Saint Martin l’Apôtre-Moine

A Marmoutier St Martin vivait une vie intense de prière. Sulpice Sévère écrit qu’après son ordination épiscopale, Martin, « pendant quelque temps, logea dans une cellule attenante à l’église. Puis, comme il ne pouvait supporter le dérangement que lui causaient ses visiteurs, il aménagea pour lui une cellule de moine à deux milles environ en dehors de la cité. »

Pour Martin, Marmoutier a été non seulement son havre de silence et de contemplation, mais le canalisateur de son zèle pastoral. Je vois dans ce retour à une terre monastique, non pas un retour à une vie « plus religieuse », rassurez-vous mes frères !, mais un appel à nous enraciner dans une vie contemplative plus profonde, à une vie intérieure à la suite du Christ qui « le jour prêchait, et priait la nuit ». Jésus a acquis ses disciples de Dieu. Nous ne pouvons pas gagner les hommes au Christ, par nous-mêmes, par nos méthodes pastorales. Nous devons les obtenir de Dieu. Toutes les méthodes sont vides sans le fondement de la prière. La Parole de l’annonce doit baigner dans une intense vie de prière. C’est là, et seulement là qu’elle trouve sa fécondité apostolique.

Marmoutier a été un important centre d’évangélisation, une racine de la charité du service de la vérité. A partir de ce lieu, Martin n’a cessé de donner ce dont les hommes ont tant besoin : la vérité de la foi. A partir de ce lieu, saint Martin a combattu le culte des idoles qui, semble-t-il, pullulaient dans la région. Ce culte devait être terriblement oppressant. Impossible, en effet, d’espérer comprendre un dieu irrationnel, impossible de compter sur la miséricorde d’un dieu sans cœur.

Dans sa lettre apostolique Au début du Nouvel millénaire, Saint Jean-Paul II écrivait : « Beaucoup de choses, même dans le nouveau siècle, seront nécessaires pour le cheminement historique de l’Église; mais si la charité (l’agapè), fait défaut, tout sera inutile… C’est l’heure d’une nouvelle « imagination de la charité », qui se déploierait non seulement à travers les secours prodigués avec efficacité, mais aussi dans la capacité de se faire proche, d’être solidaire de ceux qui souffrent, de manière que le geste d’aide soit ressenti non comme une aumône humiliante, mais comme un partage fraternel… Pour cela, nous devons faire en sorte que, dans toutes les communautés chrétiennes, les pauvres se sentent « chez eux ». Ce style ne serait-il pas la présentation la plus grande et la plus efficace de la bonne nouvelle du Royaume? Sans cette forme d’évangélisation, accomplie au moyen de la charité et du témoignage de la pauvreté chrétienne, l’annonce de l’Évangile, qui demeure la première des charités, risque d’être incomprise ou de se noyer dans un flot de paroles auquel la société actuelle de la communication nous expose quotidiennement. La charité des œuvres donne une force incomparable à la charité des mots

« Nous devons accepter de nous perdre nous-mêmes pour le Royaume »

Oui, nous devons accepter de perdre quelque chose, surtout de nous perdre nous-mêmes pour le Royaume. Vivons comme Martin, la spiritualité de l’exode, lui qui fut un grand itinérant pour le Royaume.

Avec Saint Martin que la prière soit l’occasion d’un détachement, mais vivons-la comme un appel à entrer dans une spiritualité de la confiance et de la disponibilité totale à Celui qui nous conduit et dont la présence nous est assurée jusqu’à la fin des temps (Mt 28, 20).