Le rapport à l’écran: une chance pour les jeunes pendant le confinement ?

Lundi 26 avril 2021

Alors que les jeunes reprennent les cours à distance, cette semaine, les éducateurs s’inquiètent des répercussions d’une telle situation, tant sur le moral des jeunes que sur leur attitude face aux écrans. Rencontre avec don Adrien, éducateur, qui est passé par l’internat de Pontlevoy.

Les séminaristes aussi passent du temps face aux écrans

Comment les jeunes que vous côtoyez ont-ils vécu cette année 2020, marquée en particulier par un confinement total et la suppression de nombreuses activités extra-scolaires ? 

La situation est compliquée ! Au-delà des incidences de cette situation en terme de fracture sociale et parfois de désertion scolaire pour certains jeunes, les nombreux confinements successifs sont aussi venus révéler nos addictions. Netflix, réseaux sociaux, pornographie… autant d’éléments qui, lorsque nous sommes privés d’activités sportives, sociales, extra-scolaires, nous obligent à nous recréer un semblant de vie sociale devant notre écran. Nous ne pouvons plus aller au cinéma ? Pas de problème, regardons Netflix ! Nous ne pouvons pas sortir avec nos amis ? Rejoignons-les sur Tik-Tok ou Snapchat ou Facebook ! Nous ne pouvons plus sortir en terrasse pour boire un verre ? organisons des apéros Zoom… Et en faisant cela, nous pensons échapper au réel, celui de notre solitude fondamentale dont l’écran serait un utopique palliatif.

Les élèves sont de plus en plus mobilisés pour apprendre à distance grâce à leurs écrans. Quelles conséquences pour eux ?  

L’apprentissage du numérique constitue certainement un atout pour leur insertion future dans la société. Mais les difficultés liées à une surconsommation des écrans créent de nouveaux problèmes, parmi lesquels j’ai notamment remarqué que :

– Nos jeunes ne sont pas si à l’aise que nous le pensons avec l’outil numérique et ne savent pas les utiliser correctement.

– Ils sont incapables de rendre un travail correctement dactylographié.

– Les familles nombreuses n’ont pu donner accès à un ordinateur autant de temps que le demandait l’école.

– Beaucoup de parents ont démissionné sur l’usage du téléphone en famille.

Finalement, nous découvrons que l’école est importante car elle permet des relations vraies avec des camarades et des professeurs et qu’un écran n’est qu’un intermédiaire entre deux réalités qui doivent un jour se rencontrer car l’homme est un « animal social » !

Quelles solutions préconisez-vous pour trouver un juste équilibre ?  

Il est important pour nos jeunes de veiller au maintien de la pratique du sport, ainsi qu’à la construction de relations de vraie proximité. Il faut aussi remonter à la racine du problème des écrans. Elle me semble être bien simple et sans doute un peu humiliante pour nous les adultes : nous sommes les premiers à avoir un problème avec les écrans et bien inconsciemment nous transmettons ce problème à nos jeunes par notre mauvais exemple. Or comment un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?

La question des écrans doit en particulier devenir une ascèse familiale. Ce n’est pas parce que nous sommes adultes que nous pouvons utiliser notre téléphone en permanence. Nous devons avoir des moments de déconnexion. L’exemplarité est essentielle en éducation et les adolescents sont très sensibles à la question de la justice ! Enfin, et cela est fondamental, dans tous les moments où les écrans sont autorisés, il faut faire confiance. C’est le point d’achoppement car sans confiance, pas d’éducation.