Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« AIME MOI ! »

Lectio divina pour la solennité du Sacré-Cœur
Os.11, 1-9 Eph. 3, 8…19 Jn.19, 31-37

Avec la célébration de la Fête-Dieu, le croyant bouclait pour ainsi dire la révélation du mystère de Dieu. De la Trinité à l’Eucharistie tout est contenu de Son Être, de Son Agir, de « Ses dits », de Son Amour qui se fait si « fortement faible » qu’Il arrive à se nicher dans les apparences du pain et du vin. Pour s’y cacher ? Non mais plutôt pour se montrer, s’y laisser adorer et se donner à manger. Tout le mystère de Dieu est dans le mystère du Christ et tout le mystère du Christ est dans le mystère de cette Eucharistie dont la célébration fut jadis donc si bien nommée « Fête-Dieu ».

 

Comprendre « la largeur, la hauteur, la profondeur » de l’Amour…

Et pourtant, nous n’avons pas hâte de retrouver le Temps Ordinaire ! Ne serait-il pas heureux, en effet, de célébrer l’Amour qui est à l’origine de cette Histoire sainte tissée par Dieu sur la toile de l’humanité ?

Mieux encore : n’est-il pas souhaitable, pour comprendre toujours mieux « la largeur, la hauteur, la profondeur » de cette Tendresse de Dieu envers Ses enfants, que nous contemplions le symbole visible de cet Amour si longtemps caché dans le mystère et mystérieusement dévoilé lorsque les temps furent accomplis ?

La Solennité du Sacré-Cœur propose à notre dévotion le siège visible, palpable, charnel et tout ce qu’il y a de plus humain d’un Amour que nul n’a vu et que seul le Fils pouvait nous faire connaître !

« Credo ut intelleges »

« Credo ut intelleges » : ici plus qu’ailleurs, nous laissons les arguties de la raison pour entrer dans l’inconnaissance de l’Amour.

L’épisode de l’évangile nous précise en effet qu’il faudra que ce Cœur soit percé pour qu’Il révèle ce qui Le fait battre ; tout en sachant, avec Paul, que le trésor qu’Il contient est d’une « richesse insondable » dont nul ne pourra venir à bout. Non seulement car l’amour a ses raisons que la raison ignore, mais parce que cet Amour là est parfait en même temps qu’infini.

Catherine de Sienne a bien perçu dans ses visions « la démesure de cet Amour de Jésus » qui ne se contenta pas de donner Sa vie, mais qui permit, comme pour aller au-delà des frontières du don total, que son Cœur s’ouvrit pour dévoiler « les multiples aspects de la sagesse de Dieu. »

Jésus fut à bonne école avec le Fiat de Sa Mère…

La démesure ne doit pas être prise au sens de l’immense, mais au sens du non-mesurable. Car dans ce Cœur de chair qui fut celui de l’homme Jésus siègent bien sûr des sentiments humains d’affection qui sont absolument parfaits. Sans aucune tâche, ni mesure, ni réserve.

Une oblation à l’exemple de ce que nous pouvons trouver dans le Cœur de Marie, par exemple. Jésus fut en effet à bonne école avec le Fiat de Sa Mère…

Mais cet Amour de Jésus fils de Marie rejoint également, dans une coïncidence absolue, l’Amour du Fils à la nature duquel le Christ est indissolublement uni dans Sa Personne. Autrement dit, Jésus exprime en terme d’humanité, visiblement palpable comme dira saint Jean, l’Amour divin et infini que le Verbe dans Son éternité bienheureuse exprime envers le Père.

Le Cœur de Jésus est donc Sacré car Il est le siège des sentiments parfaits du Fils de Marie qui adhèrent si totalement aux sentiments du Fils éternel qu’ils en sont le sacrement.

Le Cœur Sacré de Jésus est le sacrement de l’Amour infini…

Le Cœur Sacré de Jésus est bien le sacrement, signe efficace, de l’Amour infini que le Verbe, éternellement tourné vers le Père exprime à Celui-ci. Cet Amour donné et reçu de l’Une et l’Autre Personne, c’est l’Esprit. C’est pourquoi Jésus fut conçu de l’Esprit Saint : pour être à même de rejoindre librement dans Son cœur d’homme les sentiments d’éternelle action de grâce du Fils se recevant du Père.

Lorsque Jésus avoue à Ses apôtres que Sa nourriture est de faire la volonté de Son Père, Il ne dit pas autre chose. Le principe de Sa vie est l’Amour-Dieu, caché de toute éternité dans la vie intime de la Trinité et dont Il va devenir le sacrement. Pour le manifester aux hommes, pour montrer à Ses frères en humanité à quoi ils sont appelés.

En Jésus le baptisé est rendu apte à laisser en lui battre le Cœur du Fils

En écoutant battre le Cœur de Jésus, comme le fit le jeune saint Jean à la Cène, nous saisissons à quelle vocation nous sommes appelés. Car en Jésus, chaque baptisé est rendu apte, lui aussi, à laisser en lui battre le Cœur divin du Fils, à laisser en lui, comme en Jésus, l’Esprit pousser des gémissements d’affection vers le Père.

Oui, je suis appelé à crier avec cette Force d’Amour diffusée en mon cœur au Baptême : Abba ! Papa !

Célébrer le Sacré-Cœur de Jésus, c’est s’engager à suivre le Christ sur ce chemin de Vie, à remettre à chaque seconde, dans les mains du Père, l’Esprit qu’Il nous a confié pour pouvoir L’aimer comme des enfants !

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

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