Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« BAPTISEZ-LES AU NOM DU PERE, DU FILS ET DU SAINT ESPRIT ! »

Lectio divina pour la solennité de la Trinité
Ex.34, 4-9 2Co.13, 11-13 Jn.3, 16-18

Avec la fin du temps pascal, se termine le temps liturgique qui nous a fait vivre, depuis l’Avent, les mystères de la vie de Jésus. Commence ensuite le temps dit « ordinaire », le temps en vert, anciennement appelé, avec plus de justesse, le « temps après la Pentecôte. » Avec plus de justesse, car cette dénomination nous renvoie au mystère de l’Église et nous fait donc comprendre que ce temps ordinaire est, en réalité, un temps exceptionnel.

Le Temps Ordinaire, temps de l’Eglise par excellence…

C’est le temps qui nous est laissé, jusqu’au premier dimanche de l’Avent prochain, pour que nous mettions en application, dans notre vie, les mystères de Jésus que nous venons de célébrer dans la première partie de l’Année Liturgique. C’est le temps de l’Église par excellence.

Entre ces deux temps liturgiques -temps de Jésus et temps de L’Église-, il y a deux dimanches charnière.

Dimanche prochain sera le dimanche de la Fête-Dieu. Nous célèbrerons l’Eucharistie, notre Pain de Vie donné par le Christ pour nous fortifier dans notre démarche d’application de Ses mystères en notre vie.

Et aujourd’hui il y a ce dimanche où nous célébrons la Sainte Trinité. C’est le dimanche de la compréhension même de cette démarche chrétienne.

« Viens, suis-moi ! »

Revenons à cette vie de Jésus qui nous a été présentée de l’Avent à l’Ascension à travers le rythme des fêtes liturgiques. À travers elles, nous avons pu contempler Sa naissance, Sa vie publique, Sa passion et Sa mort, Sa Résurrection enfin.

Cette vie de Jésus signifie deux choses,

Elle signifie d’abord ce qui, de la part de l’homme, plaît à Dieu, à la Trinité. Elle exprime ce que Dieu attend de l’homme. Jésus est l’Homme Nouveau. Il est l’homme établi dans la perfection.

Jésus est le Fils ; et en vivant devant nous Sa prière, Son adoration, Son amour du Père, Sa charité vis-à-vis de Ses frères les hommes, en vivant, en assumant une certaine souffrance, Jésus nous dévoile ce que Dieu attend de tout homme.

« Qui me voit, voit le Père… »

La vie de Jésus signifie une autre chose encore plus profonde.

C’est dans Sa vie que la sainteté trinitaire transparaît puisque Jésus, Verbe incarné, est la deuxième personne de la Trinité.

La vie de Jésus, c’est la sainteté trinitaire traduite en humanité. C’est la sainteté divine en comportement humain, concret, sensible, palpable : « Qui me voit, voit le Père » ! Qui voit vivre Jésus, voit ce qu’est la Vie trinitaire, la sainteté et la joie trinitaire, l’amour, la paix trinitaire. Il le voit comme un homme peut voir. Soit avec les yeux, comme les apôtres ; soit à travers la foi dans l’Évangile, comme nous chrétiens du temps de l’Église.

« Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. »

Le baptisé qui suit Jésus, qui cherche à s’imprégner de Ses vertus, qui se conforme à l’agir du Christ, cet homme-là entre dans la Vie trinitaire ! Le chrétien qui imite le Christ, est tout différent de l’homme engagé par un maître et qui effectue au mieux son service afin d’être définitivement engagé. Nous avons une vue trop matérialiste de la vie chrétienne : nous prenons la vie pour une sorte d’épreuve, de période de probation à la fin de laquelle il nous serait possible, peut être, d’entrer dans la Vie éternelle. À titre de récompense.

Dieu n’est pas un examinateur ! Il n’est pas venu pour juger. C’est Jésus qui le rappelle Lui-même à plusieurs reprises. Lorsque je me laisse configurer à Jésus, j’entre dans la Vie trinitaire. Je suis conformé à l’Être substantiel, et donc à l’agir de Dieu ! Souvenons-nous de ce que disait Jésus : « Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître », dans la joie trinitaire…

« Le Père et moi nous sommes un. »

Il nous faut insister sur ce point fondamental de notre christianisme : lorsque je me conforme à Jésus, expression sensible de la Vie trinitaire, j’entre, je me mets dans la mouvance de la sainteté trinitaire. Je Lui appartiens entièrement.

J’y entre comme fils. Parce que, à la demande du Père, le Fils par nature a donné aux hommes de pouvoir devenir enfants de Dieu… Je suis alors l’homme du Christ, l’homme christique ; celui qui, comme Jésus, désire la gloire du Père.

Mieux, comme le Christ, je viens alors du Père et m’en retourne à Lui. Homme christique, je ne fais plus qu’un avec le Père. Comme le Verbe. C’est ce que dit le Seigneur au chapitre 17 de Jean : « Qu’ils soient un en nous, comme nous sommes un, toi en moi et moi en toi. »

Dès ici-bas le chrétien, par son adhésion à Jésus (qui se produit durant le temps liturgique ordinaire), entre comme fils dans la Vie trinitaire. Avec les droits d’un fils. Il entre en relation avec le Père, dans l’Esprit Saint. Comme le Verbe. Jésus ne dira-t-Il pas : « Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé. » Avec l’Esprit Saint qui est justement cet Amour de Dieu…

« Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »

Retenons que la Vie trinitaire n’est pas seulement un dogme que l’on serait obligé d’accepter. La Vie trinitaire, c’est d’abord par notre Baptême que nous sommes présentés à elle : « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »

La Trinité, c’est une relation de Vie, une relation vivante, une relation vivifiante.

Relisons la conclusion de notre lecture de saint Paul et remarquons-en bien les termes exacts. Il ne dit pas : Croyez au Père, au Fils…

Il dit : « Que la grâce de Jésus… » La grâce, c’est la Vie, c’est le dynamisme de Dieu.

« Que l’amour de Dieu le Père… » L’amour aussi est Vie : c’est la dynamique du Cœur de Dieu !

« Que la communion de l’Esprit Saint…  qui est mouvance et tension… soient toujours avec vous », en vous !

Nous ne sommes pas face à la Trinité. Depuis notre Baptême, nous sommes immergés en elle. Et il ne tient qu’à chacun de nous, par les grâces de l’Année Liturgique, par les grâces de nos communions, de nos confessions, de faire que cette relation soit toujours plus forte, que nos liens avec le Père, le Fils et l’Esprit soient toujours plus solides. C’est tout et c’est tout ! C’est merveilleux.

C’est la grâce que nous vous souhaitons en ce dimanche de la sainte Trinité : répondre à Son appel, à notre vocation pour entrer dans cette intimité divine qui n’a de nom qu’Amour, Joie, Paix…

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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