Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« ALLEZ À LA RENCONTRE DU SEIGNEUR ! »

Lectio divina pour le 1er Dimanche de l’Avent
Jér.33, 14-16 1Thes.3, 12-4, 2 Lc.21, 25…36

Je commencerai cette Lectio en vous adressant mes vœux bienveillants pour la nouvelle année liturgique. Cette nouvelle année s’ouvre avec le 1er Dimanche de l’Avent. Elle est temps de l’Église pour rencontrer, en elle et par elle, le Seigneur qui habite en nous depuis notre baptême.

L’Eglise, sacrement universel du Salut

L’Église, sacrement universel du Salut, nous invite à entrer par sa porte dans la vie du Christ rendue présente à notre foi par les mystères liturgiques. De même que, par l’Eucharistie, nous sommes comme posés au pied de la Croix pour nous associer avec Marie au Sacrifice de Jésus, de même, l’Année liturgique nous transporte mystériquement dans le Cœur du Fils de l’Homme pour battre à Son rythme, pour vivre du Père, comme Lui et avec Lui.

Mystériquement, car la grâce de l’Année liturgique, qui sert d’écrin aux multiples Eucharisties dominicales, est de nous permettre de transposer en nous l’orientation définitive et radicale de la vie de Jésus : « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra par moi. » Il vivra comme Moi, « par le Père » ; il réalisera cette adjuration de saint Paul : « Soyez vivants pour Dieu en Jésus-Christ. »

« De même celui qui me mange vivra par moi. »

L’Eucharistie est en effet le « chemin de la justice » (Collecte) que le Fils de l’Homme nous a donné pour nous insérer dans Son Mystère pascal, mystère de don de soi par amour du Père et des hommes : « Père entre tes mains je remets mon esprit. »

Au cours des 52 dimanches qui vont suivre, les fruits infinis de ce Mystère pascal, de ce don de soi libérateur de l’humanité (évangile), nous seront dispensés peu à peu, avec les mêmes harmoniques qui résonnèrent dans l’âme du Sauveur. Harmonique de l’abaissement et de la tendresse à Noël, harmonique de l’évangélisation des pauvres en attente de Salut durant le temps du ministère du Christ, harmonique du témoignage jusqu’au bout de l’Amour fou de Dieu pour l’homme avec la Passion, harmonique de la victoire sur la mort et de la libération glorieuse de l’esclavage du péché dans le temps pascal, harmonique de la recréation de l’homme nouveau dans l’Esprit pour le temps de la Pentecôte…

« Demeurez en moi comme moi en vous. »

L’Année liturgique est la route sur laquelle nous rencontrons le Christ mort et ressuscité pour nous. Sur cette route, Il vient à notre rencontre par Son Amour pour demeurer en notre amour qui est le Sien. Cet Amour, c’est l’Esprit. Il nous Le donne quand nous Le Lui demandons par toute prière qui rejoint la Prière unique qu’est l’Eucharistie : « Demeurez en moi comme moi en vous. »

L’Année liturgique est véritablement « la voie, la vérité et la vie ». En effet, elle nous permet à chaque messe de communier à la Parole incarnée qui révèle la Vérité de l’Amour et qui nous donne la vie d’agapè, se faisant ainsi voie du Royaume pour nous : « Celui qui m’aime, c’est celui qui garde ma parole et la met en pratique. »

« Aller avec courage à la rencontre du Seigneur… »

Quel que soit le lieu où nous sommes sur la route du Royaume, l’Année liturgique nous y rejoint pour nous emmener, nous transporter dans sa grâce de conformation au Christ et nous déposer un peu plus près de l’Homme nouveau qui habite en nous, mais auquel nous ne sommes pas encore constamment présents.

Aussi, les vœux que je souhaite sont de nous voir tous « aller avec courage à la rencontre du Seigneur », de nous voir faire ces « nouveaux progrès » dont parlait Paul aux Thessaloniciens. Que cette année soit bonne pour chacun, qu’elle soit pleine de Bonté reçue de Dieu et de Bonté transmise à nos frères ! Qu’elle nous donne de recevoir en abondance et de transmettre sans mesurer l’Esprit Saint !

« Ad te levavi animam meam… »

Commençons dès aujourd’hui à nous mettre en chemin en demandant la grâce d’être en disposition de recevoir, donc en disposition d’humilité : « Ad te levavi animam meam… » chante l’Introït.

Si nous sommes sûrs de notre vie chrétienne, si nous avons conscience de notre sainteté, nous ne pourrons pas recevoir un surplus de vie de l’Esprit ! Il nous faut donc « élever notre âme », partir avec l’humilité si chère à saint François de Sales : « Seigneur, que je commence parfaitement aujourd’hui, maintenant, mon attente de Dieu. » Il nous faut partir comme si rien n’avait été fait auparavant, ou plutôt, parce que tout reste à faire pour Le trouver et demeurer près de Lui…

Que je commence parfaitement, à cet instant même, en partant, en quittant tout de moi, comme Abraham… « Ad te levavi animam meam… » Je n’aurai pas à rougir de mon espérance…

« Sur les chemins de la justice »

Mais partir où ? Et donc partir sur quelle route ? La Collecte de cette première messe de l’année nous donne le but de notre marche : « Allez à la rencontre du Seigneur ». Et sur quelle route ? « Les chemins de la justice » !

Ce ne sont pas les chemins du pouvoir, ce ne sont pas les chemins du savoir -même spirituel- ce ne sont pas les chemins de l’avoir. C’est tout simplement le chemin qu’a emprunté le Seigneur sous la motion de l’Esprit : le chemin du don de soi jusqu’au bout qui nous presse « à donner notre vie pour nos frères puisque Lui a donné Sa vie pour nous. » C’est le chemin de la Croix et donc le chemin de l’Eucharistie…

Rencontrer le Seigneur finalise notre vie

Rencontrer le Seigneur c’est ce qui finalise notre vie ! Que ce soit la rencontre personnelle, lors de notre mort ou que ce soit la rencontre universelle et glorieuse du Jugement dernier que la fête du Christ-Roi évoquait la semaine passée. Peu importe, l’une ou l’autre se rejoignent, s’appellent et se complètent.

Le principal est de retenir que rencontrer le Seigneur doit finaliser tout de notre vie ! Or si nous réfléchissons sur ce qui finalise encore nos vies, qu’y trouvons-nous ? L’ici-bas : la soif de se grandir, de diriger, d’être reconnu par les hommes, bref, l’amour de la gloire… En un mot, l’inverse de la loi des Béatitudes qui est loi de pauvreté, loi d’enfance spirituelle qui, seule, nous permet d’être reconnus par Dieu dignes d’entrer dans Son Royaume de l’Au-delà…

Pourquoi avoir peur ?

La rencontre du Seigneur n’est pas quelque chose qui doit engendrer en nous la crainte ou la tristesse. Regardons l’Évangile, c’est une rencontre de résurrection, puisque nous paraîtrons debout, comme dit l’évangile, renvoyant ainsi à l’attitude du Christ sortant du tombeau.

C’est une rencontre de Salut qui nous trouvera la tête relevée, précise l’évangile, c’est-à-dire dans la liberté intérieure absolue de l’homme qui n’a de compte à rendre qu’à son Père du Ciel et non aux regards mortifères des hommes.

Enfin c’est une rencontre de vie, une vie partagée avec le Dieu des vivants et non des morts, dans Son royaume dont nous serons héritiers, comme le précisait la Collecte. Donc pourquoi avoir peur ?

« Veillez et priez !… »

Pour rencontrer le Seigneur, l’évangile nous met en garde « Veillez… » C’est à dire soyez attentifs à tout moment. Mais pas de n’importe quelle façon !

Il ne s’agit pas de veiller avec le regard capté par la multitude des distractions… Il n’est pas question non plus de veiller, incurvé sur soi, vers la finitude. Finitude et multitude se rejoignent dans la lassitude puis dans la solitude, dans la mort intérieure, dans le dessèchement de l’âme et du cœur.

Non il faut veiller en présence de Dieu : « Ad te levavi animam meam… » C’est pour cela que le Christ nous dit : « Veillez et priez. »

Marcher chacun dans la vocation que Dieu lui offre

Mais qui peut nous donner d’être en veille permanente, à nous qui sommes limités ? Le Germe de justice dont parle la 1ère lecture, Celui qui vient en terre à Noël, Celui qui, poursuivant Son Incarnation, vient dans nos âmes par notre baptême, nos confessions, les communions qui développent cette divine Semence !

L’Écriture dit : « Le Seigneur est le seul qui puisse exercer le droit et la justice dans le pays » -c’est-à-dire dans notre cœur- et nous faire marcher sur la voie de la justice ; c’est à dire ‘ajustés’ à Dieu : pas à côté, pas devant, pas derrière, mais au pas de Dieu et dans la direction de Dieu.

Chacun a sa route puisque, « dans la maison de Dieu, il y a beaucoup de demeures. » Pourtant, elles sont toutes convergentes vers ce point unique qu’est le Père en attente de Ses fils prodigues, au seuil de Sa maison.

Être dans la justice, c’est marcher chacun dans la vocation que Dieu lui offre, sur la route qu’Il trace pour nous et avec nous, route qu’il nous faut découvrir à chaque minute, à la Lumière de Jésus, diffusée par Sa Parole vivifiée de Son Esprit !

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

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