Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur… »

Lectio divina pour le 33e dimanche du temps ordinaire

« Voici que le jour du Seigneur approche, soleil de justice pour les justes, brûlant comme une fournaise ceux qui ne craignent pas le nom de Dieu. » Allons-nous prendre cette annonce prophétique au sérieux ? Non en essayant de jouer les « Madame-Soleil », et de lire dans les évènements de notre monde moderne, les prémices apocalyptiques qui nous intéressent tant ; mais en se mettant sous la lumière évangélique (identique pour les bons et les méchants) pour voir, à partir de ce 33ème Dimanche et jusqu’à dimanche prochain qui clôturera l’année liturgique, si cette lumière de l’Evangile me donne la Vie ou me brûle !

« Qui n’est pour Moi est contre Moi… »

Le soleil de Dieu est-il pour moi comme le soleil pour la fleur qui se tourne pour aspirer la Vie, pour aspirer les rayons de la Lumière, ou l’Evangile est-il pour moi le soleil qui brûle l’herbe et la dessèche ? La réponse n’est pas simple.

Le Christ-Roi, que nous fêterons dimanche prochain dans un jeu liturgique grandiose et lumineux, est là pour susciter en nous la réflexion de fin d’année, au bout de 12 mois d’année liturgique, face au Royaume de Dieu qui approche et face à cette Lumière de l’Evangile. De quel côté suis-je ? Est-ce que j’appartiens au Royaume de Dieu ? Est-ce que j’appartiens au monde de la Lumière, au monde de la sainteté ? Ce n’est pas évident, même si je viens à la messe tous les dimanches ou si je célèbre la messe tous les jours…

« Ma Parole sera votre juge »

Sur quoi vais-je être jugé ou plutôt sur quoi vais-je me juger moi-même ? Parce que ce n’est pas Dieu qui juge. « Ma Parole sera votre juge » : c’est mon comportement face à l’Evangile, dont je suis marqué par le sceau du baptême, qui va être mon propre juge pour me faire balancer d’un côté dans l’éloignement éternel de Dieu, ou de l’autre dans la communion à Sa Vie d’Amour.

D’ailleurs, cet éloignement de Dieu qui fait souffrir comme une fournaise, nous la ressentons déjà. C’est ce que l’on appelle le ressentiment : la haine de la vertu que nous n’arrivons pas à pratiquer. Face à quelqu’un de vertueux, c’est comme une espèce de dégoût que nous avons car nous n’arrivons pas, nous ne voulons pas nous installer habituellement dans cette vertu.

Servir Dieu fidèlement…

Alors sur quoi vais-je me juger ? La Collecte de la messe nous donne deux principes : « Seigneur fais que nous trouvions la joie (c’est le : heureux les pauvres, heureux les cœurs purs… béatitude promise à ceux qui imitent Jésus), dans notre fidélité à Toi et dans le fait de Te servir toujours. » Nous avons donc deux critères qui nous sont donnés aujourd’hui pour commencer un examen de conscience sérieux sur notre année qui va se terminer : la fidélité et le service. Ces deux critères peuvent se formuler en un seul : être fidèle dans le service de Dieu…

Alors, de quel service s’agit-il ? Il ne s’agit pas bien entendu d’un service d’esclavage puisque nous sommes fils de Dieu. Et quel est le service que Dieu notre Père nous demande d’accomplir en tant que nous sommes fils ? Il nous demande d’aller, d’enseigner et de baptiser les nations, autrement dit, de poursuivre la création de l’Eglise, de travailler à l’extension du Royaume de Dieu.

« Vous serez mes témoins… »

Souvenons-nous de la parabole des ouvriers de la vigne : « Allez vous aussi travailler à ma vigne, que faites-vous donc là à cette heure du jour ?… Pourquoi n’allez-vous pas travailler ? Allez vous aussi… » La vigne c’est le monde, le monde en attente de la Bonne Nouvelle du Salut, le monde en attente de la Parole de Dieu, de la Vie, une attente plus ou moins explicite, plus ou moins consciente : mais quel est l’homme qui n’attend pas la justice, la paix, l’amour ? Allez… Soyez des ouvriers de la vigne.

Cet appel s’adresse à tous les baptisés et pas seulement aux prêtres : à chacun d’entre nous, Jésus demande de s’associer à Son Œuvre de mission, Jésus nous demande de poursuivre en Lui et avec Lui Sa mission de Salut. Aucun baptisé n’a le droit de ne rien faire puisque par le baptême, il est configuré à Jésus Sauveur qui est venu donner la Vie : « Je suis la Voie, la Vérité, Je suis la Vie… »  « Nul ne va au Père que par Moi… »

Le service que Dieu me demande en tant que fils, c’est cette association à l’Opus Dei, l’Œuvre de Dieu : « L’Œuvre de Dieu, c’est que nous croyions en Celui qu’Il a envoyé, afin que par cette foi le monde ait la Vie. »

D’où la question que chacun doit se poser : Qu’ai-je fait pour l’extension du Royaume(,) ? Qu’ai-je accompli pour annoncer la Parole de Dieu ? Pour promouvoir l’Eucharistie ? Ai-je été un témoin devant mes enfants et mes amis, devant mes voisins, dans ma ville et déjà dans ma paroisse ? Mettons-nous un peu en face des réalités : Qu’avons-nous fait pour travailler à la vigne de Dieu ?

« Heureux ces serviteurs fidèles trouvés dans la vigilance… »

Le deuxième critère est encore plus délicat : Celui de la fidélité. Ai-je été persévérant dans les œuvres bonnes ? Parce que nous accomplissons des œuvres bonnes… C’est vrai nous avons heureusement une certaine bonté en nous, mais une bonté à ressort, une fois de temps à autre ! Trop souvent au gré de nos humeurs…

C’est dans notre nature humaine : nous faisons la charité, c’est-à-dire nous en saupoudrons nos œuvres ici et là… Mais ce n’est pas cela que Dieu nous demande. Il nous demande la fidélité, la persévérance dans nos actes bons. Il nous prie d’être fidèles comme Lui-même est fidèle. C’est là le vrai signe de l’amour !

Alors, nous devons nous poser la deuxième question : Quelles sont les bontés en moi qui ne sont pas assez habituelles ? Nous avons des vertus mais qui ne sont pas habituelles, qui ne sont pas, pourrait-on dire, instinctives… De temps en temps, dans le courant de l’année, on se fera généreux, écoutant, patient… Et ainsi l’on remplit à bon compte des exigences baptismales. Or, pour que notre acte soit vertueux, il doit être porté par la vertu, c’est à dire le réflexe habituel au bien et au bon. Nous devons nous établir, avec la grâce qui est donnée pour cela, dans l’habitude bonne, de manière à arriver à vivre comme en osmose évangélique… Etre établis dans la fidélité, c’est à dire habituellement dans le service, dans le dévouement, dans ce ministère de l’Evangile.

« Aujourd’hui, avec Moi, dans le Royaume… »

Alors, faisons notre examen de conscience sérieusement. Entrons en nous-mêmes et regardons sans désespoir aucun, ce que nous avons fait et les fidélités qui nous manquent…

Puis allons rencontrer le Seigneur dans le sacrement de la réconciliation. Pour Lui apporter toutes ses misères et nous retrouver, par l’absolution, dans la sainteté, au porche du Royaume de Dieu. C’est cela qui est magnifique. Il suffit qu’à la dernière minute, comme le bon larron, nous ayons le courage de présenter à Dieu toutes nos scories, toutes nos misères de l’année pour entrer immédiatement dans le Royaume de Dieu par l’absolution qui me donne la grâce.

Cette grâce que je reçois au sacrement de réconciliation est une grâce sacramentelle. C’est une grâce qui est propre à moi, en tant que pécheur qui vient avouer certaines fautes. Cette grâce m’est donnée pour lutter contre ces fautes, c’est-à-dire pour tenir le ferme propos de ne plus recommencer. Particulièrement et concrètement au cours de la nouvelle année liturgique.

Alors n’hésitons pas, nous ne sommes pas jugés… Puisque Dieu est plus grand que notre cœur…

En amenant au confessionnal ma misère, Jésus me guérit. Il ne me piétine pas. Il me guérit, Il me donne Sa médecine divine pour que l’année nouvelle soit un peu plus cohérente avec ma mission de baptisé, afin que mon travail de témoignage soit plus vrai, plus profond, plus fidèle à Son Œuvre salvatrice !

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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