Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

SE LAISSER ALLER À L’ESPRIT !

Lectio divina pour la Solennité de la Pentecôte au 20 mai 2018
Act. 2, 15-11 Ga. 5, 16-25 Jn. 15, 26-27 ; 16, 12-15

Sachant que mon âme est une parcelle d’Église et que toute l’Église est dans mon âme,la Pentecôteest pour moi l’occasion de faire mémoire de mon ecclésialité. Il s’agit de regarder ma vie et de l’évaluer à l’aune de ce qui fait l’Église dans la vérité de son être. « Fils voici ta mère » : c’est en regardant ce qu’est l’Église ma Mère que je serai en mesure de voir si je peux dire à l’Église : « Mère, voici ton fils… » Car je peux appliquer à ma relation ecclésiale ce que le Christ dit de notre relation avec Lui : « Celui qui m’aime n’est pas celui qui dit ‘Seigneur, Seigneur,’ mais celui qui écoute ma parole, la garde et la met en pratique. »

Que l’Eglise dit-elle d’elle-même ?

La liturgie de Pentecôte me le dévoile. Cette liturgie, dit la Collecte, est un « mystère. »Elle n’est ni un descriptif ni un mode d’emploi. La liturgie est révélationactive ; elle est proposition d’une relation vivante et nourrissante à la Parole de Dieu, écoutée puis assimilée dans l’Eucharistie. Une « Parole efficace qui ne revient pas aux cieux sans avoir eu son effet. »

C’est dire qu’elle contient des trésors surnaturels offerts à ceux qui ouvriront leur cœur à la lumière de cette révélation. Ces grâces sauront me faire comprendrela célébration que l’Église fait de son propre mystère, c’est à dire me le faire ‘prendre-avec-moi.’ En un mot elles sauront renforcer mon appartenance à l’Église, reconstituer le lien à ma Mère, développer mon amour envers Celle qui m’a engendré dans le Baptême à la Vie divine.

Je peux être ainsi, toujours selon la prière de la Collecte, cause et effet de la sanctification de l’Église, cause et effet de son développement, « œuvre d’amour entreprise au début de la prédication évangélique. »

« Cum Maria Matre Iesu »

L’Église est d’abord rassemblement de prière des apôtres autour de Marie, Mère de Jésus. N’oublions pas cette toile de fond essentielle car préparatrice à la venue de l’Esprit et donc à la mission de salut.

La première fonction de l’Église est d’être une société de prièredans l’attente du retour de Jésus, et autour de Sa propre Mère. Les Apôtres, qui ont été choisis par le Christ pour apporter la bonne Nouvelle et baptiser les hommes afin de les faire entrer dans le Royaume, doivent être des orants fidèles.

La présence de Marie est signe que leur prière est d’abord action de grâce pour l’Incarnation, dont ils sont les serviteurs en même temps que les gardiens responsables. Cette prière est aussi prière de demande, sorte d’épiclèseappelant l’Esprit, Force d’En-Haut aux multiples dons.

C’est dire que l’Église se sait totalement et doublement dépendante de Jésus : en son être, elle n’est que la continuationde Son mystère d’Incarnation opérée par l’Esprit.

Pour sa mission, elle ne peut être que l’instrument de l’Esprit de Vérité envoyé par le Christ pour achever Sa propre mission. C’est ainsi que l’Église est dite « sacrement de Salut. »

L’Illuminateur des cœurs, âme de l’Eglise

Les langues de feu expriment poétiquement l’œuvre de l’Esprit, Illuminateur des cœurs. Ne séparons pas la vérité de l’amour, et, comme Paul, sachons les voir liés. « La charité se réjouit de la vérité »disait-il aux Romains. C’est pourquoi il faut vivre « dans la vérité de l’amour »,écrivait-il aux Ephésiens.

Or, seul l’Esprit, qui est à la fois Consolateur et Défenseur(Amour et Vérité), seul l’Esprit créateur peut animerl’âme de l’homme nouveau dans cet équilibre de plénitude. C’est pourquoi, tel un refrain, la séquence Le chante comme « Lumière des cœurs. »

Cette Lumière d’En-Haut, envoyée par le Père sur demande du Fils, fait « entrer le croyant dans la vérité tout entière »,le fait donc communier à elle de l’intérieur, la lui fait aimer divinement. Cette Vérité, c’est le Christ dans Son mystère de Fils envoyé par le Père pour révéler à chacun l’Amour infini dont il est aimé. Ainsi Jésus peut-Il se dire « Vérité »en même temps qu’Il promet« l’Esprit de vérité. »

« Vivez sous la conduite de l’Esprit… »

Lumière des cœurs, l’Esprit est essentiel à l’être et à la mission chrétienne. Comme Il est essentiel à l’être et à la mission de l’Église, car Il est Celui qui a conçul’être de Jésus et Celui qui a « agi » Sa vie. C’est pourquoi Paul nous supplie à trois reprises (en dix versets !) de nous « laisser conduire par l’Esprit. »

Le motif ? « L’Esprit est notre vie », principe de notre être chrétien, force de consolation et de défense pour témoigner devant nos frères de la Vérité de l’Amour.

D’où la question à se poser : suis-je de l’Église : est-ce que je me reconnais comme conçu par l’Esprit ? Vis-je de la vie de l’Église : est-ce que je me laisse, minute après minute, pousser par l’Esprit, agirpar Lui ? En un mot, celui de Monsieur Olier : Est-ce que je me laisse aller à l’Esprit ?

Bonne fête de Pentecôte, chers amis lecteurs ! Que l’Esprit vous illumine et vous console, qu’Il vous guide et vous donne Sa paix !

 

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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