Le Confessionnal

Histoire

Le confessionnal est le meuble d’église destiné à l’audition des confessions et disposé de façon à séparer le confesseur du pénitent, tout en leur permettant de s’entendre. La pratique de la confession remonte aux origines de l’Église, comme l’atteste déjà l’épître de saint Jacques (Jc 5, 16). Souvent publique pour les péchés graves ou notoires, la confession du pénitent gagne un caractère de plus en plus privé à mesure que l’on se rapproche du XIème s., époque à laquelle elle devient strictement auriculaire : le confesseur est seul avec le pénitent et le principe du secret absolu prévaut. Le confessionnal est, à l’époque, réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire au sedes confessionnalis, un simple banc. Le prêtre s’y asseyait avec le pénitent et entendait sa confession, puis le conseillait ou l’admonestait, avant de lui demander de se mettre à genoux pour recevoir l’absolution. Au XIIIème s., le pénitent est à genoux pendant toute la durée de sa confession. Au XIVème s., certains conciles locaux recommanderont l’usage, surtout pour la confession des femmes, d’une petite cloison verticale dont le centre est percé d’une grille et le bas muni d’un agenouilloir (cf. ci-dessus). La confession des hommes s’effectue alors généralement in secretario, c’est-à-dire dans la sacristie fermée (chose formellement interdite pour les femmes !). La forme actuelle du confessionnal (cf. cicontre) est traditionnellement attribuée à saint Charles Borromée (1538-1584), archevêque de Milan à partir de 1560, qui en recommanda l’usage au premier concile du même lieu en 1565. De la province de Milan, l’obligation du confessionnal passera vite en d’autres pays, notamment en France, suite aux conciles d’Aix-en-Provence (1585) et de Toulouse (1590), et même dans tous les territoires de mission.

Description

La première qualité du confessionnal est la commodité, aussi bien pour le confesseur que pour les pénitents. La partie réservée au confesseur est une sorte de cellule munie d’un siège et assez large, haute et profonde pour que celui-ci puisse écouter suffisamment à son aise les confessions. Deux guichets grillagés s’ouvrent à droite et à gauche, obturables la plupart du temps par des volets coulissants. Une planchette, L’un des seize confessionnaux baroques fixée au-dessous, de l’abbatiale de Saint-Gall (Suisse), fin XVIIIème s. permettra au prêtre d’y appuyer son bras. La cellule peut être fermée par une porte, souvent à claire-voie dans sa partie supérieure, et munie d’une serrure. Les deux emplacements réservés, à droite et à gauche, aux pénitents, sont généralement occupés par deux agenouilloirs fixes, d’une hauteur et d’une largeur suffisantes, au-dessus desquels un crucifix est habituellement placé, voire même la formule de l’acte de contrition. Devant être d’un accès facile et garantissant en soi un certain isolement, ces compartiments ne sont pas censés être garnis en plus de rideaux. Le principe de confidentialité est ainsi balancé par le souvenir de l’antique confession publique. Enfin, là où les artisans peuvent laisser libre cours à leur talent artistique pour les autres éléments du mobilier liturgique, dans le cas du confessionnal, l’usage semble avoir privilégié la sobriété, tant dans le choix des matériaux (du bois, en général), de l’ornementation (sobre, la plupart du temps), que des dimensions (à taille humaine). Toutefois, certaines époques, notamment celle de la Contre-Réforme et du baroque, ont pu faire preuve d’une plus grande exubérance en façonnant de monumentaux confessionnaux, très richement sculptés ou ornés.

Utilisation

Il est recommandé, dans la pratique, de placer le confessionnal dans un endroit ouvert et bien visible, mais en même temps un peu à l’écart, tant pour éviter un encombrement qui pourrait gêner la circulation dans l’église, que pour faciliter le rôle du prêtre et la confiance du pénitent. L’entrée de l’église, les bas-côtés ou les chapelles latérales sont ainsi les endroits les plus indiqués. Une chapelle dédiée toute entière à la pénitence est l’idéal.  Lors de la confession, le pénitent est à genoux jusqu’à la fin de l’absolution, en signe de contrition… puis de relèvement. Le prêtre, quant à lui, est assis et doit normalement être revêtu de l’étole violette sur le surplis. S’il confesse hors du confessionnal, l’étole violette peut suffire.

Aujourd’hui

L’usage du confessionnal tel qu’il a été décrit ici s’est de nos jours beaucoup réduit. La faute peut en être imputée à une certaine désaffection des décennies récentes pour le sacrement de la confession dans sa forme traditionnelle, sans doute à cause de l’aspect assez austère qu’il a pu prendre dans l’inconscient collectif. Dans les églises les plus fréquentées, il peut arriver qu’on installe des « bureaux de confession », le plus souvent conçus comme un lieu d’accueil aux parois vitrées, sis à l’intérieur même de l’église, muni d’un bureau et de sièges. Peut-être les paroisses concernées tentent-elles, par ce moyen, de réapprivoiser les fidèles les plus frileux afin de permettre, malgré tout, une vraie démarche pénitentielle. Ainsi, plutôt que de fustiger le manque d’esthétique de ces bureaux d’accueil, pourrait-on y voir un retour à l’antique usage du sedes confessionnalis. Toutefois, dans les pays moins touchés par la déchristianisation ambiante, le confessionnal traditionnel, voire simple (c’est-à-dire réduit à une paroi et à un agenouilloir), est encore largement en usage.

Pour les curieux…

Au moyen-âge, les hommes se confessaient dans une pièce à l’écart, in secretario. Cette expression serait à l’origine du mot « sacristie ». Dans les Églises orientales, le confessionnal est inconnu. La pratique s’est maintenue pour le prêtre d’utiliser le banc de confession, ou bien d’entendre celle-ci debout avec le pénitent, au fond de l’église, ou encore dans la sacristie, selon l’usage de chaque Église.