Lectio divina

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Rembrandt, 1638.

Lectio divina pour le dimanche de la Miséricorde

C’ETAIT APRES LA MORT DE JESUS

« C’était après la mort de Jésus … » Nous sommes entrés, depuis une semaine dans un temps qui n’est plus strictement le temps de Jésus, Jésus présent historiquement sur la terre de Palestine. Nous sommes entrés dans le temps de l’Église qui commence avec la mort de Jésus : « C’était après la mort de Jésus… » Notre carême nous a amenés au Golgotha ; nous avons essayé, pendant cinquante jours, de purifier, de nettoyer ce bassin sacré qu’est notre âme afin de pouvoir recevoir l’eau pure, limpide, vivifiante de la grâce, cette eau qui rejaillit en vie éternelle. Nous avons essayé de mourir à nous-mêmes pendant ces cinquante jours afin de pouvoir mourir véritablement avec Jésus. Au pied de la Croix, comme Marie. Comme Jean. Afin de ressusciter avec Lui dans un temps qui n’est plus le Sien mais qui est celui de l’Eglise.

Temps pascal, temps de la Vie…mystique !

Et voilà que pendant ce temps pascal, cinquante jours nous sont donnés pour réfléchir sur ce temps de l’Eglise, sur la grâce de la Résurrection qui a été effectivement versée dans le sacré bassin de notre âme, en proportion de la purification que nous avions faite pendant notre carême. Le Temps Pascal n’est ni un temps de mort ni un temps de sommeil ! C’est au contraire le temps de la vie. Cinquante jours ne sont pas de trop pour réfléchir sur ce que nous avons acquis, gratuitement : cette grâce de Pâques 2015 donnée personnellement à chacun et à chacune, en proportion de ce que chacun a déposé le Vendredi Saint au pied de la Croix. Après cinquante jours de purgation, d’ascèse, d’effort, nous voilà entrés, après la mort de Jésus, dans le temps de l’Eglise : temps de vie mystique, de vie d’union à Dieu, temps de contemplation de ce qui nous a été donné. C’est le temps des épousailles. C’est la lune de miel, le voyage de noces…

« Je l’emmènerai au désert et je lui parlerai cœur à cœur. »

Nous avons ressuscité avec Lui, nous avons renouvelé nos promesses baptismales, nous avons renouvelé notre Baptême par la renonciation au mal et l’engagement à vivre en Dieu. Or nous savons que le Baptême c’est ce qui permet de connaître, de voir, d’aimer la présence de Dieu dans notre âme. La grâce de mon temps pascal, c’est donc la grâce qui me donne de contempler la présence de Dieu par la présence de Jésus ressuscité dans mon cœur.

« Je l’emmènerai au désert et je lui parlerai cœur à cœur » : voilà le désert de Pâques qui est différent, bien sûr, du désert de carême. Nous regardons dans la foi, comme nous le dit Jean dans son Epître, Celui qui est ressuscité, Celui qui s’est enraciné plus profondément en moi par Sa Présence, grâce au don de l’Esprit. Je le regarde, je le connais, je re-nais à Lui. Je renais à Dieu. Je L’aime !

Et si je L’aime, je Le laisse agir, je me livre à Lui ! Je Lui livre mes facultés. Puisqu’Il est entré dans mon cœur dans la Nuit pascale, ce n’est pas pour le mettre à la porte maintenant ! C’est pour qu’effectivement Il puisse faire chez moi Sa demeure.

Que veux-Tu, Jésus ? Qu’y a-t-il pour Ton plaisir ? De quoi as-Tu besoin dans mon âme ? Que veux-Tu faire ?

Et Jésus me répondra :

– Je veux poursuivre en toi ce que j’ai vécu sur la terre de Palestine. Aimer mon Père, faire la volonté de mon Père : donc aimer les hommes, leur apporter le Salut… T’aimer à la folie que donne ma divinité et te sauver avec ton accord !

Contempler en mon âme la présence agissante de Jésus…

La présence de Jésus en moi, par la grâce pascale, c’est véritablement la présence d’une eau vive, non pas d’une eau dormante ; c’est la présence de Jésus agissant. C’est la présence de Jésus qui adore Son Père. C’est la présence de Jésus qui se dévoue à Ses frères. C’est la présence de Jésus qui continue en moi, par les facultés que je Lui prête, à apporter, à annoncer l’évangile. Et cela c’est l’Église. L’Eglise qui continue l’annonce de la Bonne Nouvelle, le Christ répandu et communiqué…

C’est pour cela que si la contemplation du mystère pascal, c’est la contemplation de mon âme, c’est aussi la contemplation de l’Eglise. L’Eglise qui est toute en mon âme. Dès que je me regarde, dès que je regarde Jésus en moi, Jésus agissant en moi, aimant Son Père, aimant les hommes par mon cœur, par mes lèvres, par mon intelligence, par toutes ces facultés dont Il s’empare peu à peu, je contemple l’Église qui est toute en mon âme.

C’est pour cette raison qu’en ce temps pascal qui part de la Croix et de la Résurrection pour finir en plénitude à la Pentecôte, toutes les lectures nous orientent sur ce regard que nous devons porter vers l’Eglise. En portant notre regard sur notre rapport à Dieu, sachons voir, en notre intimité personnelle, le travail de Dieu en nous, c’est à dire la réalité ecclésiale. Cette réalité ecclésiale qui doit être en moi, elle est déjà dans le corps apostolique : en comparant ce que Jésus fit par les Apôtres et ce qu’Il fait en moi depuis cette Résurrection 2015, je peux en conclure comment je vis la grâce de cette Pâque.

« Jésus vint au milieu d’eux »

Quelles sont les caractéristiques de la réalité ecclésiale primitive ?

Le fondement de la réalité ecclésiale c’est, d’abord, la présence du Christ au milieu des hommes : « Jésus vint au milieu d’eux. » L’Eglise, c’est Jésus présent au milieu des hommes autant que c’est Jésus présent dans mon âme.

Jésus est présent et Il apporte avec Lui la joie et la paix « La paix soit avec vous… Et les Apôtres furent dans la joie en voyant le Seigneur. » Comment savoir si Jésus est encore en mon âme ? Comment savoir si je suis en conformité avec la réalité ecclésiale des Apôtres ? En regardant la paix qui est en moi. En regardant la joie qui est en mon cœur. Oui, la paix et la joie sont les signes certains de la présence de Jésus.

Il y a un autre signe, une autre caractéristique de cette Eglise naissante que je dois retrouver en moi : la communion fraternelle : « La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme. » Parce que Jésus, en chacun d’entre nous, comme en chacun des Apôtres, prie Son Père, aime Son Père et fait l’unité ainsi entre tous les hommes, toutes les personnes : « Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres », mais Jésus tout en tous, parfaitement uni au Père. C’est dans cette multiplicité du corps de l’humanité, du corps qu’est l’Eglise que se fait- en la personne de Jésus présent en chacun d’entre nous – l’unité de la charité : la communion fraternelle : « Celui qui est né de Dieu aime celui qui est né de Dieu. »

Un seul cœur, une seule âme…

Voilà ce qu’est la charité chrétienne. Ce ne sont pas des liens que nous faisons et établissons avec ceux qui sont de notre classe, de notre caste. C’est l’unité qui s’établit entre nous parce qu’en chacun d’entre nous est présent Jésus, Jésus vivant, Jésus ressuscité, Jésus agissant, c’est-à-dire Jésus aimant Son Père et les hommes qu’Il attire à Lui pour les Lui présenter purifiés et ne faisant qu’un seul cœur, qu’une seule âme

Un seul cœur, une seule âme : première caractéristique : la communion de charité. Voilà ce que l’Ecriture me révèle de cette Eglise primitive. Alors, si je jette un regard sur mon âme -qui EST l’Eglise- où en suis-je de ma communion fraternelle ?

« Nous avons vu le Seigneur »

La deuxième caractéristique que l’Ecriture nous rapporte de l’Eglise est la sacramentalité du Salut. L’Eglise est faite pour laisser Jésus aimer Son Père, aimer les hommes et chaque homme, pour apporter la Bonne Nouvelle. Non seulement elle est faite pour cela mais elle EST cela. L’Eglise, c’est l’évangile qui est annoncé jusqu’à la fin des temps !

Et Thomas, l’Apôtre incrédule, est le premier à bénéficier de cette annonce de l’Evangile. Absent lors de l’apparition du soir de Pâques, ses frères lui disent : « Nous avons vu le Seigneur. » Et ils annoncent la Résurrection. Ils annoncent Jésus vivant et ressuscité. Ils annoncent la bonne nouvelle de la Bonne Nouvelle, le noyau de l’Evangile. Voilà le message que l’Eglise doit annoncer aux hommes. Et Thomas a profité le premier de cette annonce.

Face à cette deuxième caractéristique de l’Eglise qui est d’être porteuse du Salut, de la Résurrection de Jésus, à toute la terre, où en suis-je ? Qu’ai-je fait depuis huit jours ? Ai-je essayé dans ma famille, dans ma cité, dans mon travail, dans mes relations proches ou de vacances ? Ai-je essayé d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut ? Ai-je essayé de dire, par le témoignage de ma vie : ‘Il est ressuscité’ ?!

Essayons de répondre à ces deux questions. Regardons où en est Jésus dans notre cœur. D’abord est-Il encore là ? Ensuite, Le laissons-nous agir ? Sommes-nous vraiment des membres vivants de Son Eglise ? A l’image de Pierre et des Apôtres, essayons-nous de Le laisser en nous aimer nos frères dans la concorde et la communion fraternelle ? Le laissons-nous, à travers nous, par le témoignage de nos actes, de notre vie, de notre sainteté, annoncer Lui-même( ), mais à travers nous, Sa Résurrection ?

Saint Temps Pascal à chacun !

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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