Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour le jour de Noël

AIMER DIEU EN AIMANT L’HOMME SON FILS

Noël, jour où l’Eglise explose de joie et n’en finit pas de célébrer l’évènement merveilleux de l’Incarnation du Fils de Dieu. D’où les trois messes pour lui permettre de rendre grâce en abondance… C’est l’occasion de réfléchir sur la manière dont nous-mêmes sommes aujourd’hui dans cet esprit de remerciement, de quelle manière nous vivons notre messe, nos messes de Noël le 25 décembre. Sacrifions-nous à un précepte vite expédié, ou au contraire, allons-nous essayer de prendre un peu de notre temps pour contempler la merveille du Verbe qui s’est fait chair et qui a habité parmi nous ?


« La vie est la Lumière des hommes »

Comme nous le rappelle le prophète et l’Évangile, ce Verbe qui vient dans notre humanité, c’est la Parole Créatrice par laquelle tout a été fait. Et rien de ce qui est, ne naît sans elle. Cet acte de l’Incarnation est encore merveilleux parce que cette Parole Créatrice est féconde, Elle est la Vie. « Il était la Vie de tout ce qui est », c’est-à-dire le Principe même de l’existence de toutes choses dans tout l’univers, sous tous les cieux, dans tous les temps. Le Verbe, la Parole Créatrice est la Vie de ma vie. Sans elle, je ne suis rien.

Merveilleux aussi, cet acte de l’humanisation de Dieu parce qu’en tant que Parole Créatrice, qui amène toutes choses à l’existence, parce qu’en tant que principe vital qui soutient toutes réalités dans cette existence, le Verbe, par là même, est celui qui connaît toutes choses. C’est celui qui me connaît, en profondeur et en vérité, mieux que je ne peux me connaître moi-même. Parce qu’Il m’a aimé, dès avant la création du monde, de toute éternité : Il nous a aimés chacun, Il nous a désirés et Il nous a créés. Son amour précède notre être et en est la Cause ! Il est donc Celui qui connaît mon mystère personnel et peut m’en donner la clé. Il est la Lumière, comme nous dit Jean, et éclaire donc toutes les réalités qui se situent sous Ses rayons.

Dès l’origine l’homme a préféré les ténèbres. L’homme a fui ces rayons lumineux, l’homme a fui sa propre explication. L’homme a fui sa propre réponse et c’est pour cela que la Lumière divine est venue elle-même se poser sur les hommes pour les éclairer : « La lumière qui vient dans le monde éclaire tout homme » écrit Jean. Voilà la raison profonde de cette Incarnation : donner à chacun le sens profond de sa totalité, de son existence, de sa vie, de son cœur, de son esprit. C’est pour cela que le Verbe s’est fait chair et qu’Il a habité parmi nous.

« Le Christ révèle l’homme à l’homme »

Et qu’est-ce que le Verbe nous a donc révélé de si important ? Qu’est-ce que cela signifie lorsque le Concile nous a dit que « Le Christ révèle l’homme » ?

Tout d’abord, que l’homme est appelé à être divinisé. Puisqu’un homme, Jésus, parfaitement homme et homme parfait, chair de notre chair, sang de notre sang, à travers Marie, puisqu’un homme est Dieu, puisqu’un homme a vécu en parfaite harmonie avec Dieu, c’est que tous les hommes qui sont de sa même nature, la nature humaine, sont appelés, eux aussi, à vivre dans cette harmonie de Dieu.

L’Incarnation nous révèle aussi que cette divinisation de l’homme, cette vocation de l’homme à vivre de la Vie de Dieu n’est pas quelque chose d’artificiel, d’accidentel. Bien sûr, ce n’est que par participation que l’homme s’intègre dans la vie divine, et vit de Dieu. Mais cette intégration, cette participation est si totale, si parfaitement possible que le Christ nous parle de filiation comme Saint Jean le rappelle. Ce n’est pas comme des étrangers que nous entrons dans la Vie de Dieu, c’est comme des fils. Nous sommes héritiers de Dieu et donc co-héritiers du Christ. C’est-à-dire que la vie de Dieu, la Trinité, est notre héritage : « A ceux qui croient en Lui, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu », héritiers de la Vie divine.

Voilà le message de l’Incarnation, du Verbe. Si le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous c’est pour nous montrer que l’homme a une aptitude essentielle à se fondre dans la vie de Dieu comme un enfant se fond dans la vie de son père.

Noël, la fête de l’homme…

Noël, c’est vraiment la fête de l’homme, c’est la fête de l’homme-enfant, c’est la fête de l’homme enfant de Dieu. Et il nous faut vivre maintenant, il nous faudra repartir après la Liturgie de Noël avec cette grâce toute spéciale que nous allons recevoir par cette Eucharistie. Il va falloir vivre cette grâce, il va nous falloir mendier la grâce d’un amour neuf vis-à-vis de notre Père. Prenons la résolution de dire avec plus de profondeur : Notre Père qui es aux Cieux…

Notre Père qui es aux Cieux, en sachant que les cieux sont les meilleures demeures, c’est-à-dire d’abord Dieu Lui-même, puis tout ce que Dieu a créé pour venir y habiter et venir s’y complaire. Prenons la résolution de ne plus rabâcher notre Pater, mais de le dire avec une pleine conscience de ce que cela représente qu’un homme puisse évoquer Dieu en lui disant Notre Père.

Et puis, dans un monde si bouleversé par les catastrophes naturelles et par la haine de l’homme, nous devons mendier la grâce d’aimer le monde, quelles que soient ces catastrophes, quels que soient les cycles de son histoire, quelles que soient les périodes d’obscurité. Parce que dans ce monde, il y a toujours des âmes disséminées discrètement ici ou là qui sont des demeures parfaites de la présence divine, des âmes immortelles qui vivent en Dieu et vivent le plus parfaitement possible : Abba Pater ! Et rien que pour ces quelques justes, pour ces saints inconnus, l’histoire du monde vaut la peine de continuer !

Aimer l’homme par amour de Dieu qui s’est fait homme…

La troisième grâce que nous devons mendier, c’est non seulement l’amour du monde, mais l’amour de l’homme qui est le temple de la divinité, qui est fils de Dieu dans lequel Dieu se complaît.

Nous ne pouvons pas repartir de la messe de Noël sans avoir renouvelé notre charité, notre amour vis-à-vis de Dieu notre Père, vis-à-vis du monde dans lequel nous sommes, parce qu’Il nous l’a donné et parce qu’il contient des sanctuaires de cette divinité ; et donc vis-à-vis de nos frères, que nous devons croire capables de vivre le plus parfaitement possible cette filiation divine.

Cet amour, il nous vient de Dieu, il nous vient de Jésus : c’est la grâce : « Nous avons reçu grâce sur grâce. » Et si la loi nous est venue de Moïse, cette grâce, cette vérité, ce regard sur notre Père, ce regard sur notre prochain, il nous vient de Jésus. Il ne dépend pas de nos sentiments ni de notre sensibilité. C’est un don de Dieu, c’est le don de Noël, c’est le don que l’Eglise nous renouvelle aujourd’hui.

Mgr Jean-Marie Le Gall, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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