Lectio divina

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour l’Ascension due Seigneur

L’ASCENSION, C’EST LA CREATION DU CIEL !

« Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, emplis-nous de joie et d’action de grâce parce que, par cette fête de l’Ascension, nous célébrons notre victoire : nous sommes les membres de Son Corps et nous vivons déjà en espérance là où Il est. » Voici la collecte qui rassemble l’Église pour la célébration de cet évènement un peu mystérieux, au sens humain et divin du mot, qu’est l’Ascension. Et nous devrions trouver curieux que l’Eglise nous demande de nous réjouir du départ de Jésus, à l’instar des apôtres qui s’en furent tout joyeux pour proclamer la Bonne Nouvelle …

Quelle Bonne Nouvelle ? La bonne nouvelle de la disparition de Jésus ? Mais oui ! ! Effectivement, et si étrange que cela puisse paraître, c’est à partir du moment où Jésus s’en va, laissant derrière Lui la proximité physique qu’Il a entretenue avec les siens, c’est à partir de cet instant que l’Église peut se réjouir pleinement et en toute légitimité. Pourquoi ?

Le Père est plus grand que moi

Il fut un temps où il était de mode de penser que Jésus ne s’était pas élevé au Ciel. Cette vue de l’évènement relèverait d’un infantilisme théologique. Il fallait parler plutôt du Christ d’en avant, mais surtout point de cette image d’Epinal décrivant Jésus prenant un ascenseur mystique pour quitter notre plancher des vaches et rejoindre ainsi un ciel plus ou moins hypothétique et, il faut bien le souligner, d’une clarté plutôt moyenâgeuse…

Or, il faut au contraire insister sur ce détail repris plusieurs fois par les évangiles à savoir que Jésus s’est élevé pour s’asseoir à la droite du Père. Il faut insister sur ce détail car ce mouvement ascensionnel est le symbole le plus fort signifiant le sens profond du mystère que nous célébrons aujourd’hui. En effet : Jésus s’en va. Et pourtant, dans l’Evangile de Matthieu, Il nous assure qu’Il reste avec nous jusqu’à la fin du monde. Jésus s’en va, et nous avons vu pourtant, pas plus tard que dimanche dernier, qu’Il nous demandait de demeurer en Lui. Alors ?

Comment voulez-Vous, Seigneur, que je demeure en Vous, comment voulez-Vous que je prenne au sérieux cette promesse que Vous soyez totalement en moi, si Vous partez ? Eh bien justement ! C’est parce qu’Il part qu’Il peut être en chacun et chacune d’entre nous parce qu’en partant et en allant au Père, Il peut alors être partout où Dieu est, Lui, le Fils incarné !

Dieu est au-dessus de tous, nous dit Paul dans la lecture, parce qu’Il est le pur Esprit Créateur. C’est parce qu’Il est le Créateur de tous les êtres qu’Il est en eux. Et pour que le Fils, avec Sa nature humaine, dans Son mystère d’Incarnation-Rédemption (je ne parle pas du Verbe qui est toujours dans le sein du Père, mais du Verbe incarné), avec les stigmates de Sa Passion et de Sa mort, c’est-à-dire avec Son caractère sacerdotal, médiateur, sauveur, pour que cet homme-là soit en chacun et chacune d’entre nous, il fallait qu’Il soit en Dieu, en ce Dieu qui « est au-dessus de tous, par tous et en tous. »

« Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde »

Voilà pourquoi il est nécessaire d’insister sur cette précision évangélique nous rappelant que Jésus n’a pas quitté la terre n’importe comment mais qu’Il s’est élevé pour s’asseoir à la droite de Son Père, c’est-à-dire pour être en Dieu avec Sa nature humaine. Alors, étant en Dieu avec Sa nature humaine de Sauveur, Il peut être avec cette même nature salvatrice en chacun de nous ! Donc l’Ascension, bien loin d’être un départ, est la garantie de la présence indéfectible, totale, plénière, personnelle, de Jésus en chacun de nous. C’est donc aussi, du même coup, la garantie de ma présence possible en Lui.

Voilà le premier motif de notre joie : la certitude, par l’évènement de l’Ascension que nous sommes membres de Son Corps. Nous ne faisons qu’un avec Lui. Si Jésus était resté sur terre, Il n’aurait été qu’à côté de nous, comme du temps des Apôtres. Mais Jésus est victorieux du temps et de la distance, après l’avoir été du péché. Il ne sera plus seulement à côté, mais en nous ! Oui, par Son mystère d’Ascension, nous sommes, nous les baptisés, membres de Son Corps dans une unité qui, nous rappelle Paul dans son Epître, est totale car Il est tout en moi et je puis être tout en Lui…

Spe Salvi sumus

La collecte se poursuit : « Là où Il est, nous vivons déjà en espérance. » C’est la conclusion logique.

Si je fais partie de Son Corps, si l’Eglise dans sa totalité est le Corps, et Jésus la Tête, alors l’Eglise est appelée à vivre ce que la Tête du Corps a vécu. Si la Tête, si Jésus, le Verbe dans Sa nature humaine, se retrouve assis à la droite de Dieu, dans un Face à Face de plénitude, éternel, avec cette humanité qu’Il a prise et unie à Sa divinité, c’est la garantie que toute l’humanité, chacun de nous donc, en tant que nous participons à cette humanité, peut se retrouver un jour face à Face avec le Père…

Le mystère de l’Ascension garantit, non seulement la présence de Jésus dans le Corps qu’est l’Eglise, mais aussi la continuité des actes de Jésus par Son Corps, et en particulier la présence éternelle à Dieu.

L’Ascension n’est pas seulement l’ouverture du Ciel, la promesse du Ciel, c’est la création du Ciel… Qu’est-ce en effet que le Ciel ? Un lieu ? Non, mais un état. C’est l’état de l’homme face à Face avec Dieu ; c’est l’état de l’homme qui voit Dieu sans le voile de la foi, directement, et qui peut ainsi L’aimer parfaitement. L’Ascension, c’est donc la création du Ciel car c’est la première fois qu’un homme, Jésus, vit le face à Face avec son Dieu !

Voilà ce qui cause la joie de nos cœurs, devant cet évènement de l’Ascension.

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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