Intelligence Artificielle, une bonne nouvelle ?

Le 30 novembre dernier, le prototype d’agent conversationnel ChatGPT était lancé dans une version gratuite. Il a alors bénéficié d’une très large exposition médiatique, et suscité des réactions de tout type, notamment d’inquiétude devant ses performances effectivement saisissantes, comme si l’heure du remplacement de l’homme par la machine avait sonné. Mais pourquoi ne pas y voir, à l’inverse, une bonne nouvelle, et à un double titre ?

La première bonne nouvelle dont l’IA est porteuse est qu’elle manifeste une fois de plus les fascinantes capacités technologiques dont l’être humain sait faire preuve. Avant de voir dans l’IA ce qui permettrait à la machine de remplacer l’homme, il faudrait d’abord y voir la place unique de l’homme dans le cosmos, seul être capable de telles prouesses. L’intelligence artificielle, comme son nom l’indique, étant une « intelligence » produite par l’art de l’homme, elle est un des nombreux témoignages de l’intelligence de son auteur. Ne faut-il pas être naturellement intelligent au plus haut point pour parvenir à concevoir et à réaliser de tels dispositifs ? Comme l’écrivait Benoît XVI dans sa lettre encyclique Caritas in veritate (n. 69) : « La technique – il est bon de le souligner – est une réalité profondément humaine, liée à l’autonomie et à la liberté de l’homme. Elle exprime et affirme avec force la maîtrise de l’esprit sur la matière. L’esprit, rendu ainsi moins esclave des choses, peut facilement s’élever jusqu’à l’adoration et à la contemplation du Créateur ». Et si le Créateur de l’homme est adorable, sa créature qu’est l’homme est admirable, assez puissante pour créer des robots d’une telle puissance.

Mais ce n’est pas tout. La deuxième bonne nouvelle de l’IA est que, plus elle se développe, plus elle permet de prendre la mesure de la différence entre l’intelligence artificielle et l’esprit humain. Il est après tout très étonnant que tant de personnes aient peur de ce que, par exemple, ChatGPT rende leur travail inutile : c’est l’indice soit de ce qu’elles se font une idée très appauvrie du travail humain, soit de ce que le travail qui leur est demandé de faire est effectivement un travail déjà très appauvri. Toute personne qui s’est servi de ChatGPT se rend compte à la fois des progrès immenses réalisés par l’ingéniosité humaine, mais aussi de la différence abyssale existant entre le fonctionnement algorithmique et la vie de la pensée. Plus l’intelligence artificielle progressera, plus apparaîtra, par contraste, que la pensée est irréductible à un traitement de données, à une collecte d’informations, à un calcul, à un programme.

En 2023 est fêté le 400e anniversaire de Blaise Pascal. C’est un seul et même homme qui mit au point en 1645, à 22 ans, le prototype de la première machine à calculer et qui, dans les Pensées, écrivit sur l’esprit et la pensée de l’homme des vérités qui manifestaient clairement que la machine ne pourrait jamais concurrencer l’homme. Car une machine, précisément, ne pense pas. « Toute notre dignité consiste (…) en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale ». Et encore, cette fois-ci dans le fameux Mémorial, ces seuls mots : « Grandeur de l’âme humaine ».

Il est donc à souhaiter que l’intelligence artificielle, bien loin d’alimenter un complexe d’infériorité, contribue à faire sentir que l’être humain est un être pensant, réfléchissant, questionnant. Encore Pascal : « Pensée fait la grandeur de l’homme ». Est-ce que l’IA n’est pas une aubaine pour réveiller l’émerveillement devant cette grandeur ?

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