Mobilité des prêtres #2 :

des sacrifices au service de la mission de l’Eglise

jeudi 22 octobre 2020

La mobilité des prêtres est souvent un sujet de critiques au sein d’une paroisse à l’égard de la hiérarchie du curé déplacé. Pour don Guillaume, en mission à Dijon, ces départs sont souvent un sacrifice tant pour le curé que pour les paroissiens, mais s’ils sont vécus sous l’angle de la mission, « qui est l’angle de l’amour, ça change tout ! »

 

 

Parfois les gens tiennent les supérieurs non seulement comme responsables, mais comme coupables de nos mutations ! Il faut se souvenir d’une part que notre disponibilité fait partie de notre engagement sacerdotal, de notre pauvreté volontaire, de la mise à disposition de toute notre vie par amour du Seigneur Jésus et de son Eglise : quand nous obéissons à un supérieur, nous avons conscience de répondre à Jésus qui a le droit de nous demander quelquefois des détachements, même difficiles ! D’autre part, que les supérieurs ont conscience qu’une mutation « coûte », représente des sacrifices pour le prêtre comme pour les fidèles : mais le critère principal sera celui de la mission portée en communauté. Ce n’est pas seulement le principe de se résigner aux mutations en disant « on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs » ; c’est plutôt de consentir à participer à la mission de l’Eglise qui est une charité, et que cette charité repose sur le sacrifice commun des prêtres (qui acceptent une nouvelle nomination) et des fidèles (qui acceptent de recevoir un nouveau pasteur – et il faut bien laisser partir l’autre sinon il y aura un problème de place au presbytère !). Si on le regarde sous l’angle de la mission, qui est l’angle de l’amour, ça change tout !

Je ne peux enfin parler de la mobilité par rapport à nos paroisses, sans parler de la mobilité par rapport à nos frères de communauté. Une communauté locale, c’est une véritable fraternité, où l’on apprend à se connaître profondément, où l’on partage la prière, les grands désirs apostoliques, ses propres blessures humiliantes, le pardon, et surtout la recherche de Dieu. C’est un lieu de vie dans l’Esprit Saint : on ne peut pas séparer l’authenticité de la vie fraternelle et l’authenticité de la vie dans l’Esprit. Même si les presbytères de la Communauté Saint-Martin, c’est un peu comme le Macdo – on a partout à peu près le même menu –, il faut, dans une nouvelle communauté, tisser de nouvelles relations, accepter de faire confiance, de coopérer avec des frères différents, d’être soi-même, avec ses poids morts et ses enthousiasmes…

En quittant Nogent le Roi, le curé m’a dit : « n’oublie pas de leur donner ton mode d’emploi là-bas » ! Mode d’emploi qu’il avait mis du temps lui-même à découvrir (et du coup, à m’expliquer et à utiliser dans le bon sens !) et plein de charité, il me recommandait de faire gagner du temps à tout le monde. A peine arrivé, nous avons pu ainsi partager nos « modes d’emploi » en communauté (comment réagis-tu quand tu es sous pression ? Comment peut-on t’aider quand tu t’isoles ? etc…). Et la mobilité, ça sert justement à ça aussi : on capitalise de l’expérience au sujet de la vie commune, pour la redémarrer ailleurs avec plus de sagesse et de facilité, parce qu’on a descendu un peu les degrés de « l’escalier de l’humilité » comme dirait Saint Bernard…