Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES COMME JE VOUS AI AIMES… »

Lectio divina pour le 11ème Dimanche Ordinaire
Ez.17, 22-24 2Cor.5, 6-10 Mc.4, 26-34

A la Pentecôte nous avons prévenu les chrétiens que le temps arrive non pas seulement de voir le Mystère pascal de Jésus et de le célébrer mais de se l’appliquer à nous-mêmes.

 

La vie du baptisé s’édifie par le Mystère pascal…

Or depuis la Pentecôte, nous avons d’abord célébré la Trinité. Nous avons essayé de nous évader de ce Mystère pascal en fêtant la Transcendance, la grandeur de Dieu et finalement nous sommes revenus au Mystère pascal puisque nous nous sommes replongés dans la vie de Jésus, la vie bien concrète, bien humaine de cette deuxième Personne de la Trinité qui est venue justement vivre et mourir pour nous permettre de rejoindre cette Trinité divine !

Puis nous avons célébré la fête du Corps et du Sang de Jésus, ce moyen qu’est l’Eucharistie et que Dieu nous a laissé pour rejoindre la Trinité ; et finalement nous sommes revenus encore au Mystère pascal puisque le Corps et le Sang de Jésus c’est Jésus mort et ressuscité pour nous, nous laissant Son corps pour nous en nourrir.

Enfin, il y a deux jours, nous avons célébré la solennité du Sacré-Cœur, cette grande fête mystique qui ne rappelle pas un mystère de l’histoire de Jésus, mais qui célèbre Son Amour ! Et nous sommes encore revenus au Mystère pascal puisque l’Amour de Jésus c’est de donner Sa vie pour nous.

Comme nous le voyons, chaque fois que nous essayons de sortir de ce Mystère pascal pour nous l’appliquer à nous-mêmes, nous y retombons, et de plus belle, que ce soit par la Trinité, par l’Eucharistie, par le Sacré-Cœur de Jésus…

S’appliquer le principe de la vie de Jésus qui est l’Amour !

Tout tourne dans notre Liturgie autour de cette mort et de cette résurrection de Jésus. Ce qui nous montre que la vie du baptisé est vraiment centrée et se construit tout autour de ce Mystère pascal, mystère de la mort et de la résurrection de notre Seigneur.

La mort et la résurrection de Jésus, c’est à la fois la cause de notre vie chrétienne, le moyen de notre vie chrétienne et la finalité de notre vie chrétienne.

Pour vivre avec Jésus, il faut mourir avec Lui, il faut s’oublier. Il faut donc vraiment s’appliquer ce mystère de la Pâque de Notre Seigneur !

Il faut donc s’appliquer le principe de la vie de Jésus qui est l’Amour : l’Amour de Son Père et l’Amour de Son prochain ; autrement dit : l’amour du prochain tout court avec le premier Prochain qui est Dieu et l’autre prochain que sont les hommes.

Il faut ‘user’ de cet Amour que Jésus nous a manifesté en donnant Sa vie et qu’Il nous donne par Sa grâce depuis le Baptême avec nos communions, avec nos confessions, cet Amour qu’Il nous donne pour appliquer dans nos vies Son mystère de Pâques c’est-à -dire le mystère de mort à nous-mêmes et de vie pour les autres !

Mettre le Christ dans notre cœur !

C’est ce que l’on a appelé, à une certaine époque, l’imitation de Jésus-Christ. Peut-être que certains d’entre vous ont encore en tête le titre de ce fameux livre écrit par un spirituel du XV° siècle, Thomas de Kempis : l’Imitation de Jésus-Christ. Cet ouvrage fut, avec la Bible, le livre de chevet de Thérèse de l’Enfant-Jésus, comme quoi on peut faire des grands saints avec des petits livres…

Bien entendu, il ne s’agit pas d’imiter extérieurement, comme des espèces de singes, la vie de Jésus. Il s’agit de mettre le Christ dans notre cœur.

Il s’agit de christianiser notre cœur. Il s’agit de rendre présent, comme l’Eucharistie rend présent le Sacrifice de la Croix de manière réelle, le Cœur de Jésus dans mon cœur.

Le cœur c’est le centre de ma vie. C’est du cœur que partent mes pensées, mes paroles, mes actions, mes gestes, mon sourire… Donc il faut que le Christ soit dans mon cœur pour que mes pensées, mes actions, mes paroles soient des pensées du Christ, soient des paroles de Jésus, soient des gestes de Notre Seigneur, donc des paroles de tendresse, des gestes de guérison, d’apaisement, des pensées de paix…

Nous lisons dans l’Evangile tout ce message de douceur, de miséricorde que Jésus nous a apporté… Voilà l’imitation de Jésus-Christ.

« Plaire au Seigneur. »

C’est d’ailleurs le mois de juin, le mois du Sacré-Cœur. Le mois du Sacré-Cœur cela ne consiste pas à rabâcher des litanies. Cela consiste à christianiser notre cœur, à faire de notre cœur une présence, dans le monde, du Cœur du Christ qui est plein d’un Amour sans limite. Voilà ce que saint Paul appelle « plaire au Seigneur. »

Comment plaisons-nous au Seigneur ? Nous le voyons aussi dans l’Evangile.

Nous plaisons à Jésus pas seulement en criant : Seigneur, Seigneur…, mais en pratiquant Ses commandements et tout particulièrement le commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c’est-à-dire en reproduisant en nous, partant du centre de notre cœur, la vie de Jésus, les pensées de Jésus, les gestes de Jésus, les paroles de Jésus… Plaire au Seigneur : quelle devise magnifique !

Plaire au Seigneur, c’est reproduire en nous la vie du Christ, c’est faire en sorte que ce petit rameau de Jessé, symbolisant la personne de Jésus, Être unique dans l’Histoire du monde, devienne le grand cèdre comme nous l’entendons dans la première lecture, ce cèdre immense avec de multiples branches… Et ces multiples branches, c’est nous.

Plaire au Seigneur, c’est reproduire Sa vie de manière à ce que Jésus soit partout dans le monde, dans nos familles, dans notre travail, dans notre vie de la cité, dans la vie de nos immeubles, de nos quartiers, dans la vie de notre paroisse…

Nous sommes appelés à être d’autres Christ !

Est-ce que nous sommes d’autres Christ ? Posons-nous la question, bien chers amis. Sommes-nous d’autres Christ ou sommes-nous des bûches ?

Non ! Nous ne sommes pas appelés à être des bûches, mais nous sommes appelés à être d’autres Christ !

Nous entendons dans l’évangile de ce dimanche les paraboles et les histoires, les comparaisons et les images que Jésus utilise pour parler du Royaume de Dieu. Il parle de ce petit grain de moutarde, tout petit, et qui va devenir grand, jusqu’à donner naissance à un arbrisseau avec beaucoup de branches. Cela aussi c’est l’image de l’Eglise. Le Christ est la  petite graine qui est tombée en terre pour mourir, pour s’oublier, pour donner Sa vie et qui donne naissance, en ressuscitant, à cet arbrisseau aux branches étendues et multiples  représentant l’Eglise !

L’Eglise est cet arbre si étendu que chaque passereau -comme dit Jésus dans l’Evangile-, qui représente les hommes et les femmes dans notre monde, chaque passereau peut venir s’y abriter.

En fait, nous ne venons pas nous abriter dans l’église du froid et de la pluie. Nous sommes véritablement à l’abri dans l’Eglise, nous venons nous nourrir dans l’Eglise. Nous venons nous nourrir de la Parole de Dieu, nous venons nous nourrir de l’Eucharistie, nous venons nous nourrir de la charité puis de l’amitié commune entre nous tous.

Façonner notre cœur à l’image du Cœur de Jésus…

Ce travail là, pour devenir l’arbre, pour fabriquer l’arbre de l’Eglise à partir de la racine de Jésus l’Unique, cela demande du temps et du travail, un travail profond qui n’est autre que la christianisation de notre cœur. Façonner notre cœur à l’image du Cœur de Jésus est un travail qui se fait dans le silence, dans l’attention à soi (car il faut être attentif à soi-même avant pour être attentif aux autres). Il faut être attentif à soi-même parce que dans soi-même il y a Dieu !

C’est un travail qui se fait donc dans le silence et c’est un travail qui se fait tout le temps, à chaque instant comme le dit Jésus dans Sa parabole : le semeur sort pour semer et le grain monte le jour et la nuit. Cela est normal puisqu’il s’agit de reproduire Jésus dans tous les actes de notre vie, puisque nous essayons de Le mettre à la racine de notre personne. Quoi que nous fassions, dira saint Paul, que nous dormions, que nous mangions, que nous travaillions, que nous nous reposions, « nous devons tout faire au nom du Seigneur. »

Tout faire au nom du Seigneur cela ne veut pas dire embêter les autres au nom du Christ. Nous sommes très forts pour ça ! Et cela donne les guerres de religion : on se tue au nom de Jésus.

Agir au nom de Jésus c’est agir comme Jésus. ‘Comme’, un mot qu’il faut se mettre dans la tête ou plutôt dans le cœur. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… »

Agir comme Jésus, c’est être bon. Bon : voilà le mot clé de l’Evangile !

Nous voulons savoir si nous sommes chrétiens ? Regardons si nous sommes bons. C’est la grâce que nous pouvons demander les uns pour les autres…

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

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