Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« TU AS DU PRIX A MES YEUX ET JE T’AIME ! »

Lectio divina pour le dimanche de la Pentecôte
Act.2, 1-11 Gal.5, 16-25 Jn.15, 26-16,15

Dans la Liturgie d’avant le Concile Vatican II, il était de coutume de supprimer le cierge pascal le jour de l’Ascension puisque le cierge pascal signifie le Christ et que Celui-ci monte au Ciel et disparaît aux yeux des Galiléens. Avec beaucoup de sagesse, la réforme conciliaire a considéré que la présence du cierge pascal devait continuer jusqu’à la fin du temps pascal qui se clôture aujourd’hui par le mémorial de la naissance publique de l’Eglise, fête de la Pentecôte, 49 jours après Pâques.

 

« Allez, vous serez mes témoins. »

Ceci dit, on pourrait se poser la question de savoir pourquoi l’Année Liturgique continue après le mystère de l’Ascension puisqu’elle est là pour nous faire participer aux mystères de la vie historique, terrestre de Jésus et que Jésus quitte notre monde avec Son Ascension !

Tout simplement parce que l’Eglise a été instituée avant l’Ascension par Jésus pour prolonger la vie de Jésus, pour rendre présents au monde les mystères de la vie de Jésus. Souvenons-nous de ce que dit le Christ à Ses apôtres : « Allez, vous serez mes témoins. »

Il ne s’agit pas pour l’Eglise de vivre d’autres mystères, mais plutôt d’actualiser, comme nous l’avons entendu dans la lecture des Actes, de rendre présentes au monde les merveilles de Dieu. Et le faire dans chaque langue dépasse infiniment le fait linguistique de savoir parler plusieurs langues, mais signifie la diversité des demeures préparées pour tous les hommes de tous les temps et sous tous les cieux recevant pourtant l’unique message de l’Evangile que le Christ veut leur donner.

L’Eglise, qui est le Corps, est appelée à vivre ce que la Tête a vécu.

La Pentecôte, qui se situe après la célébration des Mystères historiques de Jésus, est donc une dimension fondamentale, non seulement de notre Année Liturgique, mais de toute notre vie chrétienne. Elle en est la compréhension, elle en donne le sens.

Nous célébrons à la Pentecôte la manifestation publique de l’Eglise, qui est née à la Croix, comme Jésus, né à Noël, se manifeste publiquement dans l’Adoration des Mages.

Lorsque nous le faisons, nous nous rappelons que l’Eglise est le prolongement de la vie du Christ. Elle est le Corps mystique de Jésus, le Corps appelé donc à vivre ce que la Tête a vécu.

C’est un devoir, c’est une nécessité morale, je dirais presque ontologique : le corps doit suivre les mouvements et les impulsions de la tête.

Etre un évangile vivant pour nos frères…

Cette fête de la Pentecôte nous rappelle ainsi que notre vie chrétienne n’est pas seulement et n’est même pas du tout une simple commémoration pieuse et routinière des Mystères de Jésus.

La vie chrétienne n’est pas cette commémoration d’évènements historiques passés qui n’ont pas de lien avec nous, dont nous sommes absolument séparés par plus de 2000 ans !

Elle est un don de Jésus, elle est un appel que Jésus nous lance, à nous membres de Son Corps, pour Le rejoindre dans Ses mystères, pour Le rejoindre au confluent du Sacrifice et de la Grâce, particulièrement au moment de l’Eucharistie par laquelle passe et le Sacrifice de Jésus et la Grâce qui tombe du Ciel et rejoint l’humanité à travers le Fils de Dieu fait homme.

C’est une vocation, un appel que Jésus nous lance à Le suivre dans Ses actes qui sont rendus présents réellement afin qu’Il soit vivant en nous et qu’Il soit vivant au monde, pour qu’Il soit rendu activement présent au monde.

Non pas comme une histoire ancienne, mais comme une histoire toujours nouvelle, non pas comme une histoire mal adaptée aux grandes mutations de notre monde, mais comme une histoire éternellement jeune, qui ne vieillit jamais et qui touche chaque homme pour lui donner la Vie !

« Mes paroles sont esprit et elles sont vie… »

Et le don du Saint-Esprit, tant à l’origine de l’Église que dans ce renouvellement annuel, ce don du Saint-Esprit s’explique par cette vocation, cet appel que le Christ nous lance.

Parce que les paroles de Jésus sont « esprit et vie », Jésus nous donne Son Esprit pour que nous vivions Sa Parole.

Jésus nous donne Son Esprit pour que nous rendions présent, sous les habits du monde d’aujourd’hui, l’Evangile d’hier qui devient ainsi éternel !

Jésus nous donne Son Esprit pour que nous rendions présent et vivant le mystère de la Bonne Nouvelle de Jésus, mystère de Son Amour infini qui part à la poursuite de chaque pécheur quel que soit son péché, quelle que soit sa faiblesse, pour toucher et guérir chaque homme…

Jésus nous donne Son Esprit pour que nous rendions présentes et vivantes à chaque homme, à chacun de nos frères qui nous entoure, les merveilles de Dieu, pour que chacun se sache aimé ; pour que dans l’âme de chacun, dans l’âme de tous ceux qui nous entourent, ceux qui ont soif de paix, de bonheur, de quiétude, de bon sens, de justice, d’honneur, de droit, nous puissions faire résonner cette parole du prophète qui résume toute la Bonne Nouvelle du Christ : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. »

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

Retrouvez la lectio divina quotidienne (#twittomelie, #TrekCiel) sur tweet : @mgrjmlegall