ÊTRE PARCE QUE L’ON SE DONNE…
En fait, le mystère trinitaire nous enseigne autre chose.
Ce que Jésus nous dévoile de la Trinité dépasse infiniment un rassemblement sociologique. Le droit d’exister, dans la révélation que le Christ fait dans l’Évangile de la Vie de Son Père, de la Vie de l’Esprit, de Sa propre Vie de Fils, le droit d’exister est retourné complètement.
La Personne en Dieu, la Personne du Dieu-Père comme la Personne du Dieu-Fils, n’existe que dans la mesure où Elle se donne ! Le Père n’existe que comme Père, c’est à dire parce qu’Il engendre le Fils. Dieu-Fils n’existe que parce qu’Il se reçoit du Père et se donne à Lui. Il ne peut y avoir de Personne vivant en solitude, égoïstement repliée sur elle-même.
Ce n’est plus un droit à l’existence. Plus exactement, l’existence en Dieu, si l’on pouvait parler de « l’accomplissement » de la Personne de Dieu est dépendante du don. Tout à l’inverse donc de notre conception humaine pour laquelle nous prétendons avoir un droit d’exister, un droit à nous accomplir, droit que nous devons faire respecter à tout prix, même au prix du fusil…
Dans la Trinité, c’est l’inverse. Le droit à exister, l’existence de la Personne de Dieu, de chacune des trois Personnes de Dieu est dépendante du don que cette Personne fait aux deux autres. Voilà la révélation du mystère de la Trinité !
Or, la Trinité est notre milieu vital puisque nous avons été créés à l’image de Dieu. Donc, notre personne humaine, avant d’avoir un droit à l’existence, le fameux « droit de l’homme », notre personne humaine se construit, s’épanouit, atteint sa plénitude à l’image des personnes divines, c’est-à-dire dans la mesure où elle s’oublie, où elle se donne.
Comme cela changerait nos relations sociales, politiques, familiales, si nous essayions, nous chrétiens, de vivre à l’image de ces trois Personnes divines qui ne sont que parce qu’elles s’oublient !
« LE CHRIST RÉVÈLE L’HOMME À L’HOMME »
C’est pour cela que le Fils est venu : pour nous donner accès au monde de la grâce, c’est-à-dire au monde de la gratuité comme nous le rappelle Saint Paul.
Qu’est-ce qui est gratuit maintenant ? Rien… Rien n’est gratuit dans notre monde. Il n’y a qu’une seule chose que la société ne peut nous enlever à nous les hommes, c’est la gratuité du cœur. Et encore, c’est très difficile de faire la charité… Quelquefois, lorsque nous voulons faire la charité vis–à–vis de certaines personnes, l’État nous en empêche carc’est humilier les pauvres ! Et donc, nous n’avons pas le droit de donner !
Le Christ est venu pour nous réapprendre à considérer la construction de la personne humaine, non pas comme un droit, mais comme un don. C’est pour cela que l’Esprit Saint,c’est-à-dire l’Esprit de Dieu, l’Esprit de l’Amour, l’Esprit du Don, a été diffusé dans notre cœur, toujours selon Saint Paul.
L’Église possède depuis la Pentecôte, que nous avons fêtée dimanche dernier, les arrhes, les prémices, les principes de cet accomplissement de l’homme, de toute l’humanité parce qu’elle a reçu l’Esprit Saint qui est l’Esprit de l’Amour qui relie le Père au Fils et le Fils au Père, qui « établit » la Personne du Père et la Personne du Fils à partir de l’oubli de soi, du don total, jusqu’à l’anéantissement, comme Jésus s’offrant au Père sur la Croix !
« AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES… »
L’Église proclame donc la véritable dignité de l’homme révélée par l’Évangile et qui consiste à se construire, avec la grâce, par le don aux autres.
Conscients de la responsabilité que le Christ a confiée à chacun, nous devons travailler à réaliser notre personne selon le plan divin en mettant le service des frères au premier plan de nos soucis quotidiens.
C’est cette pratique de la charité par le don et l’oubli de soi qui construira notre propre personne et lui permettra de s’achever à l’image des Personnes divines : « Tout ce que vous demanderez au Père, Il vous l’accordera, ce que je vous demande, c’est de vous aimer les uns les autres… »