Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

POUR QUE MA JOIE SOIT EN VOUS ET QU’ELLE SOIT COMPLETE !

Lectio divina pour le troisième dimanche de Pâques

Dans la Collecte du troisième dimanche de Pâques nous demandons au Seigneur de nous garder dans la joie. Car comment pourrions-nous, de nous-mêmes, garder en notre cœur la joie de la Résurrection alors que nous entendons le récit johannique de l’ultime apparition de Jésus et que nous nous acheminons vers le mystère de l’Ascension, c’est-à-dire vers le départ du Sauveur ?

L’Esprit, Milieu vivant qui fait battre le cœur humain au rythme de Dieu

Regardons d’ailleurs les apôtres qui, pressentant ce départ de Jésus, s’accrochent au Maître, à la manière de Marie-Madeleine le jour de la Résurrection ! « Ne me retiens pas… » lui dira Jésus, car il est possible, malgré le départ de Jésus, de rester dans la joie et c’est l’enseignement de ce dimanche.

Parce que le départ de Jésus va provoquer, comme Il le dit Lui-même, la venue de l’Esprit Consolateur. Le départ de Jésus va nous faire entrer dans une nouvelle économie qui est l’économie de l’Eglise, dont l’âme, la vie est justement cet Esprit Saint, cet Esprit d’Amour, ce Don qui console. Et c’est parce que je me situe dans l’Eglise, parce que j’appartiens à ce Milieu vivant qui est l’Esprit de Jésus, qui est la Lumière amoureuse de Dieu, qui est l’Amour parfait qui relie le Père et le Fils, et dont Pierre va être le dispensateur à travers les sacrements, c’est parce que je me situe dans cette Eglise que la présence du Christ pour moi va se multiplier.

« Nous et l’Esprit Saint nous en sommes témoins… »

Tel est l’enseignement de l’Evangile que nous entendons dimanche. Nous sommes en effet après la Résurrection, déjà en plein cœur de l’Eglise, dans ce milieu vivant formé par les apôtres (les colonnes) et surtout l’Esprit Saint qui vient de leur être donné. Nous nous situons dans l’Eglise et nous vivons en même temps dans les activités les plus concrètes de la vie quotidienne : les apôtres vont à la pêche…

Voilà que quelqu’un apparaît sur le rivage et « ils ne savent pas que c’est le Seigneur ». Cette personne demande quelque chose à manger. Quoi de plus simple ! Remplis de cet Esprit qu’ils viennent de recevoir, remplis de zèle, remplis de charité, remplis de foi, les apôtres vont obtempérer à la demande de cet homme comme si c’était le Christ. Non pas par naïveté, mais par cet acte de foi, cet acte de confiance qui va les pousser à jeter les filets à droite du bateau alors qu’ils ont pêché toute la nuit sans rien prendre. Comme si c’était le Christ, « mais ils ne savaient pas que c’était lui ». Et ce n’est qu’en voyant le miracle qu’ils reconnaissent le Seigneur, qu’ils sont remplis de joie, qu’ils sont rassasiés par cette présence du Maître retrouvé.

L’économie du Don, c’est la foi opérant par la charité

L’Eglise nous enseigne par ce passage de Jean. Elle nous prépare à rencontrer la Christ après Son départ. Elle prépare chaque baptisé à rencontrer le Seigneur à travers les autres. « Lorsque vous aurez fait ceci à l’un ou à l’autre de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait. » Voilà que Jésus va entrer dans notre vie, dans cette nouvelle économie de l’Esprit, dans l’Eglise qui est l’économie du Don. Voilà que Jésus va nous interpeller à travers notre prochain. Il va nous demander quelque chose. Peu importe la réalité qu’Il demande, qu’elle soit grande ou petite…

Ce que Jésus veut provoquer en nous, c’est un acte de confiance amoureuse, un acte de foi opérant dans la charité. Ce que Jésus veut provoquer en nous, c’est nous faire sortir de nous-mêmes pour donner à Celui qui nous demande : « A celui qui te demande la veste, tu lui donneras le manteau, celui qui te demande de l’accompagner pendant un mille, tu l’accompagneras pendant deux milles ». Parce que Jésus se trouve en chacun, en chacune d’entre nous depuis l’Incarnation.

Si nous sommes dans l’Esprit de Dieu, si nous baignons dans Sa lumière amoureuse, nous sommes alors comme le Père qui voit Son Fils en chaque homme depuis qu’Il a pris notre humanité. Jésus, vient à nous pour provoquer à travers un homme le don et l’accueil. Accueillir le Christ dans l’autre, se donner au Christ à travers l’autre.

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »

Voilà la manière dont la présence de Jésus va se multiplier dans le monde. C’est la grâce que nous devons demander en ce troisième dimanche : la grâce de la vraie charité. Qu’est-ce que la charité ? Quel est le sens profond de ce commandement que Jésus donne à Ses apôtres en testament spirituel : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ? En quoi consiste cet amour ? Cela consiste à changer notre regard sur l’autre, à voir en l’autre la présence de Jésus qui vient pour nous faire poser un acte de don, pour nous faire sortir de nous-mêmes et ainsi trouver la joie, partager même Sa joie, la Joie du Don total…

Car ce fut la plus grande joie de Jésus que de donner Sa vie pour Ses amis, et c’est cette joie qu’Il veut transmettre : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète ». Jésus vient pour provoquer cette réaction qu’Il a vécue en plénitude parce qu’Il était habité en plénitude par l’Esprit d’Amour, par le Don. Et en venant à nous à travers un homme qui nous demande quelque chose, Jésus nous incite, dans la lumière amoureuse de Dieu, l’Esprit-Saint, l’âme de l’Eglise, à Le voir : « Chaque fois que vous avez fait cela, à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. »

« Je vous dis cela pour que votre joie soit complète »

C’est lorsque nous donnons au prochain, lorsque nous donnons au Christ qui est dans l’autre, que nous sommes rassasiés. Nous sommes rassasiés comme les apôtres, non pas tant par la multitude des poissons, que par la certitude que ce que nous avons fait à l’un de ces petits, c’est au Christ que nous l’avons fait.

Nous nous souvenons de la promesse de Jésus lorsque Ses apôtres Lui demandent : « Nous qui avons tout quitté pour Toi, qu’aurons-nous comme récompense ? » Et Jésus répond : « Celui qui quitte sa maison, sa famille et ses champs, recevra dès ici-bas au centuple et au Ciel la Vie Eternelle. Quelle est la signification de recevoir cent maisons, cent familles, cent terres ? Ce que Jésus exprime par ce chiffre, c’est que l’homme qui a donné va être rassasié et ce rassasiement, cette joie intérieure qui le comblera, c’est la certitude d’avoir donné au Christ lorsqu’il a donné à l’un de ces petits qui sont Ses petits !

Mgr Jean-Marie Le Gall 

Aumônier catholique Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart

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