Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« CHANTEZ AU SEIGNEUR UN CHANT NOUVEAU, CAR IL A FAIT DES MERVEILLES ! »

Lectio divina pour le 5ème Dimanche de Pâques
Ac.14, 21-27 Ap.21, 1-5 Jn.13, 31…35.

« Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles. » Tel un écho lointain, l’introït de ce 5ème Dimanche de Pâques vient résonner fortement à nos oreilles et réveiller peut-être notre cœur engourdi par ce mois déjà écoulé depuis la Résurrection. La liturgie vient nous sortir de notre torpeur mystique en nous rappelant la réalité profonde de notre union à Dieu.

« Nous aimons parce que Dieu Lui-même nous a aimés le premier. »

En effet, ce n’est pas notre sentiment qui, de lui-même, nous oriente vers Dieu et nous rapproche de Lui. La mystique dans laquelle le chrétien est entré avec le Temps Pascal est objectivement fondée sur une réalité nouvelle.

Par la Résurrection nous sommes devenus les enfants de Dieu et, si nous avions besoin d’une preuve d’amour de ce Père qui se découvre ainsi, il ne reste à chacun qu’à porter son regard vers la Croix, signe unique d’un Amour unique ! Oui, saint Jean nous l’affirme : « nous aimons parce que Dieu Lui-même nous a aimés le premier. » (1Jn 4, 19)

Il nous faut rappeler quels sont les merveilleux fruits de cette divine adoption filiale opérée par le mystère d’un Dieu qui nous aime au point de donner Sa vie pour Son enfant. Le premier fruit, et le plus évident, que la Collecte nous indique est la Vie éternelle. Il semble en effet logique à ceux qui sont adoptés de jouir de l’héritage paternel. Et dans le cas de Dieu, c’est, bien sûr, l’éternité même de la Vie du Père adoptif.

« Accorde-nous la vraie liberté… »

Mais il y a un second fruit, auquel nous pensons moins tant il paraît peu spécifique de Dieu depuis que les sociétés humaines ont entrepris de le conquérir par elles-mêmes. Ce fruit, c’est la liberté ! D’instinct, nous dirons que ce bien n’est pas propre à Dieu. La preuve en est qu’on le retrouve en l’homme et que celui-ci n’est pas prêt de l’oublier comme étant son bien propre tant il lui fallut lutter pour, croit-il, l’obtenir.

Qu’est-ce que la vraie liberté ? Telle est la question. Car c’est bien de cette vraie liberté que parle la Collecte : « Accorde nous la vraie liberté et la vie éternelle. »

La vraie liberté ne peut être qu’une liberté totale, infinie, sans aucune incurvation sur le sujet dont elle est issue. Or, on n’est libre que de ce que l’on a donné. Contrairement à la vision sociale ou politique de la liberté, la liberté dont il est question, celle qui est un bien de Dieu c’est la liberté de soi. Cette liberté s’enracine dans le don. Plus on donne et moins on possède, plus on est libre.

La vraie liberté est atteinte quand on donne tout, c’est à dire soi-même, son être le plus intime. Or Dieu seul est capable de ce don puisqu’il est le Maître absolu de la Vie. Chaque Personne de la Trinité existe dans le don qu’Elle fait d’Elle en permanence à travers Sa relation aux deux Autres Personnes. Le Père n’est Dieu que dans Sa relation au Fils et le Fils que dans Sa relation au Père. Les deux se donnent l’un à l’autre dans une relation mutuelle parfaite et substantielle : l’Esprit d’Amour.

« …et la vie éternelle. »

Lorsque Dieu donne à l’homme de participer à Son héritage en en faisant Son fils, Il lui fait l’extraordinaire cadeau de pouvoir vivre comme Lui, dans une liberté absolue qui se définit par le don total de soi à l’Autre et à ses représentants multiples que sont les autres !

Cette liberté, qui ne peut avoir qu’une origine divine, n’a aussi qu’une seule fin, la Vie éternelle. Les libertés humaines, ne sont en fait que des libertés publiques.

La liberté vraie, divine, parfaite, qui s’exprime par le don entier de son être à l’autre, cette liberté-là ne peut avoir qu’un seul estuaire où elle se déverse : la Vie éternelle.

Car la Vie, qui vient de Dieu et se définit par l’amour, emporte dans sa plénitude l’être qui la reçoit comme telle et fait de son existence un don total de lui-même. La Vie s’unit alors à lui. La Vie et l’homme ne font qu’un. C’est la dimension mystique de la vraie liberté.

« Par Jésus-Christ Notre Seigneur. »

Cette extravasion de la liberté dans la Vie éternelle, c’est la leçon que nous donne le Mystère Pascal du Seigneur. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, se justifie la conclusion de nos oraisons comme cette Collecte : « Puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et (donc) la vie éternelle. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. »

Et, à la lecture de la péricope évangélique, nous saisissons que cette Vie éternelle à laquelle nous pouvons accéder, grâce au Christ, n’est rien d’autre que la Gloire divine à laquelle les enfants de Dieu sont appelés à la suite du Fils Unique.

Mais le plus beau est de savoir que la Gloire de Dieu, n’est rien d’autre que cette Vie éternelle offerte à l’homme par Amour !

Comme le dit Jésus en des paroles si mystérieuses et en même temps si profondes en ce qu’elles révèlent combien le bonheur de Dieu et celui de l’homme sont indéfectiblement liés et ne font qu’un : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire. »

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

Retrouvez la lectio divina quotidienne (#twittomelie, #TrekCiel) sur tweet : @mgrjmlegall