Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

ECCE, FIAT, MAGNIFICAT…

Lectio divina pour la solennité de l’Assomption

Même quand les vacances nous accaparent légitimement, Notre Dame a ce pouvoir magique de réunir toujours nombreux ses enfants de France autour d’elle en cette fête si ecclésiale bien sûr, mais aussi si nationale : la fête de l’Assomption.

Lorsque nous regardons le mystère de Marie, il y a toujours trois paroles qui nous reviennent à l’esprit. Les trois paroles essentielles de Notre Dame Ecce : voici, Fiat : Que ta volonté soit faite, Magnificat : mon âme exalte le Seigneur

Ecce : Voici la servante…

Voici la petite vierge du petit bourg de Nazareth, de cette petite terre de Palestine, de ce petit coin de l’empire romain. Certes, descendant de la tribu de David, donc de race royale comme son fiancé Joseph, mais faisant partie de ces pauvres d’Israël ; habitant dans des grottes, menant une vie quotidienne des plus simples : 15 ou 16 ans, voici la petite Marie, seule, pauvre, humble, devant Dieu. Voici la Vierge…

Fiat : Qu’il me soit fait selon Ta Parole.

Par ce mot, Marie devient pour Dieu la porte de l’humanité. Par sa réponse à l’ange Gabriel, –Fiat– Dieu s’engouffre dans le monde en entrant dans le sein de la Vierge. Il en prend possession. Il s’enfouit en elle comme l’homme de la parabole cache son trésor dans la bonne terre du champ. Dieu n’est plus dans Sa créature comme la cause dans son effet, mais Dieu y est présent. Il y réside de manière humaine, visible, palpable. Comme on peut voir maintenant, avec les merveilles de la science, le petit enfant dans le sein de sa mère, tout petit, voici que Dieu est là dans le sein de Marie avec ses limites de corps, de poids, de taille. Quelle humilité ! Quelle humilité de la part de Dieu d’avoir inventé cet abaissement, cette diminution, cette descente.

Et quelle humilité de la part de Marie d’avoir si simplement, sans calcul, sans questions, accepté d’être non seulement le réceptacle, mais l’instrument de cette humilité de Dieu. Car c’est bien au Fiat de Marie que Dieu s’incarne. Dieu est suspendu à sa réponse et voilà que par son oui, Dieu s’abaisse. Marie accepte humblement d’être le premier ostensoir vivant du Dieu fait homme, la première monstrance comme nos frères orientaux l’expriment dans certaines icônes où nous voyons Marie avec recouvrant son sein, le cercle de la divinité qui contient Jésus.

Magnificat !

Pourquoi cet agissement de Dieu ? Dieu recherche-t-Il une gloire ? Oui, Dieu recherche une gloire, mais non pas la sienne, celle de la Vierge.

Parce que s’Il vient en elle, c’est pour la prendre, c’est pour l’enlever, c’est pour combattre en elle et par elle (parce que Marie reste libre malgré son privilège de l’Immaculée Conception), c’est pour combattre en elle et par elle l’antique Serpent de la Genèse : c’est pour l’élever jusqu’au Ciel c’est-à-dire en Lui, dans Sa demeure, dans Sa vie, pour être Lui-même, Dieu, dans Sa perfection, à Son tour, l’ostensoir de Marie.

C’est tout le mystère de l’Assomption : la réalisation de la troisième parole : Magnificat proclamé devant Elisabeth : « Mon âme exalte le Seigneur ! » Dieu nous montre dans cette fête Marie perdue dans l’océan trinitaire comme le Saint Sacrement se perd dans l’or de nos ostensoirs.

L’Assomption, gage de notre transfiguration

Est-ce que Marie serait unique ? Est-ce que cette Assomption lui est réservée ? Dans sa modalité précise, oui. Mais n’y a-t-il pas une réalité qui nous attend, nous aussi ? Souvenons-nous de la Transfiguration célébrée il y a 10 jours, révélant la Gloire du Fils de Dieu et la promesse de Jésus faite à tous : « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. »

« Je suis la servante du Seigneur. » L’Assomption est la première réalisation dans une créature humaine de cette Transfiguration promise par Jésus à chacun d’entre nous. Parce qu’elle fut LA servante, la première, la plus parfaite, impeccable. Et le monde racheté, le peuple de Dieu, l’Eglise est appelée, à sa suite, à accomplir en plénitude cette assomption, cette glorification, cette transfiguration des âmes et des corps.

« Nous sommes transfigurés en Son image… »

Comment est-ce possible ? C’est possible parce que Marie est la mère au sens le plus concret, physique du Christ, Tête de l’Eglise. Elle est donc la mère spirituelle du Corps que nous sommes. Et elle a donc ce pouvoir extraordinaire de nous engendrer, dans la chair de Jésus c’est-à-dire à travers les sacrements, à la Vie surnaturelle.

Marie est notre mère parce qu’elle peut et qu’elle veut, (c’est là son seul désir comme ce fut le seul désir du Christ que nous ayons la Vie en abondance dans la plénitude de nos transfigurations), nous engendrer, nous faire partir vers cette route de la transfiguration, nous engendrer à la Vie surnaturelle à travers la chair de son Fils, prolongée, diffusée, continuée, par les sacrements et en particulier celui de l’Eucharistie. Après avoir été pour Dieu la porte de l’humanité, dans son Assomption, Marie est pour l’homme la porte de la divinité.

« Faites tout ce qu’Il vous dira »

Que nous reste-t-il à faire ? Il nous reste à reconnaître cette maternité. A nous laisser enseigner comme des enfants que nous sommes ici, aujourd’hui, par la Mère de la Tête et la Mère du Corps.

Et que va nous dire Marie ? Après ces 3 paroles privées : Ecce, Fiat, Magnificat, voici la seule parole que Marie adresse publiquement aux hommes : « Faites tout ce qu’Il vous dira. » Comme le Père s’est adressé aux hommes à la théophanie du Baptême ou de la Transfiguration, en disant : « Ecoutez-le. » Le Père de Jésus et la Mère de Jésus se rejoignant pour nous mener au Christ, unique Médiateur. Il nous faut nous laisser prendre par la main de Marie pour aller à l’unique Maître, l’unique Pédagogue, Celui qui, seul, est la Voie, la Vérité, la Vie.

Alors, nous partagerons la Gloire de Notre Dame, nous serons à notre tour assumés, assomptés, tout au long de notre vie jusqu’à l’éclatement final dans la Gloire trinitaire, lorsque la Trinité sera aussi pour nous l’ostensoir de notre propre gloire.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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