Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« GLOIRE À DIEU AU PLUS HAUT DES CIEUX ! »

Lectio divina pour la Solennité de Noël – Année B

Is. 62, 11-12 Tt. 3, 4-7 Lc. 2, 15-20

Pour ce Noël 2017, nous pouvons méditer sur cet hymne que l’Eglise chante tous les dimanches depuis les temps les plus anciens : l’hymne du Gloire à Dieu.

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux… »

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ! » Remarquons de suite que c’est le seul évènement de la vie de Jésus, (et le premier évènement dans l’histoire palestinienne du Christ) qui est ainsi rappelé sans cesse à l’occasion de l’Eucharistie dominicale, c’est à dire de l’action ecclésiale. D’où sûrement son importance !

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux… » ont chanté les anges. Ainsi chantent-ils tous les dimanches en nous accompagnant, dans leur liturgie céleste. Ainsi chantent-ils, mais aussi, et c’est le point qu’il faut souligner en ce jour de Noël, ils décrivent. Les anges, qui sont les envoyés de Dieu et porteurs de Son message, ne se contentent pas de chanter une mélodie : ils décrivent car ils sont avant tout témoins, se tenant devant la face de Dieu et voyant immédiatement les actions divines.

Il faut souligner ce rôle de témoignage et de description du peuple angélique devant la crèche et les bergers. Parce que dans notre monde une question se pose, et peut-être de manière encore plus forte en cette fin d’année 2017, c’est la question de la paix.

« … Et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ! »

Voilà que l’Eglise, qui rassemble plus d’un milliard de fidèles, chante tous les dimanches depuis 2000 ans cet hymne à la paix sans que pour autant la paix se réalise vraiment sur notre terre ! Soyons clairs : les guerres changent, mais finalement elles se ressemblent toutes. Les escalades de violence emploient des mots différents, les chantages politiques évoluent, les systèmes d’armement sont plus modernes, mais ce sont toujours des montées vers la violence, des recherches de conflits pour assurer la domination de telle ou telle puissance.

Alors finalement, pour nous chrétiens, bien au chaud dans notre église, que représente ce « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre » ? Quel sens a ce vœu que nous formulons tous les dimanches, et avec plus d’intensité en ce jour de Noël ?

Est-ce un vœu « pieu » ? C’est-à-dire un vœu immobile, qui n’aboutit pas, un simple vœu mondain et philanthropique, dans le style de nos : ‘bonne année, bonne santé’ que nous répandons à profusion sans même y penser ni écouter la réponse !? Ou est-ce un vœu pieux, c’est-à-dire un vœu religieux dans lequel Dieu a Sa place pour agir et gagner peu à peu, malgré notre mauvaise volonté, notre ténacité et nos nuques raides en faisant avancer une certaine paix dans le monde ?

« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! »

Revenons à cet hymne : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

Le mot essentiel est le et. Prenons l’exemple de Jésus parce que justement c’est Celui-ci que les anges nous demandent de regarder puisqu’ils Le décrivent : Jésus naissant, le Verbe de Dieu prenant chair et manifestant ainsi l’Amour de Dieu, Sa tendresse comme le rappelle Paul, rend gloire à Dieu Son Père.

C’est parce qu’Il donne la Paix au monde, en ce sens qu’Il réconcilie le monde de l’homme avec le monde de Dieu, que le Verbe rend gloire à Dieu Son Père : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Si l’on prête attention à ce Gloria in excelsis Deo que nous chantons trop par habitude, si nous sommes attentifs à ce lien entre les paroles, nous comprenons que c’est parce que le Christ accepte d’être le Germe de Justice et de Paix, parce qu’Il accepte de faire « la paix par le sang de sa croix » en réconciliant la terre et le Ciel, qu’Il glorifie Son Père ! La gloire de Dieu et la paix sur terre sont indissolublement liées ! Comme l’écrira Irénée de Lyon : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! »

« Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix ! »

Voilà ce que les anges nous décrivent. Ils ne se contentent pas de chanter une ritournelle en cantilène. Ils témoignent ! Alors nous, que devenons-nous faire ?

Eh bien, nous devons faire comme Jésus : « Je vous donne ma paix… »

C’est bien de demander la paix pour le monde ! C’est encore mieux de la donner ! Il nous faut être effectivement et pratiquement des porteurs de paix, des instruments de Sa Paix pour reprendre la belle formule de Saint François d’Assise : « Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix ! »

Alors, suivant l’exemple de Son Fils, nous rendrons gloire au Père car nous aurons porté du fruit, Son fruit, comme Son Fils : « Je vous donne ma paix… »

Jésus ne nous dit-Il pas que c’est en portant du fruit que nous rendons gloire au Père : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez du fruit. » Et le fruit par excellence qui vient de Dieu, c’est Sa Paix.

« L’amour de Dieu a été diffusé en nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné »

Lorsque nous sommes instrument de la paix qui vient de Dieu, nous portons du fruit comme le Seigneur attend de chacun. Cette paix, elle doit s’immiscer partout, dans toutes nos structures nationales et transnationales.

Il faut bien sûr envoyer des vivres, envoyer de l’argent, donner du temps, rendre service, être médiateur…  Mais il faut d’abord évangéliser notre paix pour qu’elle soit profonde, pour qu’elle corresponde à notre nature d’homme et de femme. La paix ne vient pas de l’ONU, elle vient d’abord de la Chaire de Pierre.

En un mot, pour apporter la paix et donner un fruit qui demeure, il nous faut vivre dans l’amour divin vis à vis du prochain. Il nous faut vivre dans l’agapè, cette « charité manifestée » au plus haut point par le Père dans Son Fils et qui nous est transmise depuis le baptême par le don de l’Esprit : « L’amour de Dieu a été diffusé en nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné » écrivait Paul aux Romains.

« Devenir un évangile vivant pour les hommes ! »

Il nous faut ‘transpirer’ la charité. Ce n’est pas facile, parce que nous sommes racornis, nous sommes vieillis avant l’âge, nous sommes durs comme une peau d’éléphant ou de rhinocéros… Nous sommes caparaçonnées derrière nos pauvres défenses humaines sociologiques, sociales, politiques, derrière des structures…

Il nous faut renverser la vapeur, nous servir de Jésus qui vient demeurer dans notre cœur le jour de Noël… Il nous faut désormais vivre avec Lui en nous, de Sa vie qui est en nous et doit devenir nôtre pour changer le monde avec Lui, avec Sa Vie qui a transformé le monde, qui a renversé toutes nos catégories humaines par Sa miséricorde, par Sa parole, par Sa vérité, par Son sens de l’homme !

Il faut nous servir de ce que nous avons ici dedans : Dieu est en nous pour agir, aimer, consoler, accompagner, guider et non pas pour dormir !

En ce jour de Noël, pour être véritablement des philanthropes au sens de Dieu, pour être des arbres qui donnent du fruit, pour être des gens utiles à notre civilisation dite chrétienne, qui doit combattre le mal sous toutes ses formes non pas tant par les armes et les canons que par l’exemple de l’évangile (on ne répond pas à la force par la force, ni au mal par le mal, ni à l’intolérance par l’intolérance), il faut suivre le chemin de Jésus. Il faut mettre en œuvre cette force dynamique qui est en nous, cette foi, cette espérance et cette charité, pour transpirer l’Evangile, pour devenir un évangile vivant pour les hommes selon la belle expression de Dom Guillerand.

« Une âme qui s’élève élève le monde ! »

Alors, si nous nous élevons, chacun à notre place, dans notre travail, dans notre foyer, petits ou grands, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, nous élèverons le monde selon l’expression d’Elisabeth Leseur ! Si nous nous établissons dans cette charité habituelle, nous serons véritablement porteurs de la paix de Jésus. Car Saint Paul nous le rappelle : un des fruits, et probablement le plus important, de la charité de Dieu, c’est à dire de mon union à Dieu, c’est la paix !

Demandons cette grâce pour que notre Noël ne soit pas enfermé dans nos joies égoïstes. Ceci n’est pas un discours politique, mais un discours évangélique.

Pour que nos joies ne soient pas uniquement causées par notre confort, nos biens, nos petites habitudes… Pour que Noël soit véritablement pour tous dans le monde un moment d’une plus grande joie, un moment d’une plus grande espérance de paix, et de bien-être minimum, pour que l’Eglise soit, par nous, l’instrument de l’évangile, de la Bonne Nouvelle du Salut, porteuse de la Paix divine.

Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart
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