La mobilité, un des fondamentaux des prêtres de Saint-Martin

Mardi 08 juin 2021

La « mobilité des prêtres » est un élément important de la Communauté Saint-Martin. Sa compréhension n’en demeure pas moins parfois délicate. Quel en est la signification ? Pourquoi un « plan de mutation » vient chaque année redessiner les affectations de tel ou tel prêtre, au même titre d’ailleurs que dans les diocèses ? Don Pascal, qui va lui-même passer cet été de Lourdes à Mulhouse, nous explique le sens de cette mobilité.

 

 

Don Pascal, qu’entend-on par « mobilité », quel sens lui donnez-vous au sein de la communauté ?

Il y a deux manières de l’appréhender. La première est de la voir comme un changement fréquent de situation et de mission. La seconde consiste à me rendre disponible, à servir là où l’on a besoin de moi, dans des diocèses différents. A la Communauté Saint-Martin, la moyenne d’une mission pour un prêtre est d’environ 6 ans, à peu près comme pour les prêtres séculiers d’ailleurs. Ce qui n’empêche absolument pas de s’enraciner là où nous sommes envoyés, de nous inculturer dans notre nouvelle mission.

Il y a un effet de mode dans notre société qui nous pousse au changement, et il peut y avoir du bon à cela. Mais il faut que cette mobilité reste un enrichissement, tant pour la paroisse servie que pour le prêtre. Dans le passé, il n’était pas rare qu’un prêtre reste longtemps dans une même paroisse. Ces longues missions présentaient certains avantages mais pouvaient courir divers risques et notamment celui de devenir indéboulonnable. Aujourd’hui, les jeunes ont tendance à avoir la bougeotte, au reflet de notre société. Et ce n’est pas forcément mauvais encore une fois ! Mais cela peut aussi se vivre au dépend d’un certain enracinement. Il est donc important de prendre en compte chaque réalité. Par exemple, un prêtre nouvellement ordonné aura peut-être besoin de découvrir diverses réalités dans son jeune sacerdoce, alors qu’un prêtre de 20 ou 30 ans d’expérience pourra avoir d’autres aspirations concernant la durée de ses missions. Finalement, il s’agit d’une question d’équilibre qui peut dépendre du prêtre, des besoins de la communauté St Martin, de ceux de la vie de l’Eglise et également de la culture dans laquelle nous vivons.

Stabilité et mobilité ne sont donc pas incompatibles ?

Non, elles sont même indispensables l’une et l’autre ! Si aujourd’hui la mobilité des prêtres reflète celle de la vie professionnelle de notre époque, cette dernière ne peut pas en être la seule inspiratrice. Une distance nécessaire s’impose vis-à-vis des coutumes contemporaines afin de puiser non pas dans la mode mais dans le sacerdoce lui-même les raisons et les motifs de notre compréhension de la mobilité du prêtre. Cela pose la question inévitable des sources d’inspiration du sacerdoce dans la façon de se déployer dans le temps ! Si la révélation s’est déployée dans le temps, si le Christ nous a rejoint dans notre histoire, l’évangélisation requiert de même, que le prêtre puisse rejoindre les hommes dans leur histoire et donc qu’il s’y inscrive et la partage. La paternité du prêtre nécessite un certain enracinement qui ne peut se faire sans le temps. « Ce qui se fait sans le temps ne tient pas le temps », disait saint Vincent de Paul. L’instantanéité dans laquelle sont enfermés beaucoup de nos contemporains et dans laquelle s’origine en grande partie notre mal être, doit pouvoir trouver une voie de réconciliation avec le temps et l’histoire dans la présence sacerdotale. L’enracinement temporel de la mission du prêtre peut apporter une réponse à ces difficultés manifestes et à s’inscrire dans sa propre histoire et celle de la société.

Comment vivez-vous vous-même cette nomination qui vous emmène de Lourdes à Mulhouse ?

Comme une réponse à la disponibilité dans laquelle nous sommes appelés en tant que prêtres au service de l’Eglise ! A la Communauté Saint-Martin, notre « terrain de jeu » est plus large que celui d’un prêtre diocésain puisque nous pouvons être envoyés n’importe où, en France et même à l’étranger. Cela signifie donc être prêts à être appelés dans des missions variées, aux contextes parfois très différents. Le plus important, c’est bien de prendre le temps de découvrir et de s’insérer dans la culture du diocèse qui nous accueille et que nous venons servir. Ces changements sont exigeants, mais aussi d’une grande richesse dans notre vie de prêtre, car ils favorisent une belle ouverture d’esprit, la découverte de nouveaux horizons… Les jeunes ont de plus en plus besoin aujourd’hui de ces opportunités de découvertes. En proposant des missions variées, la Communauté Saint-Martin offre ce qu’il y a de bon dans ces changements, tout en formant ses prêtres à être disponibles pour servir des réalités de l’Eglise culturellement variées. C’est finalement une façon de s’ouvrir à la dimension universelle de l’Eglise.