire aux diacres, aux prêtres et aux évêques, qui la portent – sur l’aube ou le surplis – dans l’exercice des fonctions sacrées : célébration de la messe et administration des sacrements, bénédictions, processions solennelles, exposition du Saint- Sacrement, etc. On distingue néanmoins, selon le ministre qui la porte ou selon l’action à accomplir : – l’étole sacerdotale, qui accompagne la chasuble et qui sert au prêtre pour la célébration de la messe ; – l’étole d’administration, blanche d’un côté (pour l’eucharistie, l’exposition ou la bénédiction du Saint-Sacrement) et violette de l’autre (pour la confession et le sacrement des malades) ; – l’étole pastorale ou curiale reçoit son nom du fait qu’elle est spécifiquement portée par le curé. Ses deux pans sont tenus devant au moyen d’un cordon. Elle représente l’autorité pastorale du curé sur sa paroisse (cf. cidessous, le saint Curé d’Ars portant l’étole pastorale) La manière de porter l’étole a également varié au cours de l’histoire. Traditionnellement, l’étole diaconale se porte en sautoir, en travers de la poitrine, de l’épaule gauche au côté droit du corps où on la fixe à l’aide d’une cordelette. Lorsque le diacre revêt la dalmatique, il la porte par-dessus l’étole. Bien que les prêtres aient longtemps porté l’étole croisée sur la poitrine pour la célébration de la messe – à la différence des évêques – ils la portent aujourd’hui de la même manière que les évêques : autour du cou, en laissant retomber les deux extrémités devant la poitrine, où l’étole est liée par le cordon d’aube. Lorsqu’ils célèbrent la messe et les autres actions sacrées en lien direct avec la messe, prêtres et évêques portent l’étole sous la chasuble. A l’origine, l’étole était blanche et unie. Depuis le XVIème s., l’étole existe dans toutes les couleurs liturgiques. Pour la messe, elle est toujours assortie à la chasuble. Pour les autres fonctions qui la requièrent, la couleur est déterminée par le rite qu’il s’agit d’accomplir. Elle est par exemple blanche pour un baptême ou un mariage, ou encore violette pour le sacrement de pénitence, même si celui-ci peut être administré sans étole dans une église.