Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« QUI CHERCHES-TU MARIE ?… »

Nous changeons totalement de décor, quittant le lieu public de la décharge du Golgotha face à Jérusalem, pour nous retrouver dans l’intimité du petit jardin qui lui est contigu.

« Je sais celui que vous cherchez, Jésus le crucifié. »

Remarquons la délicatesse de l’amour de ces femmes, amour qui dépasse la seule foi théologale pour s’épanouir en soif et en soins : en espérance de revoir Jésus, en charité toute maternelle pour aller Le laver, L’embaumer, Lui donner les derniers soins !

Quelle merveilleuse contemplation pouvons-nous faire ! Comme nous avons pu le faire devant le geste de Véronique lors du chemin de croix !

« Il n’est plus ici, il vous précède en Galilée. »

Eh bien, lorsqu’une âme recherche Jésus, c’est aussi beau que cela ! Et nous tous, nous recherchons aussi Jésus ! Même confinés et devant notre télévision qui retransmet la célébration, nous sommes venus chercher Jésus le crucifié !

Nous sommes venus rechercher Jésus le crucifié. Et l’ange nous répond comme il a répondu aux femmes : « Il n’est plus ici, il vous précède en Galilée. »

Notre vie ne s’arrête pas à la mort, nous le savons. Il en va de même de notre vie spirituelle : elle ne peut s’arrêter à la communion au Christ en Croix.

Car si nous communions au Christ, c’est au Christ total, mort et ressuscité, c’est au Christ vivant que nous communions ! Et au Christ vivant pour Dieu !

« Il est mort au péché »

Oui, nous avons eu raison de désirer d’abord communier à la mort de Jésus. Lorsque nous avons participé au chemin de croix, et à la Commémoration solennelle de la Passion, nous avons eu raison de déposer au pied de la Croix tel ou tel point de notre vie qui nous retient, incurvés sur nous-mêmes, qui nous retient loin du Père. Nous avons eu raison de vouloir mourir à nous-mêmes et mettre au tombeau la dépouille du vieil homme.

Mais si Jésus est mort, nous rappelle Paul, « il est mort au péché », c’est-à-dire qu’Il est mort pour vivre ! Pour vivre en plénitude dans Son humanité. C’est le mot qu’il faut retenir ce soir.

Jésus est mort pour vivre en plénitude dans Son humanité, pour Dieu ! Car en tant que Fils de Dieu, Il vit face à face, éternellement avec Son Père.

« Celui qui croit, même s’il meurt, vivra. »

Mais à cause même de Son humanité, la Résurrection de Jésus va transformer le monde ! Voici en effet que depuis cette sainte nuit pascale, (nuit du passage), c’est l’humanité, une humanité d’abord bien précise, bien particulière, celle de Jésus de Nazareth, qui entre dans le sein du Père.

Et cette humanité n’a comme mouvement de Vie éternelle, n’a comme battement éternel de son cœur, que le regard porté sur Dieu, que la contemplation du Père ! Sa seule raison d’être à cette humanité concrète (que Jean, les apôtres, et Madeleine ont touchée), Sa seule raison d’être dans l’éternité de Dieu, c’est de contempler le Père.

Lorsque Dieu s’incarne, Il ne change pas. Mais lorsque Jésus ressuscite, Il introduit dans le mystère de la Trinité un élément nouveau qui est l’humanité : la Sienne, et avec elle, la nôtre !

C’est ce mystère qu’il nous faut contempler ce soir : avec l’humanité de Jésus, c’est l’Humanité qui est introduite au Ciel !

« Là où je suis, là sera mon serviteur. »

Alors, nous qui avons cherché la communion au Christ, nous qui avons cherché à épouser Ses souffrances et à compatir à Ses douleurs -pas plus tard qu’hier-, nous nous sommes mis dans le même temps, en communion avec l’humanité ressuscitée et glorieuse du Christ. Nous nous sommes introduits, avec cette humanité de Jésus, dans l’Eternité de Dieu. Ou plutôt, nous avons été introduits dans le sein du Père, et notre cœur bat au rythme du Cœur de Jésus, car Son regard est le nôtre, Son désir de Dieu est le nôtre, Sa contemplation est la nôtre…

C’est la même puissance qui a ‘trans-formé’ Jésus du sépulcre vers le Ciel et qui nous ‘trans-forme’ en notre âme, c’est-à-dire qui nous fait passer d’une forme terrestre à une forme divine.

Oui, c’est la même puissance qui nous ‘trans-forme’ dans notre âme, effort après effort, carême après carême, Pâques après Pâques, pour faire de nous dès ici-bas, des hommes debout et des femmes debout à l’image de Marie et de Jean au pied de la Croix, des hommes et des femmes vivant pour Dieu, des hommes et des femmes ressuscités, des hommes et des femmes de lumière.

« Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu. »

« Pensez que vous êtes morts au péché pour vivre pour Dieu en Jésus-Christ », disait Paul, c’est-à-dire avec Dieu comme unique nécessaire, comme unique objet, en Jésus-Christ.

C’est la grâce que nous demandons en cette Vigile pascale que nous suivons à travers nos écrans : bien prendre conscience de cette communion à la présence lumineuse du Christ ressuscité en nous.

Pourquoi voudrions-nous compatir à Jésus souffrant ? Pourquoi voudrions-nous être unis au Christ douloureux sans vivre, en communion avec le Christ glorieux et ressuscité, avec cette humanité qui est assise à la droite du Père ?

Lumen Christi ! Deo gratias !

Descendons en nous-mêmes, allons dans ce jardin du sépulcre qui est notre jardin intérieur.

Cherchons-y Jésus comme Madeleine, cherchons-y Jésus Ressuscité, debout, tout entier tourné vers Son Père : dans Son corps (ce corps qu’Il fit toucher à Ses apôtres), dans Son corps à l’intérieur de mon corps, Jésus tourné tout entier vers Son Père ; dans Son âme à l’intérieur de mon âme.

Jésus tout entier tourné vers Son Père, comme nous le rappelle l’évangéliste Jean dans son Prologue en parlant du « Verbe tourné vers Dieu », dans Sa sensibilité à l’intérieur de mes fibres sensibles. Jésus a pleuré, nous nous en souvenons, à la résurrection de Lazare : Il aimait Lazare, Il a pleuré… Et ces larmes, ces fibres, cette sensibilité, sont ressuscitées, pour que nos fibres, pour que notre sensibilité, pour que nos larmes, pour que nos joies soient aussi des instruments de notre résurrection. Regardons Jésus, debout, lumineux, tourné vers Son Père dans Son cœur, comme Il est Lui-même ainsi dans mon cœur !

Lumen Christi ! Deo gratias !

Rendons grâce à Dieu pour cette Lumière qui est en nous et que la liturgie nous demande de contempler.

Le Christ est ressuscité ! Oui, Il est vraiment ressuscité !! En nous. Dans le jardin intérieur de notre cœur comme disait S. Augustin.

Allons Le chercher, et Il se dévoilera à nous comme Il l’a fait pour Marie-Madeleine : « Qui cherches-tu Marie ?… »

Oui, nous Le retrouverons, et avec Lui, nous pourrons repartir vers le Père.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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