Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« ETRE AVEC MARIE UNE PURE CAPACITE DE DIEU ET UNE NOURRITURE POUR LE MONDE ! »

Lectio divina pour le 4ème Dimanche de l’Avent Année C
Mi 5,1-4a He 10,5-10 Lc 1, 39-45.

Traditionnellement, le 4ème dimanche de l’Avent est consacré à Marie. Regardons et voyons si cela est un hasard ou s’il y a une raison profonde pour que nous célébrions Notre Dame après ces trois premiers dimanches, qui nous ont projeté dans l’esprit de l’attente de l’Ancien Testament, et juste avant le mystère de l’Incarnation.

L’Ancien Testament et Marie.

Avec la première lecture sur la prophétie de Bethléem, la précision historique de Luc (déjà remarquée lors du 2ème dimanche quand l’évangéliste nous décrivait le Précurseur) s’accentue. Nous aboutissons à un tout petit point de la géographie et de la politique de l’univers de cette époque, à ce hameau de quelques feux : Bethléem. Avec ce détail est signifié un aboutissement bien plus important qui est celui de l’histoire de l’homme. Et une histoire bien particulière : l’histoire de l’homme à la recherche de Dieu !

Une histoire qui n’est pas linéaire, une histoire qui se développe, et au cours de laquelle il va y avoir une transformation, un changement de mentalité par lequel nous allons passer de l’homme à la recherche de Dieu avec sa religiosité naturelle -le sentiment religieux- à l’homme en attente de Dieu qui doit venir selon la promesse de la Révélation !

Ce développement de l’histoire, cette évolution substantielle de mentalité, qui va aboutir à l’homme en attente de Dieu, a nécessité une préparation longue. C’est la lente pédagogie qu’est l’Ancien Testament, durant laquelle Dieu va façonner la mentalité de l’homme (à travers le peuple élu d’Israël) pour qu’il se prépare, non plus à monter lui-même dans les sphères abstraites de la mentalité religieuse, mais à recevoir Quelqu’un, ce qui est absolument différent !

« Réjouis-toi Marie, pleine de grâce… »

À la limite de cette préparation pédagogique, pour transformer la mentalité de l’homme et lui faire découvrir que ce n’est pas tant une recherche de Dieu qu’une attente de Dieu qui veut venir, il y a le saut définitif effectué soudain avec Marie qui, appartenant à l’Ancien Testament et rassemblant toute cette histoire humaine et cette évolution de l’esprit, va accomplir l’histoire jusqu’au bout et parfaitement : « Réjouis-toi Marie, pleine de grâce… »

Elle va accepter cette transformation fondamentale et, ce faisant, elle devient le type même de la personne qui ne part pas à la recherche d’un Dieu caché, mais reçoit ce Quelqu’un divin. Marie, dans son humble personne, frêle, petite, jeune, transforme en elle-même l’humanité en une pure capacité de Dieu. Oui, Marie, grâce à la virginité confiante de son cœur, devient le vase d’élection qui va recevoir Dieu dans le monde pour le faire fleurir jusqu’à la fin des temps : « Heureuse es-tu, toi qui as cru en la Parole qui te fut dite de la part du Seigneur. »

Voilà en quoi Marie est la merveille ultime de l’Ancien Testament, son parfait accomplissement, en qui Dieu va pouvoir descendre et Se reposer.

« Voici la servante du Seigneur… »

Ainsi, après les trois dimanches qui viennent de nous résumer en quelque sorte cette histoire, cette attente, cette transformante préparation, Marie précède immédiatement son Fils parce que Marie, accomplissement de l’Ancien Testament, devient par là la figure du Nouveau Testament et donc, également, la figure de Jésus.

Le dernier prophète est Jean-Baptiste, c’est vrai. En ce sens qu’il annonce la Parole. Mais la figure parfaite, la figure plénière, celle qui vit avant Jésus de l’esprit de Jésus, la parfaite figure, le parfait résumé de l’Ancien Testament qui prépare et qui annonce le nouveau, c’est Marie.

Jésus ne se définit-Il pas Lui-même comme Celui qui est pure capacité de Dieu parce qu’Il fait la volonté du Père ? « Tu n’as voulu ni holocauste, ni sacrifice, alors tu m’as façonné un corps, je dis voici, je viens… »

Fiat… Je suis le Serviteur qui deviendra le Serviteur Souffrant comme toi, ma mère, tu t’es définie toi-même comme la servante du Seigneur…

« Quel bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! »

Il y a un deuxième point de ressemblance, de figuration entre Marie et Jésus.

Marie, pure capacité de Dieu, va recevoir un Dieu personnel, Quelqu’un, le Sauveur, le Rédempteur, celui qui Se dit être la nourriture des hommes pour qu’ils aient la Vie Eternelle.

En ce sens, Marie est l’accomplissement humain, vivant, charnel de l’Ancien Testament en Bethléem ! Il y a deux Bethléem dans le monde : il y a la Bethléem géographique ; et puis, il y a la Bethléem vivante qui est Marie ! Cette Bethléem qui veut dire ‘la maison du Pain’ ! Marie est bien la véritable maison du pain, car c’est de son sein que surgira le Pain de Vie !

Donc, Marie est non seulement pure capacité de Dieu (en cela déjà figure de Jésus), mais Marie est aussi nourriture, celle qui donne et fortifie. C’est tout le sens du mystère de la Visitation que nous avons entendu dans l’Evangile : « Quel bonheur pour moi que la Mère de mon Seigneur, (celle qui donne, celle qui enfante, la genitrix de Dieu), quel bonheur pour moi que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! »

Dans ce deuxième aspect de la personnalité de Marie se trouve encore en figure la personne de Jésus. Jésus, pure capacité de Dieu, est Lui aussi nourriture. Et, la nourriture qu’Il donne, c’est Sa propre chair pour le salut du monde. Ce n’est plus, comme pour Marie, quelqu’un d’autre, Son fils ; c’est Lui-même :« Le pain que je donnerai, c’est ma chair. »

L’Eglise, nourriture du monde…

Alors, si Marie est Mère de Jésus, si Marie est figure du Christ, Marie devient automatiquement figure et mère de l’Eglise qui est le Corps de Jésus.

C’est pourquoi l’Eglise est appelée à se transformer peu à peu pour devenir vase d’élection à l’image de Marie sa Mère et son premier et plus éminent membre. La vocation de l’Eglise, sa vie, est de se transformer progressivement pour devenir elle aussi vase d’élection, pour recevoir Dieu présent dans l’Esprit Saint. Sa mission est d’être comme Marie, comme Jésus, nourriture pour le monde. L’Église est une nourriture, que l’on reçoit et que l’on mange, dont on se repaît pour entrer dans le pâturage de la Vie Eternelle.

Une résolution ? Se conformer à Marie

Alors, voyons notre résolution de cette semaine.

Pour être vraiment d’Église, nous les baptisés, il nous faut être comme Marie. Ce n’est pas impossible.

Jésus Lui-même nous donne Marie comme modèle lorsqu’Il dit « Ma mère, mes frères, mes sœurs, sont ceux qui font la volonté de mon Père. »

Et si Jésus nous donne Marie comme modèle, c’est qu’Il nous donne aussi la grâce pour nous conformer ainsi à Marie. Non pas pour faire de nous des êtres mièvres, fragiles au mauvais sens du mot, sans responsabilités, non… Il nous faut voir dans Marie la femme forte de l’Evangile, la Mère de Dieu, la Mère dans la foi, celle qui, dans le Nouveau Testament, assume comme le grand homme Abraham, la paternité dans la foi.

Alors, nous devons pendant les quelques jours qui nous séparent de Noël, essayer de nous conformer à Marie. C’est relativement simple.

À chaque pas de notre vie, à chaque moment où nous devons penser, prendre une décision, agir, nous nous mettons en face de Marie. Nous faisons comme les enfants lorsqu’on leur apprend au catéchisme, à régir un peu leur vie selon l’Évangile et nous nous posons cette question : Que penserait Marie ? Que dirait Marie ? Que ferait Marie devant tel ou tel événement ? C’est la résolution que nous devons prendre jusqu’à Noël.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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