Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

LE PROCHAIN COMME LA DEMEURE DE DIEU !

Lectio divina pour le 32ème Dimanche Ordinaire
1 Roi 17,10-16 ; Héb.9,24-28 ; Mc.12,38-44

32_eme_dimanche

Nous le savons déjà depuis plusieurs dimanches, nous nous trouvons dans la dernière ligne droite de la vie de Jésus à Jérusalem, à un moment où le combat, la lutte entre ce que Jean appelle le monde, le monde des ténèbres, le monde du péché, -c’est-à-dire notre monde puisque nous sommes pécheurs- et le Christ qui est le monde de la lumière, atteint son paroxysme.

 

« L’Esprit lui-même intercède pour nous… »

Curieusement, le 32ème Dimanche nous rappelle la présence et la mission de l’Esprit. Si la post-communion donnera le ton de l’envoi en mission des fidèles quittant l’assemblée dominicale pour vivre dans la droiture grâce à cette force qu’est l’Esprit, l’introït nous rappelle déjà, mais plus implicitement, la fonction que remplit l’Esprit au cœur de la vie chrétienne : « Seigneur, que ma prière parvienne jusqu’à Toi, entends-moi qui t’implore… ».

Or, Paul nous affirme dans son épître aux Romains, que c’est bien l’Esprit qui, en nous, prie le Seigneur de manière ajustée car Il sait quelles sont les pensées de Dieu. C’est dire que l’introït, par lequel nous supplions Dieu de nous exaucer, est un appel discret à nous tourner vers l’Esprit pour qu’Il dirige Lui-même notre prière et qu’Il l’ajuste au cœur paternel de Dieu.

« Vers toi j’élève mon âme, mon Dieu… »

Ce faisant, l’introït nous prépare doucement à l’entrée en Avent puisque la messe du 1er dimanche de l’Année liturgique débutera par le merveilleux cri du Psaume 24 : « Vers toi j’élève mon âme, mon Dieu, en toi j’ai confiance et je ne rougis pas. Je ne serai pas confondu. Montre-moi tes chemins et enseigne moi tes voies. »

On pourrait dire qu’à la fin du cycle liturgique, le fidèle ayant réussi à vraiment faire sienne cette demande de l’Avent, en donne la preuve en dirigeant en toute confiance sa prière vers le Seigneur. Car c’est vraiment avec assurance que le psalmiste ordonne à Dieu d’écouter son imploration, sûr qu’il est d’avoir suffisamment élevé son âme vers Lui durant l’année liturgique pour être entendu.

D’où une question qui nous interpellera : et nous ? N’est-ce pas le moment opportun de faire un bilan de notre Année Liturgique qui se conclut afin de repartir sur des bases réalistes, avec de bons objectifs à poursuivre ? Ces jours qui préparent à la fête du Christ-Roi doivent nous y servir.

« Le Seigneur vous a libérés pour être vraiment libres… »

La liturgie de ce dimanche nous oriente vers l’analyse de notre liberté.

C’est logique quand on se souvient des passages de l’épître aux Romains qui nous ont été lus tous ces derniers jours. Suis-je vraiment libre ? Ou plutôt, suis-je conscient d’avoir été libéré par Jésus de l’esclavage du péché ? Et suis-je entré avec joie dans « l’esclavage de la justice » ?

D’où l’on revient à l’Esprit qui, justement, dans le baptême et dans tout l’organisme sacramentel, nous libère du péché et nous enchaîne, si l’on peut dire, à aimer Sa loi d’Amour qu’Il diffuse en nos cœurs.

La vie chrétienne est une vie dans l’esprit et dans l’Esprit. C’est un entretien d’esprit à Esprit ; c’est une recherche de l’Esprit à communier à mon esprit. C’est un dialogue de liberté et de don de soi. Paul le dit : « Le Royaume n’est point affaire de boisson et de nourriture, mais il est joie, justice et paix dans l’Esprit. »

Qu’en dira Dieu ?

Bien sûr, nous sommes encore esclaves de tant de choses ! A commencer par le qu’en dira-t-on ! Notre liberté n’est pas totale. Elle ne le sera pas tant que nous serons sous l’esclavage de ce sentiment au lieu de nous préoccuper du qu’en dira Dieu ? 

Heureusement, nous savons qu’en Dieu est le pardon et qu’Il nous regarde avec miséricorde. C’est la prière sur les offrandes qui le rappelle en nous proposant, en échange, d’entrer de tout cœur dans le mystère du Fils.

Et ce mystère est un mystère d’amour total et de liberté parfaite : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Entrer parfaitement dans la Passion de Jésus, c’est rechercher, dans la grâce, cette liberté intérieure qui nous décolle de nous-même et des autres pour nous faire adhérer à Dieu seul et pour y trouver notre joie comme dit le psalmiste.

« Elle a donné tout ce qu’elle avait »

Les hommes ne se trompent pas en faisant de la liberté le cœur de la vie.

Les divergences commencent dans la notion de liberté. Est-ce de pouvoir faire ce que l’on veut ? Ou est-ce le choix pris de faire ce que l’on est appelé à faire de par notre nature d’enfant de Dieu : vivre comme Lui, dans le don, l’amour et la gratuité ?

Quand le prophète récompense la pauvre veuve de Sarepta et lorsque Jésus magnifie la veuve du Temple, c’est devant leur liberté respective qu’ils se mettent tous les deux à genoux.

En disant qu’ « elle a donné tout ce qu’elle avait », Jésus annonce Sa Croix, le don de Sa Vie accepté librement car sous la motion de l’Esprit. Ce qui fait la valeur infinie du sacrifice de Jésus, ce ne sont pas tant la quantité des souffrances physiques qu’Il a endurées. C’est la totale oblation de Son cœur qui est source de ce martyr librement accepté. C’est pour cela, dira-t-Il, que le Père L’aime, et donc nous aime en Lui, parce qu’Il donne Sa Vie.

C’est pour cela également que Jésus peut maintenant se tenir devant la Face de Dieu comme l’écrit l’épître aux Hébreux. Il n’a pas à refaire Son sacrifice car Il a tout donné en une seule et unique fois ! Non seulement Sa vie physique, mais encore le cœur de Sa vie : Sa liberté pleine et entière. Comme la pauvre veuve avec laquelle Il se sent en parfaite communion.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

Retrouvez la lectio divina quotidienne (#twittomelie, #TrekCiel) sur tweet : @mgrjmlegall