Abbé Jean-François Guérin
1929 – 2005
Fondateur de la Communauté Saint-Martin
1929 – 2005
Fondateur de la Communauté Saint-Martin
25 juillet 1929 | Naissance à Loches |
9 mars 1930 | Baptême à Loches, collégiale Saint-Ours |
1949 | Entrée au séminaire de Versailles |
1953 – 1954 | Séminariste à Tours |
1954 – 1955 | Études à Rome |
29 juin 1955 | Ordination sacerdotale |
1956 – 1959 | Vicaire de la cathédrale de Tours |
1959 – 1965 | Aumônier des lycées Descartes et Balzac de Tours |
1965 | Départ de Tours |
1965 – 1966 | Ministère de confession à la Basilique du Sacré Cœur de Montmartre |
1965 – 1968 | Licence canonique de droit à l’Institut Catholique de Paris |
1968 – 1975 | Travail pour l’Œuvre d’Orient |
1976 | Arrivée à Voltri |
6 mai 1979 | Première reconnaissance canonique de la Communauté Saint-Martin comme « pieuse union » de droit diocésain |
13 décembre 1980 | Premières ordinations sacerdotales |
1984 | Première paroisse confiée à la Communauté : Bargemon |
2 mai 1989 | Mort du Cardinal Siri |
Juillet 1993 | Arrivée à Candé |
1er novembre 2000 | Approbation pontificale des statuts de la Communauté Saint-Martin |
28 février 2004 | Démission de sa fonction de Modérateur Général |
21 mai 2005 | Mort |
Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page.
Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com
Jean-François Guérin est né à Loches au cœur de la Touraine le 25 juillet 1929 d’Albert Guérin et de Camille Linard, charcutiers dans cette ville ; il est baptisé le 9 mars 1930 dans la collégiale Saint-Ours sous le prénom de Jean. C’est probablement à l’époque du séminaire qu’il choisira d’ajouter François à son prénom. Ses deux parents sont originaires d’Artannes-sur-Indre où il suit sa première scolarité. Jean-François Guérin est confirmé par Monseigneur Louis-Joseph Gaillard en l’église de Saché le 25 mai 1939. Comme c’est l’usage à l’époque, il quitte parfois la classe pour aider son curé aux enterrements. C’est dans cette église d’Artannes qu’il « fait ses communions ». On rapporte que la famille du petit Jean Guérin ne se réjouit pas beaucoup de le voir continuer à fréquenter assidûment l’église après ses communions. L’abbé Guérin restera toujours attaché à Artannes et à son église Saint-Maurice et c’est là qu’il célébrera sa première messe.
Quand Jean-François Guérin envisage plus sérieusement la vocation sacerdotale, il est domicilié dans le XIe arrondissement de Paris, chez sa mère. Dans le même bâtiment loge aussi la famille d’un vicaire général du diocèse de Versailles ; c’est donc à lui qu’il va s’ouvrir de son projet de vocation et ainsi s’orienter vers le séminaire de Versailles, en 1949, à vingt ans.
Mais la famille n’accepte pas le choix de ce fils unique. Son grand-père vend les bois et les vignes pour marquer sa désapprobation : ses terres ne reviendront pas à l’Église.
Voici donc Jean-François séminariste à Versailles. Les premières années de sa formation sont vraiment fondatrices pour lui : il ne reniera jamais cette formation dispensée par ses premiers maîtres sulpiciens. Elle est coupée par son temps de service militaire en Tunisie. C’est pendant ce temps que décède son père. Premier tournant dans son itinéraire : il décide de quitter Versailles pour revenir à Tours.
À l’automne 1954, Jean-François intègre le prestigieux Séminaire français de Rome et le 29 juin 1955 il est ordonné prêtre en la cathédrale Saint-Gatien par Mgr Gaillard. Le jeune prêtre est très fier d’être ordonné là même où saint Lidoire a édifié la première cathédrale, là même où Martin, son successeur, a été ordonné en 371, là même où a eu lieu la messe du globe de feu narrée par Sulpice Sévère.
L’abbé Guérin a beaucoup aimé son premier poste de vicaire à la cathédrale de Tours. En septembre 1959 il est nommé aumônier des lycées Descartes, Balzac et Grandmont à Tours où sa santé souffre un peu de l’intensité de son engagement auprès des jeunes. Souvent il les a emmené à Fontgombault, un monastère bénédictin qui a eu une importance centrale dans sa vie et son sacerdoce : il en devient oblat en 1961. En 1965 il est envoyé à Paris pour des études de droit canon.
Pendant ces études, il est aussi confesseur à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, où il sera inspiré par les intuitions ecclésiales et missionnaires de Monseigneur Charles, recteur de la Basilique, avec lequel se crée une amitié. Les études terminées, il devient délégué général de l’Œuvre d’Orient en 1968 et garde cette charge, qui consiste à recueillir des fonds pour aider les écoles, dispensaires et œuvres caritatives dans les paroisses de toute la France, jusqu’en 1975. Ce temps va lui donner une ample connaissance des diocèses et de nombreuses paroisses de France, mais aussi des chrétiens d’Orient par les pèlerinages qu’il entreprend.
Le ministère des confessions au Sacré-Cœur a un rôle décisif dans son itinéraire de prêtre et de fondateur de la Communauté : commençant avec un jeune dont il devient le directeur spirituel, se crée au cours des années un petit groupe qui entoure l’Abbé. En 1967 ils étaient une douzaine à se retrouver à la basilique de Montmartre pour une heure d’adoration silencieuse mensuelle. De ce silence est née l’idée d’une messe hebdomadaire en 1968. Elle est célébrée à la chapelle du Bon Secours, rue Notre-Dame-des-Champs, chapelle toute proche des bureaux de l’Œuvre d’Orient. L’abbé Guérin entend donner à ces jeunes gens une solide formation centrée sur la vie intérieure, la vie sacramentelle, sur le discernement des vocations, mariage, sacerdoce, vie religieuse.
Son action apostolique auprès de ce groupe comprendra aussi des camps – un mélange entre retraite et vacances, ce qui donne naissance aux futurs « Routes Saint-Martin ». Mais dans le temps de la réforme liturgique (en 1969 le Pape Paul VI promulgue l’Ordo Missae du nouveau rite – tel que nous le connaissons aujourd’hui) il leur transmet aussi sa docilité envers les décisions du Concile et du Pape, face à certains qui ne veulent rien entendre sur le nouveau rite proposé par le Pape Paul VI.
Le groupe de l’abbé Guérin se définit essentiellement par les adorations communes au Sacré-Cœur. Au fil des années, le groupe s’agrandit et la question d’un statut de ce groupe commence à se poser. Et l’abbé Guérin pressent une vocation plus large auprès de ces jeunes : à un d’entre eux, alors devenu moine à Fontgombault, il écrit : « Mon sacerdoce n’est plus tout à fait le même depuis que j’ai des fils et des filles engagés dans la vie monastique. Vous aurez été dans les premiers vrais fruits de mon apostolat parisien, celui glané à l’ombre des épreuves de mon ministère à Tours. Il ne faut pas regarder en arrière. Il faut m’aider maintenant à avancer encore et à faire avancer d’autres fils. »
Pour 1975 s’annonce la fin de la mission de l’abbé Guérin dans l’Œuvre d’Orient. C’est dans cette même période de sa vie qu’il voit poindre dans son groupe d’étudiants, après de nombreuses vocations contemplatives, le désir du ministère apostolique « pour le monde » .
« Peut-être attends-tu quelque chose de moi ? », demande-t-il alors au Seigneur. En attendant une réponse, il propose à deux jeunes du groupe un essai de vie commune, car le projet n’est pas de créer un séminaire mais une vie commune de prêtres. Pendant que chacun des deux continue alors son travail ou ses études, l’abbé Guérin vient chaque jour à la petite « coloc’ » pour célébrer la messe et prier l’office avec eux.
C’est encore en ces mêmes moments que l’abbé Guérin rencontre la prieure des Servantes des Pauvres de la maison de Paris, Mère Élodie. C’est le début d’une longue amitié, importante dans les débuts de la Communauté, car elle a « cru et persévéré avec nous lorsqu’il faisait parfois bien nuit dans nos commencements et nos atterrissages successifs… ».
En février 1976, le cardinal Siri, archevêque de Gênes et Dom Jean Roy, Père Abbé de Fontgombault, se rencontrent à Rome où ce dernier demande au cardinal s’il est possible d’accueillir des amis français à Gênes. L’accord est immédiat : les études au séminaire seront gratuites et un couvent capucin situé à dix-sept kilomètres du centre-ville sera mis à leur disposition. L’abbé Guérin – ne sachant encore rien sur ce projet – est ensuite contacté par Dom Roy : le cardinal demande à le rencontrer à Gênes !
Le 1er novembre 1976 est alors « ouverte » la Communauté Saint-Martin par un cours intensif en italien ; suivent les travaux à entreprendre au couvent de Voltri qui est en très mauvais état. Mais la petite communauté est aidée par de nombreux amis, particulièrement Mère Elodie. Au centre de toute la maison : l’oratoire ! L’abbé Guérin aimera toujours rappeler qu’il a été la première pièce aménagée de la maison.
Aux premiers temps de l’installation à Voltri, l’abbé Guérin va tous les quinze jours à Paris pour continuer à accompagner son groupe d’étudiants, mais une nouvelle charge pastorale rendra les voyages à Paris toujours plus rares : en 1978 le cardinal Siri décide de confier l’église du couvent à la Communauté. Il a une vision à la fois prudente et audacieuse sur la petite Communauté, qu’il exprimera à plusieurs reprises : « Il faut laisser mûrir l’expérience. La finalité est de fonder une œuvre sacerdotale pour la France ». En 1979 il décide d’ériger la Communauté en pieuse union de droit diocésain. Ce premier acte est décisif et conditionne toutes les reconnaissances canoniques ultérieures de la Communauté. C’est aussi le premier fruit depuis le départ de Paris ; grande fête à Voltri entre les amis italiens et ceux, nombreux, venus de France.
Le 13 décembre 1980 les deux premiers prêtres sont ordonnés et n’ont pas encore de ministère.
Toutefois, au printemps 1984, l’évêque de Fréjus-Toulon appelle la Communauté pour des paroisses du Haut-Var. Grande joie pour un fondateur : la Communauté est acceptée et demandée pour ce qu’elle est ! Le 7 octobre 1984, la Communauté Saint-Martin est installée dans sa première paroisse en France.
En mai 1987, alors qu’il vient de donner sa démission, le cardinal Siri nomme l’abbé Guérin chanoine d’honneur de sa cathédrale.
En 1991 la question d’un retour en France commence à se poser : le cardinal Siri est décédé en 1989 et avec les paroisses, l’activité de la Communauté se déplace toujours plus vers la France. Finalement, on décide de s’installer à Candé-sur-Beuvron. Les études seront assurées par les prêtres ayant obtenu les diplômes canoniques en toutes les matières, qui peuvent constituer, conformément aux normes romaines, un studium qui deviendra ensuite « École de théologie ».
Au moment du départ de Voltri en 1993, le cardinal Canestri approuve de nouveaux statuts pour la Communauté : elle est érigée en association publique cléricale et l’abbé Guérin est nommé Modérateur général.
Il s’engage pleinement dans la formation des séminaristes : tant aux origines de la Communauté Saint-Martin que dans son développement, l’abbé Guérin fut un remarquable formateur de prêtres et diacres. Il s’impliqua non seulement dans les grandes décisions, mais aussi en attachant une grande importance aux détails de la vie pour construire des personnalités fortes d’homme et de prêtre responsable. Pour lui, la formation humaine n’a rien à voir avec une théorie ou une vague idée ; elle s’incarne très concrètement dans les petites choses quotidiennes, y compris matérielles : savoir accueillir et recevoir, savoir tenir une maison, prendre soin des lieux de vie, de la chapelle à la cellule en passant par le réfectoire.
Dès le début, l’abbé Guérin s’y implique personnellement. Pendant les cours des séminaristes à Gênes, il assume une part importante du fonctionnement matériel de la maison, pour les repas par exemple. Cette exigence fait partie de l’éducation qu’il veut donner aux séminaristes ; cet ensemble donne le départ d’une dimension profondément familiale à la formation. En liturgie, l’amour de l’Eucharistie doit s’incarner dans le soin concret que les prêtres et futurs prêtres y portent. Pour l’abbé Guérin, le prêtre a aussi un métier qu’il doit apprendre minutieusement pour l’exercer avec exactitude et amour.
Le nouvel archevêque de Gênes incite l’abbé Guérin à lancer une demande de reconnaissance auprès de la Congrégation pour le Clergé. La reconnaissance, fruit d’un long processus de consultations canoniques, de tractations, de recommandations d’évêques et de visites à Rome, est signée le 1er novembre 2000 par le préfet de la Congrégation. La communauté est reconnue de droit pontifical et placée sous l’autorité déléguée de l’archevêque de Gênes – il continuera à incardiner prêtres et diacres jusqu’en 2008 ; l’évêque de Blois – alors Monseigneur Maurice de Germiny – est désigné comme évêque sous-délégué.
Dans les années qui suivent, les problèmes de santé de l’abbé Guérin s’aggravent et lui permettent toujours moins d’assurer sa charge. En février 2004 il démissionne.
Deux mois plus tard, sous la présidence de Mgr de Germiny, mandaté par la Congrégation pour le Clergé, don Jean-Marie Le Gall, jusqu’alors assistant de l’abbé Guérin, est élu Modérateur général de la communauté.
A l’aube du samedi 21 mai 2005, l’abbé Guérin décède. Les obsèques sont célébrées le 25 mai à la cathédrale de Blois. Il est enterré à Artannes, dans sa terre natale.
Le 18 juillet 2024, un communiqué faisant état des conclusions du rapport de la visite pastorale a révélé des faits reprochés par plusieurs anciens membres de la communauté à l’abbé Guérin. Nous entendons avec douleur la souffrance que certains ont pu exprimer auprès des visiteurs et allons effectuer courageusement ce travail de relecture qui permettra de faire évoluer cette page.
Afin de recueillir la parole des personnes qui souhaiteraient se manifester, vous pouvez contacter, au nom de Mgr Matthieu Dupont qui a été nommé assistant apostolique de la communauté, la Cellule d’écoute des diocèses des Pays-de-Loire à l’adresse suivante : paroledevictimespaysdeloire@gmail.com