Journée de la vie consacrée : témoignage de don Gilles

Le 2 février, à l’occasion de la Présentation de Jésus au temple, l’Eglise célèbre la journée de la vie consacrée. Un des premiers membres de la Communauté Saint-Martin, don Gilles, revient sur sa consécration à Dieu au sein de sa vie sacerdotale. Témoignage.

Il m’a fallu du temps pour accepter de répondre à l’appel du Seigneur. Du temps et l’aide de nombreuses personnes : l’abbé Guérin qui accompagnait mon cheminement spirituel et qui devint ensuite le fondateur de la Communauté Saint-Martin, mes parents, mes frères et sœurs, un collègue de bureau…

Par le sacrement de l’Ordre, je me consacrai totalement au service du Christ et de l’Église et, grâce aux circonstances, je l’ai fait sans autre perspective que de servir l’Eglise là où elle pourrait avoir besoin de moi : serait-ce en Italie, à Gênes où j’ai été ordonné ? En Centre-Afrique où un évêque sollicitait des prêtres ? En France, peut-être, mais aucun évêque ne nous y appelait encore. Je rends grâce aujourd’hui au Seigneur qui, aidé de l’abbé Guérin, nous demandait la gratuité dans la consécration et nous enseignait la disponibilité…

Mais notre fondateur nous avait prévenus : « attention, jeune prêtre, on croit avoir tout donné et on n’a encore rien donné… » Sans qu’il n’y ait jamais eu, pour ma part, de remise en cause profonde de ma consécration, je me rends bien compte aujourd’hui que, chaque jour, je dois renouveler ma consécration au Seigneur pour lui être présent ; aussi bien dans ma relation à Lui dans la prière et les sacrements que dans ma relation aux autres. Chaque jour est un jour à donner au Seigneur. Et chaque jour peut être marqué de reprises plus ou moins subtiles, plus ou moins dangereuses.

La prière du prêtre et le service liturgique qui lui incombe, sont essentiels à sa consécration, pour la nourrir et la fortifier : cela reste le cœur de ma vie de prêtre. Mais c’est surtout dans la relation aux autres que, peu à peu, cette consécration a évolué. Le jeune prêtre que j’étais, risquait une certaine forme de cléricalisme. La vie, avec ses ombres et ses lumières, m’a appris à être avec mes ouailles et non au-dessus d’elles. Appelé à vivre le célibat consacré, la grâce sacerdotale m’a gardé dans la vigilance pour ne pas mettre en danger ce célibat. Mais j’ai aussi appris à vivre de façon prudente et féconde cette complémentarité que le Créateur a voulu dés l’origine entre l’homme et la femme. Attentif à priori aux brebis de la bergerie, j’ai appris aussi à regarder plus loin, vers les brebis errantes ou malades… Et ainsi, j’ai pu voir la grâce à l’œuvre dans mes frères : j’en rends grâce !

Et j’emprunte au Pape François la conclusion de son homélie du 2 février 2020 dans laquelle il invite à être comme le vieillard Siméon : « Chers frères et sœurs, remercions Dieu pour le don de la vie consacrée et demandons un regard nouveau, qui sache voir la grâce, qui sache chercher le prochain, qui sache espérer. Alors, nos yeux verront aussi le salut. »