Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour le dimanche de Pâques

« REGARDEZ-VOUS COMME VIVANTS POUR DIEU DANS LE CHRIST JESUS » !

La Résurrection est une victoire, mais ce n’est pas la victoire politique du parti des croyants contre le parti des athées. Nous ne devons pas ressortir de nos églises brandissant un drapeau et disant : – Regardez ! Nous avons raison, le Christ est ressuscité ! La victoire de la Résurrection telle qu’elle s’est passée effectivement dans une nuit discrète, sans tambour ni trompette, ne laissant que pour seul signe, – je ne dis pas preuve -, le tombeau vide, c’est la victoire à l’intérieur de notre cœur. C’est la victoire sur le Mal. C’est la victoire en moi-même de Jésus qui, à l’intérieur de mon cœur, ressuscite à la Vie, la Vie qui n’a donc plus de fin, la Vie qui n’est plus limitée par la mort. C’est la victoire en Jésus de l’homme nouveau sur le vieil homme.

« Recherchez donc les réalités d’en haut »

Il nous faut répondre à l’exhortation de Paul pour faire de cette Résurrection du Christ, effectivement, pour nous, un nouveau départ, un nouvel enfantement, une nouvelle croissance de l’homme nouveau. Nous l’avons demandé dans la collecte de cette messe : « Donne-nous la grâce que nous ressuscitions à la vie nouvelle de Jésus ton Fils Notre Seigneur. »

Paul nous le dit : « Vous êtes ressuscités, recherchez donc les réalités d’en haut ». Recherchez ces réalités qui vous sont nécessaires pour vivre cette Résurrection. Comprenons bien qu’il ne s’agit pas seulement de venir à la messe pascale pour accomplir un précepte ! Il s’agit de venir puiser dans cette messe pascale les forces vives de Jésus ressuscité pour que nous puissions vivre en tant que baptisés, configurés à ce même Jésus, pour que nous puissions vivre notre propre Résurrection. Il nous faut y rechercher ces réalités célestes, réalités de la Vie éternelle.

« Il vit et il crut »

« En haut » : au Ciel, c’est-à-dire finalement dans notre âme : le Ciel n’est-il pas dans notre âme depuis notre baptême, lorsque nous sommes en état de grâce ? La Vie de Dieu n’est-elle pas en nous lorsque nous recevons l’Eucharistie ? Lorsque nous ressortons du sacrement de Réconciliation ? Il nous faut donc nous appliquer à regarder à l’intérieur même de notre cœur cette présence du Christ victorieux.

Et si nous regardons le Christ victorieux dans notre âme, comment le voyons-nous ? Nous ne Le voyons pas brandir un étendard, vivre glorieusement la gloire de Sa Résurrection. Nous le voyons toujours discret, à la mesure même de Sa sainteté parfaite. Mais nous le voyons présent, nous interpellant chacun, chacune, comme Il le fera lundi prochain avec Marie Madeleine : « Marie – Rabbouni ! » La présence de Jésus est une présence discrète et personnelle à l’intérieur de notre cœur. « Le voilà, voilà le Maître, Il est là et Il t’appelle ».

C’est cette présence du Christ qu’il nous faut regarder. Il n’est que présent. Présent dans un monde nouveau présentant le monde nouveau qui est le monde de Dieu, le monde de la Vie. C’est le seul signe : plus de miracles, plus d’actes extraordinaires après la Résurrection, Il est là. Il est vivant. Et seule cette Vie désormais inattaquable par la mort est le signe d’un monde nouveau qui s’insère dans notre histoire, mais qui est au-dessus de l’histoire. C’est ce qu’a compris Jean lorsqu’il entre dans le tombeau : « Il vit et il crut. »

« Que votre vie soit cachée en Jésus pour Dieu »

Alors face à ce Christ qui se contente d’être dans notre cœur, présent d’une présence totale et pleine, d’une présence d’écoute, d’une présence d’Amour et de Vie, d’une présence divine, quel doit être notre témoignage à nous chrétiens, configurés à ce Jésus présent en nous ? Quel doit être notre témoignage de la Résurrection ?

Paul nous le dit : « Vous êtes morts avec le Christ, que votre vie soit cachée en Lui pour Dieu. » Notre vie, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus concret, de plus charnel, de plus quotidien, de plus humble : le travail, la famille, tous les devoirs d’état, c’est cette vie là que Dieu sanctifie, c’est cette vie là qu’Il veut. Et Il veut qu’elle soit cachée, immergée, qu’elle soit remplacée par la Vie du Christ. Que votre vie soit cachée en Lui, et que cette vie, cette vie qui n’est plus la nôtre, mais qui est la Sienne, soit véritablement la Vie de Dieu !

Lorsque nous ressortirons de la célébration pascale, nous devrons prendre cette résolution que cela ne soit plus notre vie qui soit visible, mais comme pour Jésus, que cela soit la Vie de Dieu présente en nous, et que nous soyons capables d’en être les témoins c’est-à-dire de La présenter au monde. C’est tout ce qu’Il nous demande. N’allons pas chercher plus loin. N’allons pas chercher la gloire des victoires humaines. Nous devons être, après notre communion pascale, pleins de ce monde de Dieu présent en nous par Jésus, et capables de présenter ce monde de Vie au monde de la mort.

« Il passait et Il faisait le bien »

Alors, me direz-vous, quelles sont les caractéristiques de ce monde nouveau ? Il y a si peu de témoignages de la vie de Jésus après Sa Résurrection ! Si Dieu a donné en plénitude à Son Fils de participer à ce monde de la Vie et de la Béatitude, à ce monde où il n’y a plus ni pleurs, ni larmes, ni souffrances, ni tristesse, c’est parce que dans Sa vie terrestre, jusqu’à Sa mort, le Fils a déjà vécu parfaitement cette vie du Père.

Nous devons donc revenir à la vie de Jésus avant Son mystère pascal, nous devons revenir à l’Evangile pour y découvrir les principes de ce monde nouveau que Jésus recevra en plénitude dans Sa Résurrection. Et comme nous le rappelle le livre des Actes que nous avons entendu dans la première lecture, la vie de Jésus se résume à cela : « Consacré par Dieu, Il passait et Il faisait le bien. »

Nous aussi, par notre baptême, renouvelé dans la Vigile Pascale, par notre communion pascale, nous sommes consacrés à Dieu par cette présence du Fils dans notre âme et nous devons passer par le monde, là où nous sommes, suivant nos responsabilités, passer dans le monde, y vivre sans nous y attacher, et faire le bien.

Prenons cette résolution de témoigner de la Résurrection de Jésus en témoignant de notre propre résurrection, de notre propre vie baptismale. N’est-ce pas là, finalement la seule preuve tangible, valable, qui interpellera nos frères que de voir effectivement Jésus vivant non pas dans la ligne de l’Evangile écrite sur du papier, non pas comme un principe de religion, de philosophie, mais vivant dans nos cœurs ? Le Christ est vraiment vivant parce que cet homme que je vois, je le vois qui passe dans le monde et qui fait le bien de son Maître et de son Sauveur…

« Aime et fais ce que tu veux ! »

Le Christ est ressuscité ! Pour le prouver au monde, il faut que nous vivions de Sa Vie, il faut que nous passions et que nous fassions le bien. Finalement, notre vie chrétienne se résume à cette maxime de Saint Augustin : Aime, sois bon, à l’exemple de ton Maître, – « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres », sois bon et fais ce que tu veux !

Mgr Jean-Marie Le Gall 

Aumônier catholique Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart

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