Saint Charles Borromée (1538-1584)

Charles Borromée fut archevêque de Milan. Il réalisa en sa personne le modèle de l’évêque proposé par le concile de Trente : il travailla à réformer le clergé, en tenant des synodes et en fondant des séminaires. Il s’attacha également à évangéliser le peuple par ses visites pastorales. Enfin, il consacra la plus grande partie de sa fortune personnelle à la construction d’hôpitaux et d’orphelinats. Il mourut d’épuisement à l’âge de 46 ans. Canonisé en 1610, il est fêté le 4 novembre.

« ENGENDRER LE CHRIST EN NOUS ET DANS LES AUTRES »

Extrait de l’Office des lectures, au jour de la Mémoire de saint Charles Borromée

Nous voulons tous être des saints. C’est vrai pour chaque chrétien, et ce doit être encore plus le désir des pasteurs. Cela est loin d’être aussi inaccessible qu’il n’y paraît. Nous disposons de moyens simples pour vivre chaque instant en présence de Dieu. Saint Charles parle ici aux prêtres de son diocèse, mais chacun saura transposer ses conseils dans sa vie quotidienne.

 

 

HOMÉLIE DE S. CHARLES BORROMÉE PRONONCÉE À SON DERNIER SYNODE

Nous sommes tous faibles, je le reconnais, mais le Seigneur Dieu nous a donné des moyens où nous pouvons facilement trouver du secours si nous le voulons. Voici un prêtre qui voudrait mener la vie irréprochable à laquelle il se sait obligé, qui voudrait être chaste et avoir la conduite digne des anges qui lui convient ; mais il ne décide pas d’employer les moyens voulus : le jeûne, la prière, la fuite des relations mauvaises, des familiarités nuisibles et dangereuses.

Cet autre, lorsqu’il entre au chœur pour la psalmodie ou lorsqu’il va célébrer la messe, se plaint de ce que mille pensées se présentent aussitôt à son esprit et le distraient de Dieu. Mais avant d’aller au chœur ou de célébrer la messe, qu’a-t-il fait à la sacristie, comment s’est-il préparé, quels moyens a-t-il pris pour maîtriser son attention ?

Veux-tu que je t’enseigne comment progresser sans cesse de vertu en vertu et, si déjà tu étais attentif au chœur, comment tu pourras l’être davantage une autre fois pour que tes hommages plaisent à Dieu encore plus ? Écoute-moi bien. Si un petit feu d’amour divin est déjà allumé en toi, ne le montre pas tout de suite, ne l’expose pas au vent ; garde fermée la porte du four, pour ne pas laisser perdre la chaleur. Cela veut dire : fuis, autant que possible, les distractions, demeure recueilli en Dieu, évite les conversations frivoles.

Tu as la charge de la prédication et de l’enseignement ? Étudie, applique-toi à tout ce qui est nécessaire pour bien exercer cette charge. Soucie-toi d’abord de prêcher par ta vie et tes mœurs ; évite qu’en te voyant dire une chose et en faire une autre, les gens ne se moquent de tes paroles en hochant la tête.

Tu as charge d’âmes ? Ce n’est pas une raison pour négliger la charge de toi-même et pour te donner si généreusement aux autres qu’il ne reste plus rien de toi-même pour toi. Tu dois te souvenir des âmes dont tu es le supérieur, sans t’oublier toi-même.

Comprenez, mes frères, que rien n’est aussi nécessaire, pour des hommes d’Église, que l’oraison mentale qui doit précéder toutes nos actions, les accompagner et les suivre. Je chanterai, dit le Prophète, et je serai attentif. Si tu administres les sacrements, mon frère, pense à ce que tu fais ; si tu célèbres la messe, pense à ce que tu offres ; si tu psalmodies au chœur, réfléchis à qui tu parles et à ce que tu dis ; si tu diriges les âmes, songe au sang qui les a lavées ; ainsi faites tout avec amour. C’est ainsi que nous pourrons vaincre facilement les innombrables difficultés que nous rencontrons nécessairement chaque jour, du fait de notre position. C’est ainsi que nous aurons la force d’engendrer le Christ en nous et chez les autres.