Le 17 décembre : O Sapientia

O Sapiéntia quæ ex ore Altíssimi prodísti attíngens a fine usque ad finem fórtiter suáviter disponénsque ómnia  veni ad docéndum nos viam prudéntiæ.

O Sagesse issue de la bouche du Très-Haut, qui te déploies d’un bout du monde à l’autre et disposes toutes choses avec force et suavité: viens nous enseigner les voies de la prudence.

Les parallèles scripturaires de l’antienne :

O Sapiéntia quæ ex ore Altíssimi prodísti Ego ex ore Altissimi prodivi primogénita ante omnem creaturam        Eccli 24, 7

attíngens a fine usque ad finem fortiter suaviter disponénsque omnia Attingit a fine usque ad finem fortiter et disponit omnia suaviter         Sag 8, 1

 La Sagesse s’étend avec force d’un but du monde à l’autre, et elle gouverne l’univers pour son bien.

 veni ad docendum nos viam prudéntiæ. Cum quo iniit consilium et instruxit eum et docuit eum sémitam justitiæ et erudivit eum scientiam et viam prudentiæ ostendit illi?    Is 40, 14

Qui a-t-il consulté qui lui fasse comprendre, qui l’instruise dans les sentiers du jugement, qui lui enseigne la connaissance et lui fasse connaître la voie de l’intelligence?

Commentaire

O Sapientia quæ ex ore Altissimi prodisti

C’est le Verbe de Dieu, le Fils unique dès le principe auprès du Père que nous invoquons par ce premier cri liturgique, ecclésial: O Sapientia. O Sagesse, logos, Parole toute-puissante, dès l’éternité établie, avant les origines de la terre, qui sièges sur un trône royal.

Et nous percevons ici l’ombre du Père car ce Verbe qui était Dieu, était au principe face à Dieu. Comme une vapeur il couvre toute la terre, ce Verbe-Fils, émanation toute pure de la gloire du Tout-puissant. Il est issu aux jours anciens de l’éternité, avant l’étoile du matin, en la mystérieuse splendeur des saints.

Attingens a fine usque ad finem fortiter suaviter disponensque omnia

«Avec puissance la Sagesse atteint du principe à la fin ordonnant toutes choses avec bénignité», traduit la Bible Chrétienne.

La phrase précédente ex ore Altissimi prodisti évoquait la procession éternelle du Verbe, celle qu’illustrera magnifiquement l’antienne des Vêpres de Noël Tecum principium, «A toi le pouvoir souverain au jour de ta puissance, dans les splendeurs du sanctuaire; de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.» A présent est évoquée la course de son Incarnation, comme au Psaume 18: «A la limite des cieux il a son lever et sa course atteint à l’autre limite.» Reflet de la lumière éternelle,

Il est venu dans le monde. Sa course embrasse l’univers, course indicible de l’infini qui vient toucher les limites du fini.

Roi pacifique, il dispose toutes choses avec force et suavité: tel est le signe de son royaume de paix.

Veni ad docendum nos viam prudentiæ.

A ce Dieu éternel, créateur des extrémités de la terre, nous osons dire: instruis-moi des mystères de tes voies. Et cependant n’est-ce-pas elle, la Sagesse, qui nous interpelle, postée au croisement des chemins? La Sagesse n’appelle-t-elle pas, l’intelligence n’élève-t-elle pas la voix? Nous l’invoquons: O Sapientia… veni! Esprit intelligent, saint, unique, multiple, subtil… pénétrant… bienfaisant, trésor inépuisable et caché, toi dont j’ai aimé la beauté dès ma jeunesse.

Et c’est elle qui nous attire: «Venez à moi vous qui me désirez et rassasiez-vous de mes produits. Car mon souvenir est plus doux que le miel, mon héritage plus doux qu’un rayon de miel.»

Ce don de suavité va nous apparaître bientôt à Bethléem, dans la crèche, sous les traits d’un tout petit enfant doré et doux comme un rayon de miel.