Votre espérance tient bon en Jésus-Christ

« La plus haute forme de l’espérance, c’est le désespoir surmonté » écrivait justement Bernanos. C’est par cette vision pragmatique et optimiste que nous pouvons entrer dans le mystère de l’espérance. Le Catéchisme de l’Église Catholique explique ainsi l’espérance au numéro 1818 : « La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme (…) ; elle protège du découragement (…) ; elle dilate le cœur dans l’attente de la béatitude éternelle. » 

L’espérance « qui tient bon » comporte donc trois éléments essentiels à la vie chrétienne sans lesquels elle ne peut exister : la promesse, l’épreuve et la récompense.  

Le temps de la promesse 

L’espérance est avant tout la vertu du désir de l’homme qui tend vers quelque chose. Nous avons bien des désirs, mais S. Augustin le dit : « Au fond du cœur nous avons un désir immense qu’il faut pourtant encore élargir pour accueillir ce que Dieu veut donner. » Voilà donc ce qu’est la promesse : le fait qu’au fond de notre cœur existe un désir qui l’élargit. Désir de bonheur, désir d’être avec Dieu inscrit par lui en nous : l’espérance devient alors le déploiement de ce désir dans tout notre être. 

La promesse est l’affaire des « Bienheureux ». Dans la Bible, Dieu proclame heureux celui qui se fie à sa promesse et fait de sa vie une réponse d’amour à cette parole. Le Psaume 1 qui ouvre tout le Psautier en témoigne1, comme l’exemple de la Vierge Marie : « Heureuse celle qui a cru » à la promesse qui lui a été faite !

Le temps de l’épreuve 

L’espérance est la vertu de la vie concrète, qui prend en compte la totalité de l’existence humaine, avec le lot d’épreuves qu’elle comporte. Qu’est-ce que l’épreuve ?

Une réalité parfois bénéfique parce qu’elle allège du superflu et rend le coeur humain plus authentique et vivant : « Éprouve-moi, Seigneur, et tu connaîtras mon coeur » (Ps 138, 23). Mais parfois, elle constitue un réel obstacle qui engendre la révolte ou rejet. « L’épreuve » est donc ambivalente, mais plus riche que le « problème » qui n’exige qu’une solution souvent instantanée et sans transformation intérieure. On ne traverse pas un problème, on le résout ou on s’y arrête alors que l’épreuve est le lieu du combat contre le désespoir. Dans la vie ordinaire, tous ont un rapport différent à l’épreuve, et l’enjeu est de consentir à une conversion intérieure pour s’engager et traverser la mer Rouge. En effet, une crise n’est pas une science exacte : personnelle, parfois communautaire, on y avance avec sa propre expérience, son rythme, ses résistances. Mais dans la crise jaillit aussi « ce cœur attentif » (1 R 3, 9) qui consent à cet appel pressant : « Passons sur l’autre rive » (Mc 4, 35). L’épreuve montre donc que l’espérance ne peut se confondre avec une réussite simplement temporelle, puisqu’elle est, au cœur de la vie, un temps dans et par lequel Dieu nous purifie et élargit nos cœurs.

Le temps de la récompense 

C’est le « car ils » des Béatitudes. L’espérance appelle la récompense, qui n’est rien d’autre ici-bas que l’œuvre de Dieu en nous et à travers nous : la grâce. La grâce est le commencement de la vie de la gloire en nous : ce que l’on vivra pleinement au Ciel en goûtant en plénitude notre récompense, Dieu l’anticipe pour nous aujourd’hui par le bien qu’il cause en nous et avec nous. Les Béatitudes nous montrent un chemin singulier : puisque l’être humain a fondamentalement besoin de reconnaissance, le couronnement devient le juste accomplissement de l’espérance vécue ici-bas dans la promesse initiale. L’exemple d’Abraham en témoigne : la promesse de paternité initiale s’est accomplie au centuple, puisqu’il est devenu père de tous les croyants par sa foi. De même, la promesse de bonheur que Dieu nous fait trouvera son achèvement dans la gloire. 

La charte évangélique des Béatitudes trace donc un itinéraire d’espérance pour tout chrétien, de la promesse à la récompense. Itinéraire paradoxal, marqué par l’épreuve et la certitude du bonheur. Itinéraire mêlé, à l’image de nos vies humaines. L’espérance est donc par excellence la vertu qui nous fait cheminer vers le Royaume. 

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