Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« LA VIE ETERNELLE EST QU’ILS TE CONNAISSENT AINSI QUE CELUI QUE TU AS ENVOYE… »

Lectio divina pour le 2ème Dimanche de Carême Année C
Gen. 15, 5…18 Phil. 3, 17-4, 1 Lc. 9, 28-36

Comme nous le soulignions dans notre Lectio de dimanche dernier, l’introït du 2ème dimanche confirme que le Carême est avant tout une recherche de Dieu, un désir d’entrer en communion d’amour avec Lui : « Mon cœur t’a dit : je cherche ton visage, ne détourne pas de moi ta face. »

« On ne vit plus que Jésus seul. »

C’est cette recherche de l’union amoureuse qui entraîne l’âme à partir au désert, à s’isoler, même si c’est dans la difficulté de l’imprévisible et la souffrance d’un silence inhabituel, pour se retrouver seule avec le Seul : « On ne vit plus que Jésus seul. » dit l’évangile.

L’âme est en attente, elle désire que l’amour (le sien et le Sien) la cache au plus secret de la tente : dans Son intimité à Lui et à elle. L’âme désire descendre en son tréfonds pour y rencontrer le Créateur qui s’offre à elle comme un époux (cf. Is. 54, 5).

C’est une aspiration concrète à renouveler et développer ce que les mystiques du Désert et, plus tard, la mystique orientale, appellent la garde du cœur.

Il s’agit, tout simplement, que mon esprit garde le cœur, comme l’on dit à un malade de garder la chambre. Garder le cœur est une absolue nécessité pour y contempler, dans la solitude spirituelle, Celui qui se donne à nous comme un Epoux, par Son Esprit d’Amour et pour répondre à cette Alliance par le don entier de notre personne, ainsi que le font deux conjoints appelés à ne faire qu’une seule chair.

En un mot, c’est vivre, en pleine conscience, le mystère de notre baptême qui nous a unis au Christ dans Sa mort pour partager en Dieu Sa vie nouvelle.

« Tu nous as dit d’écouter ton Fils bien-aimé… »

Le silence de solitude que le désert de Carême offre à l’âme permet donc à celle-ci, non seulement de contempler, mais d’être tout à l’écoute de Celui qui, après la Loi et les prophètes, achève la Révélation en Se montrant comme Créateur et Époux.

C’est le sens de la Collecte : « Tu nous as dit d’écouter ton Fils bien-aimé… »

Comme Marie aux pieds de Jésus, en Carême, notre âme prend cette posture d’écoute amoureuse pour retrouver le sens des Paroles de Jésus, pour détecter en elles la tendresse du Père que le Fils est venu manifester, pour expérimenter, dans la Nuée de l’Esprit, la puissance de Sa miséricorde, et pour y répondre, en reconnaissant notre fragilité, nos chutes, afin de nous en relever avec Son aide pour fortifier l’alliance d’amour qu’Il nous propose inlassablement, jetant derrière nous nos infidélités…

Si nous entendons si mal les appels à la vie que Dieu nous lance, si nous sommes sourds à Ses démarches d’amour, c’est parce que nous restons dans un bruit qui nous éloigne et couvre Sa Voix. Notre bruit intérieur nous maintient à distance d’avec Lui alors qu’Il n’attend que notre approche : « Revenez vers moi, et je reviendrai vers vous ! »

Et Il précise avec Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur. » De tout mon cœur veut dire dans la vérité de ma personne, mais aussi dans le dynamisme d’une âme qui cherche à être aimée et à se donner totalement dans un échange des cœurs !

La Gloire de Dieu, c’est Son Amour…

Cette écoute de la Parole me nourrit et me permet donc de vivre avec Dieu « dans la vérité de l’amour » poursuit la Collecte. Car, comme pour toute relation humaine, surtout affective, la confiance que l’on donne à l’autre doit être entretenue.

Or elle l’est par les paroles. Je donne ma confiance à ce que l’autre me dit de lui-même ou de son sentiment pour moi. Comment avoir foi en Jésus si je n’ai pas matière en quoi mettre ma confiance ? Les paroles de Jésus sont donc les aliments premiers pour permettre ma foi et la nourrir.

Et lorsque ma confiance s’affermit, alors mes yeux voient celui que j’aime dans la vérité de sa personne. Rien de lui ne m’échappe et je l’accepte tel qu’il est dans ses limites et dans ses valeurs. Il en va de même pour ma relation à Jésus qui est une relation interpersonnelle. Lorsque je L’écoute en vérité, je reçois de Lui ce qu’Il est ; et, dans le dynamisme de la confiance, je contemple alors la vérité de Son amour pour moi, comme pour chacun.

Je discerne combien cet amour s’enracine dans Sa communion au Père dont Il est le Fils et le Révélateur. Je comprends alors à quelle Gloire Il participe. Je saisis quelle Gloire est la Sienne par cet Amour infini qu’Il me porte, même si, dans Son Incarnation, Il l’a laissée voilée.

« Père glorifie ton Fils de la gloire qu’il avait auprès de Toi. »

La Transfiguration de Jésus, dont nous faisons mémoire en ce 2ème dimanche, est un appel à entrer dans la contemplation de Jésus glorifié, Fils bien-aimé qui étend aux hommes l’amour reçu de Son Père.

Nous ne pouvons y entrer que dans la confiance avec laquelle nous recevons Ses Paroles : « Père glorifie ton Fils de la gloire qu’il avait auprès de Toi. »

Nous savons que cette glorification que Jésus demande, c’est celle de la Croix qu’Il acceptera par Amour du Père, pour ne perdre aucun de ceux que le Père Lui a confiés et pour qu’ils aient tous accès à la Vie.

La Transfiguration est indissociable de la Croix qu’elle annonce. C’est à la Croix que le Christ trouve et le trône et la gloire. Car c’est à la Croix qu’Il manifeste au plus haut point Son Amour pour le Père et Ses frères : « Sachant que l’heure était venue, Jésus ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout. »

Voilà la Gloire que la foi en les paroles du Maître permet de discerner à celui qui sait écouter et méditer comme le chante l’Offertoire : « Meditabor… Je méditerai tes préceptes que j’aime… » Et pour ce faire, il faut entrer dans l’amoureux silence du désert et de la solitude.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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