« Celui qui croira sera sauvé. »
Cela ne nous laisse-t-il pas froids en fait ?
Que peut bien nous importer que d’être dépositaires de l’Évangile ? Un livre de plus à porter, ou à lire, ou à mettre dans sa bibliothèque ! Et pourtant : être dépositaire de l’Evangile est peut-être le plus grand cadeau que Dieu nous ait fait ! En effet, l’Évangile, c’est la Bonne Nouvelle du Salut, ce par quoi l’homme est sauvé lorsqu’il y adhère.
Réfléchissons que Dieu, en réponse à notre acte de foi si minime, si boiteux et qui se reprend sans cesse, qui n’est pas toujours cohérent et qui ne porte pas trop de fruits, en réponse à cet acte de foi, Dieu a fait de chacun et chacune d’entre nous, le dépositaire, le gardien, de ce trésor inestimable !
Il nous a confié ce par quoi chacun de nos frères, chaque être humain de tous les temps peut être sauvé : « Celui qui croira sera sauvé. » En un mot, Dieu nous fait co-auteurs de la Rédemption, et nous fait participer pleinement à Son Œuvre : l’Œuvre du Salut !
« L’œuvre de Dieu est que vous croyez. »
De même que Marie est la première des co-rédemptrices parce qu’elle donne le Christ, de même le chrétien est, à l’image de Marie, co-rédempteur quand il donne l’Évangile. Il est gardien de l’Évangile. Ce n’est pas seulement le prêtre. L’Évangile n’est pas le trésor des sacristies, des musées ou des gens consacrés. C’est à chacun et chacune d’entre vous qu’il a été confié. Quel exemple de la munificence de Dieu !
Alors, que cela entraîne-t-il pour notre vie ? Quelle est la conséquence pratique avec laquelle nous pouvons repartir en avant dans notre vie chrétienne après ce 27ème dimanche ?
Bien entendu, ce dépôt, cette Bonne Nouvelle du salut n’est pas à garder celée au fond de notre cœur comme le talent de l’intendant craintif qui creuse et qui cache sa pièce.
L’Evangile est un instrument de Salut. Il doit donc être usé, au sens propre !, par notre Rédemption, à notre Rédemption ! D’ailleurs, nos bibles, chez nous, ne devraient-elles pas être usées à force d’être tournées, feuilletées, d’être lues et relues, ruminées, remâchées et méditées ?
« Nul ne sait ce qu’il y a en Dieu, si ce n’est l’esprit de Dieu. »
L’Évangile n’est pas un livre comme les autres, l’Évangile est un instrument : il doit servir.
Il s’agit pour nous d’abord de le comprendre, cum-prendere : ‘le prendre avec nous’ ! Il nous faut le prendre avec notre intelligence qui est illuminée tout spécialement par l’Esprit Saint donné au baptême, et qui revient en nous à chaque sacrement de l’Eucharistie et de pénitence. L’Esprit Saint est l’Esprit du Père et du Fils, l’Esprit au sens de la Personne d’amour qui relie le Père et le Fils dans un baiser mutuel. Mais aussi l’Esprit au sens de notre esprit ; quand le Père pense, il y a Son Esprit. Saint Paul dira : l’Esprit-Saint, c’est l’esprit du Christ. Celui qui est fils de Dieu a l’Esprit du Christ.
Donc, tout ce qui a été dit par le Père dans l’Ancien Testament comme tout ce qui a été dit par le Fils dans le Nouveau Testament, tout cela a été dit par l’Esprit de Dieu, par l’Esprit-Saint, sous la motion de l’Esprit-Saint. Il faut donc posséder, nous pauvres hommes créés, cet Esprit de Dieu, pour pouvoir comprendre comme le rappelle Saint Paul, ce que Dieu nous dit : « Nul ne sait ce qu’il y a en Dieu, si ce n’est l’esprit de Dieu. »
Il faut que je Le possède en moi : c’est le don de l’Esprit à l’Église (« Recevez l’Esprit-Saint… ») pour que ces mystères de Dieu soient compréhensibles, pour que je puisse les comprendre, c’est-à-dire que je puisse les prendre-avec-moi, les faire miens, vivre avec ! L’Esprit m’est donné pour que je puisse dire oui au mystère de la Sainte Trinité, pour que je puisse dire oui au mystère de la paternité de Dieu, pour que je puisse dire oui au mystère de l’Eucharistie, au mystère de l’Église, au mystère de la Rédemption du monde par le sacrifice de la Croix, folie, scandale pour les Grecs ou pour les Juifs, mais sagesse pour Dieu et ses enfants.
Saint Paul nous rappelle que nous sommes dépositaires de l’Évangile, que nous devons donc le garder dans sa pureté, dans son intégralité grâce à l’Esprit qui habite en nous. Que faisons-nous pour garder l’Evangile dans sa pureté, dans son intégralité ? Que faites-vous ? Que fais-je moi-même ?
Etre un évangile vivant pour mes frères !
Cet Esprit-Saint nous sert aussi, et je dirais, c’est l’acte le plus essentiel, Il nous sert à vivre cet Evangile, c’est à-dire à l’actualiser en nous, à le réaliser. Car il ne s’agit pas seulement de comprendre « aimez-vous les uns les autres », il s’agit surtout de désirer le vivre, de faire de cet ordre du Christ, de ce commandement nouveau ma devise profonde quotidienne : « Lorsque l’on te demande de faire dix pas, fais-en vingt… Lorsque l’on te demande ta tunique, donne ton manteau… Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse… Ne juge pas, et tu ne seras pas jugé… Donne avec abondance, une mesure bien tassée, débordante. »
Tous ces commandements de Dieu, une fois que je les ai compris dans l’Esprit du Christ, dans la justesse de l’intelligence de Jésus, il faut que je les fasse miens. C’est le meilleur moyen qui m’est donné, et, à vrai dire, le seul, pour transmettre l’Evangile ! Nous le comprenons bien : pour transmettre l’Évangile aux hommes, pour attirer les hommes à l’Eglise et par Elle au Royaume de Dieu, il faut qu’ils nous voient vivre cet Evangile dont nous devons donc être les témoins fidèles et vivants ! Et il pour qu’ils prennent notre message pour crédible, il faut qu’ils nous voient heureux de vivre l’Evangile !
Trop souvent, nous insistons sur le caractère peineux de la vie chrétienne. Mais cela frise l’erreur et le péché. Si Dieu nous donnait un Evangile pour accroître notre peine, il serait complètement illogique ! Comment voulez-vous persuader ceux qui nous entourent et qui ne sont pas ou peu croyants de l’utilité profonde, humaine de l’Evangile si vous commencez par leur dire que c’est difficile ? ! Parce qu’il faut aller à la messe, parce qu’il faut se confesser, parce qu’il ne faut pas faire de péchés etc, etc…
« Venez à moi, vous tous qui peinez ! »
L’Evangile doit être vécu, pris, considéré par nous chrétiens, comme LA nourriture quotidienne qui nous donne la force, la confiance, la joie, la charité, la patience et toutes les vertus nécessaires à la vie fraternelle !
Voilà comment nous devons arriver à comprendre l’Évangile et à le vivre. « Venez à moi, vous tous qui peinez » devons-nous dire avec Jésus à nos frères. « Venez à moi et je vous soulagerai. »
Mais si nous disons le contraire, si nous disons que notre morale est vieillotte, dure, ou si nous vivons de telle manière que ceux qui nous voient vivre, nous prennent pour des hommes et des femmes du passé, enfermés dans un carcan, et qui étouffent. Alors là, oui, on comprend que certains désertent la foi…
Demandons à l’Esprit de Dieu, en ce 27ème Dimanche, de nous faire comprendre en quoi pour nous l’Evangile, la Loi de Jésus, la Loi nouvelle est libératrice et porteuse de joie ! « Heureux les pauvres en esprit, heureux les persécutés, heureux ceux qui ont soif et faim de justice, heureux les cœurs purs car ils verront Dieu…» !