Derniers jours avant Noël : Prier avec les « grandes Ô »

Samedi 17 décembre 2022

Alors que la venue du Sauveur dans nos vies se fait proche, arrêtons-nous sur la manière dont l’Église nous prépare à Noël avec la célébration des grandes Ô et la prière du Magnificat. Ces sept célèbres antiennes qui commencent par « Ô » suivi d’un nom de Dieu, sont bien, comme le remarquait Mgr Martimort, « porteur de toute l’espérance actuelle de l’Eglise ». En elles, dit-il, « la liturgie de l’Avent atteint sa plénitude ». Entrons donc dans le mystère de Noël en se laissant façonner par ces prières…

Qu’est-ce qu’une « grande O » ?

Les Grandes O, ainsi appelées parce qu’elles commencent toutes par l’exclamation « O », suivie d’un titre donné au Messie, sont des antiennes, c’est-à-dire des pièces chantées qui encadrent le chant d’un psaume et lui impriment le caractère spécifique de la fête. A proprement parler il est plus correct de les désigner par leur titre complet: «Grandes antiennes O». Elles ont toutes la même mélodie et sont construites sur le même plan : une invocation au Messie et un appel ardent à sa venue : Veni.

Des documents les attestent dès le 6ème siècle et on les trouve déjà dans le Responsorial attribué au Pape saint Grégoire († 604).

Chantées du 17 au 23 décembre, chacune de ces antiennes (qui sont au nombre de sept, chiffre hautement symbolique) s’adresse au Messie en l’invoquant d’un titre emprunté à l’Écriture :

O Sapientia (O Sagesse), O Adonaï (O Adonaï) O Radix Jesse (O Rameau de Jessé), O Clavis David (O Clef de David), O Oriens (O Aurore), O Rex gentium (O Roi des nations), O Emmanuel (O Emmanuel)

En remontant de la dernière à la première antienne, les lettres initiales des titres forment un ingénieux acrostiche en latin : Ero cras, Je serai (là) demain.

L’usage actuel de l’Église est de les chanter aux Vêpres avec le Cantique solennel du Magnificat.  A cette heure vespérale, presque nocturne en ce mois de décembre, il y a quelque chose de saisissant à entendre leur chant, mêlé aux cloches, qui nous emporte soudain vers un ailleurs, un rêve devenu sonore, une intense prière de désir au seuil de la Nativité. Dom Guéranger nous fait remarquer combien est propice cette heure des Vêpres pour lancer ces appels pressants vers le Messie (des «cris» selon son expression), car, dit-il, c’est sur le soir du monde que le Messie est venu.