La mission d’aumônier militaire

« Padre, demain vous serez dans le Charlie 5, préparez votre gaine ! »

L’aumônier c’est d’abord l’homme de Dieu qui accompagne spirituellement les hommes de guerre. Une écoute, un regard bienveillant et une parole encourageante donne de la joie et du réconfort dans ces moments difficiles.

Le chef d’avion me donne les éléments pour le saut. La gaine est une housse permettant au sac à dos d’être fixé au harnais du parachute. Elle contient le matériel nécessaire à la mission et pour l’aumônier, ce dont il a besoin pour célébrer les sacrements. Ensuite vient la longue attente de l’avion, l’embarquement et le saut.

L’un des premiers rôles de l’aumônier militaire est d’accueillir l’incertitude en accompagnant les soldats sur le terrain. Cette présence visible du « Padre », comme l’appelle simplement les militaires, est au cœur de sa mission. Il devient un frère d’armes en partageant la vie du soldat. L’aumônier c’est d’abord l’homme de Dieu qui accompagne spirituellement les hommes de guerre.

Un jour en opération au Sahel, un soldat vient me trouver : un membre de sa famille vient de mourir. Très affecté par ce décès, le soldat ajoute : « Vous savez Padre, je ne suis pas chrétien ». Je lui propose néanmoins un temps de prière et nous nous retrouvons le soir tous les deux dans la petite chapelle devant la croix pour confier au Seigneur sa peine et l’âme du défunt.

Un autre rôle de l’aumônier est en effet le soutien humain, moral et spirituel, pour tous quelles que soient leurs convictions. Tous sont ou pourront être confrontés dans leur métier à des situations de péril, de détresse voire de mort brutale infligée ou reçue. Une écoute, un regard bienveillant et une parole encourageante donnent de la joie et du réconfort dans ces moments difficiles. L’aumônier n’a pas de grade hiérarchique et a ainsi une plus grande facilité, simplicité et liberté de contact avec chacun et cela quel que soit l’échelon de la hiérarchie.

Par sa proximité de vie avec les soldats, l’aumônier est plus accessible à tous. « Padre est-ce que vous pouvez marier ? Ma femme et moi avons décidé de nous marier religieusement, on aimerait bien que ça soit vous ». Cette demande d’un militaire après un exercice me fait sourire… Oui, bien évidemment que je peux le faire ! L’exercice du culte : c’est une des prérogatives du Padre. D’ailleurs dans les armées les quatre cultes sont représentés afin de répondre aux demandes des différentes confessions. En tant qu’aumônier militaire, je suis d’abord là pour tous les soldats dont j’ai la charge d’âme, que ce soit dans un régiment ou pendant une OPEX (opération extérieure).

Le troisième privilège de l’aumônier est de célébrer les sacrements. Parmi eux, la messe célébrée en OPEX est toujours un moment émouvant et pacifiant autour du Christ. Elle l’est aussi lors des fêtes d’armes. Celle de saint Michel me marque particulièrement. Le régiment est alors rassemblé et les voix graves entonnent la Prière du para…
« Donnez-moi mon Dieu, ce qu’il vous reste,
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas,
Mais donnez-moi aussi le courage et la force et la foi »

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