« La prière en dix leçons », « le KT pour les nuls », « La Trinité en 3 minutes » … Tels sont des titres de vidéos que l’on voit circuler sur internet. Cet engouement pour la formation catéchétique montre à quel point les chrétiens ont soif de mieux connaître leur foi pour mieux en parler autour d’eux et on ne peut que s’en réjouir. Mais il ne faudrait toutefois pas réduire la foi à une connaissance intellectuelle. Il ne faudrait pas que chacun se dise intérieurement : je pense donc je crois. Il serait illusoire de penser que la foi est le fruit d’un raisonnement.
La foi, avant tout une relation
La foi n’est pas d’abord un programme idéologique auquel j’adhère intellectuellement mais une promesse de relation qui bouleverse une vie. L’appel des premiers apôtres en témoigne. Prenons l’exemple de saint André (Mt 4, 18-22). Alors qu’il est en train de pêcher, Jésus lui propose de le suivre. Saint André ne choisit pas de suivre Jésus comme on choisit de suivre un influenceur chrétien sur les réseaux parce que ses vidéos nous séduisent. C’est bien plutôt Jésus qui est à l’initiative de la relation. Saint André répond oui à cet appel, non pas parce que les idées religieuses de Jésus lui plaisent mais bien plutôt parce qu’il lui fait confiance. On voit alors se dégager un point fondamental de la foi chrétienne : la foi n’est pas une adhésion à une doctrine mais une offre de relation avec le Fils de Dieu qui est à renouveler chaque jour. Ce n’est pas tant un « savoir » qu’un « être avec le Christ ».

La foi a besoin de la raison
Néanmoins, si la foi n’est pas le fruit d’un raisonnement, elle pousse au raisonnement. Pour deux raisons. Tout d’abord, pour croire nous avons besoin d’avoir des raisons de croire. Nous ne pouvons pas croire à volonté. Pour que notre intelligence puisse adhérer à un énoncé affirmatif tel que « Jésus est vrai Dieu et vrai Homme », il faut nécessairement qu’elle ait des raisons objectives qui viennent l’aider à adhérer à cet énoncé. C’est dans ce cadre-là que les cours de théologie en ligne trouvent toute leur place. Nous en avons bien entendu besoin pour pouvoir renforcer notre foi. Un simple élan sentimental ou émotionnel au cours d’une veillée d’adoration ne saurait suffire.
La foi stimule la raison
La seconde raison est que la foi est un puissant stimulant pour notre intelligence. On pourrait même dire qu’elle est un produit dopant l’intelligence. La foi accule la raison à donner des réponses aux questions qu’elle lui pose. Par exemple, la foi nous dit que l’altérité homme-femme est une chose très bonne. Dieu crée l’homme et la femme le sixième jour et trouve cela très bon. (cf. Gn 1, 31 : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour. »). Alors même que notre société actuelle doute très fortement de la bonté de cette altérité, la foi dit à l’intelligence : « c’est bien par ici qu’il faut creuser parce que je sais qu’il y a un immense trésor, mais je ne peux pas creuser à ta place. » La foi fixe le cap à suivre et c’est à notre intelligence d’apporter les arguments intelligibles pour comprendre en quoi cette altérité est très bonne. C’est ici que nous comprenons la très grande valeur du travail théologique.
Foi et charité : un élan vers Dieu
En résumé, nous pouvons dire que la foi est un don que nous recevons au baptême et qui nous permet d’adhérer à la personne du Christ. Newman rappelle ainsi qu’il y a un lien fort entre la charité et la foi : « Nous croyons, parce que nous aimons. » Et cette adhésion vient en retour stimuler notre raison, nous l’avons vu. Comme le dit très poétiquement saint Thomas, la foi « emporte notre raison au-delà de ce que nous pouvons atteindre par nous-mêmes, la foi est faite pour acclimater notre esprit aux secrets de Dieu » (Somme de Théologie, II-IIae, q.2, a.3). Entrer dans le secret de Dieu c’est découvrir le mystère de Dieu, de l’homme et de la vie.

