Passer d’une culture de la concurrence à une culture de la gratitude

Les responsables des communautés de France, de Cuba et d’Allemagne étaient réunis les 8 et 9 février 2021 à Evron pour leur rencontre annuelle. L’occasion de faire un point, d’échanger des nouvelles, mais aussi de dialoguer avec deux évêques invités pour l’occasion : ceux de Blois et d’Arras.

Ancien évêque d’Amiens où il a appelé des prêtres de la Communauté Saint-Martin, Mgr Olivier Leborgne était notamment invité à dire comment il perçoit le charisme de la communauté, mais aussi de donner aux curés des conseils pour le gouvernement de leurs missions, dans un contexte bien particulier pour l’Eglise. Avec pour premier conseil, eu égard en particulier à la croissance de la communauté, celui de l’humilité. « Je leur ai dit : il y a une vraie dynamique au sein de votre communauté, vous avez un certain succès. Cela doit vous convoquer d’autant plus à l’humilité. »

Au cours d’un temps d’échanges avec les prêtres qui ont notamment abordé « le problème des générations » rencontré dans certains diocèses, l’évêque d’Arras les a invités « à passer d’une culture de la concurrence à une culture de la gratitude. » « Les anciens ont traversé les crises des années 70-80 et aujourd’hui on relit cette période avec des questionnements, mais n’empêche qu’ils nous ont transmis le Christ. Dans 30 ans on relira ce que vous vivez avec les mêmes questionnements. Nous sommes donnés les uns aux autres pour être l’Eglise que le Seigneur veut aujourd’hui, a insisté Mgr Leborgne. J’invite les anciens à rendre grâce pour les jeunes prêtres qui arrivent, et les plus jeunes à rendre grâce pour leurs anciens. C’est ensemble que nous sommes appelés à vivre l’Evangile. »

Evêque de Blois où la Communauté Saint-Martin a établi son premier séminaire à Candé-sur-Beuvron, Mgr Jean-Pierre Batut a pour sa part parlé « du rôle du prêtre dans la situation de crise sanitaire que nous vivons. » « Mon souci est de m’exprimer sur un certain nombre de défis de notre société contemporaine que les prêtres ont à relever et qui en déconcertent plus d’un », a souligné Mgr Batut, insistant également sur des perceptions différentes entre les générations. « Les plus anciens parce qu’ils ont été habitués à une position de l’Eglise très différente dans la société et les plus jeunes aussi parce que la tentation de repli sur soi peut être perçu comme une solution. Evidemment ce n’est pas cela que nous voulons faire, il nous faut accepter de faire face à un certain nombre de questions liées à la crise sanitaire, à la laïcisation, à des phénomènes socio-politiques en tous genres et de redire, dans ce contexte, la place de l’Eglise et la place des prêtres en particulier. »

Reconnaissants de ce que la Communauté Saint-Martin a pu apporter à leurs diocèses respectifs, les deux évêques ont insisté sur l’importance de ces rencontres, « qui sont aussi l’occasion de dire les choses en vérité, de rappeler le rôle des évêques au service desquels est la communauté, et de développer une connaissance mutuelle. Nous avons tous intérêt à nous rencontrer le plus possible ! » a conclu Mgr Batut.