Lectio Divina du 1er dimanche de l’Avent

FAIRE SON SAC POUR REPARTIR VERS LA MAISON DU PERE !

L’Avent est un temps pour apprendre à veiller

Avec la solennité du 1er dimanche de l’Avent commence une nouvelle année liturgique. C’est la raison pour laquelle ce « Dies Domini » est important dans le cycle annuel de la Liturgie. Il fait partie des jours de sanctification à privilégier, par notre participation à l’Eucharistie, par sa préparation intérieure : pureté de cœur, lecture attentive des textes, résolutions à prendre en fonction du bilan récent accompli dans la lumière du Christ-Roi… Je ne vis pas n’importe comment ce dimanche qui ouvre un nouvel épisode de ma sanctification.

De quelle histoire de l’Église est ce que je dois me préoccuper ?

Il y a deux histoires de l’Eglise. Il y a l’histoire que l’on raconte dans les livres : l’histoire des évènements humains : les créations d’ordres, les nominations pontificales… Et puis, il y a l’Histoire de l’Eglise que l’on raconte dans le Livre : l’Histoire des Évènements – ou des Avènements – divins ! Et la plus importante n’est pas celle que l’on pense, et que l’on compulse, même avec une bonne curiosité : les grands temps de l’Eglise, les fondations comme Cluny, Cîteaux, la Chartreuse, la Communauté Saint Martin (dans quelques siècles !), les papes… L’histoire de l’Eglise qui importe, celle qui est essentielle, ce n’est pas celle des évènements humains mais celle des évènements divins. Il y a trois temps forts dans cette Histoire de l’Eglise : sa naissance, sa croissance et son accomplissement. Ces trois temps forts nous sont racontés dans le Livre de la Parole et ce sont les trois avènements de Dieu, trois rencontres de Dieu avec l’homme en Jésus-Christ. La naissance du Fils de Dieu à Bethléem, c’est la naissance de l’Eglise ; la naissance de Jésus en notre âme, dans notre cœur, c’est la croissance de l’Eglise ; et le troisième avènement – que nous contemplons aujourd’hui en ce début d’année liturgique, parce qu’il est ce vers quoi nous tendons et donc le plus important – c’est le retour glorieux du Christ. Cet avènement c’est l’accomplissement, la plénitude de l’Eglise.

L’Avent, ou l’attente de la Présence

Si l’Eglise c’est, dès sa naissance – à cause même de la naissance du Fils de l’Homme – ce Royaume qui vient sur terre, ce Royaume fait d’hommes qui se savent aimés de Dieu, personnellement ; si ce Royaume dans la foi c’est ce regard que j’ai à l’intérieur de moi-même pour y contempler Dieu en tant qu’Il est Père, en tant qu’Il m’appelle, en tant qu’Il m’aime, alors, je ne peux que vouloir la plénitude de ce Royaume d’Amour. Chaque âme est l’Eglise et, l’Eglise étant en chacun d’entre nous, notre âme, comme l’Eglise toute entière, ne peut qu’être tendue vers la plénitude de cette relation d’Amour que Dieu a manifestée à l’homme en envoyant Son Fils. Je ne peux qu’attendre ce face-à-face où plus rien ne me retiendra, ne m’empêchera de regarder Celui qui est mon Père et qui m’a aimé de toute éternité. C’est pourquoi cet avènement glorieux du Christ est le point central de notre histoire, de l’Histoire de l’Eglise, de l’histoire sainte de notre âme. Toute la vie de l’Eglise est dirigée vers ce moment. Toute la vie de l’Eglise est en attente de ce dévoilement, de cette Parousie (ce mot grec veut dire la présence) : la Présence de Dieu sans voile, sans intermédiaire. Toute la vie de l’Eglise c’est L’AVENT, c’est-à-dire L’ATTENTE de l’Avènement de cette Présence ; ce qui fait crier Isaïe : « Reviens, reviens notre Père, toi qui es notre rédempteur ! »

Trouver son chemin en Jésus qui est la Voie

Voilà dans quelle disposition nous devons être : une attente amoureuse, impatiente, mais qui n’est point passive. Ne nous contentons pas de crier : « Seigneur ! Seigneur ! Reviens ! » Cette attente, c’est une marche, comme le souligne la Collecte au début de la Messe, quand nous demandons à Dieu la force de marcher à Sa rencontre… C’est une marche qui demande de la vigilance : nous ne marchons pas n’importe où ! « Je suis La Voie… » Il nous faut trouver la voie, c’est-à-dire le chemin de la justice, parce que, comme nous le rappelle le prophète, JESUS vient à la rencontre de celui qui marche dans la justice. Notre marche demande donc vigilance et même travail… Comme le dit JESUS dans l’Evangile, la vie chrétienne est un travail parce qu’à chacun d’entre nous revient de découvrir quelle est sa route. Si JESUS est la Voie unique, le « chemin d’éternité » (Ps 138), « il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». C’est dire qu’il y a une multiplicité de manières pour rencontrer et suivre la Voie qu’est JESUS.

Veiller, c’est aussi surveiller et faire le point

C’est un travail qui demande de veiller. JESUS nous le rappelle dans l’Evangile : « Veillez parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure. » Veiller pour ne pas être trouvé dans le sommeil. Que représente le sommeil pour l’homme ? Le sommeil représente le rêve, l’illusion. Le sommeil représente la volonté qui n’agit plus, la non-maîtrise de soi. Le sommeil représente le confort, le repos : le confort spirituel lorsque nous nous croyons arrivés, lorsque nous n’avons plus besoin de demander à Dieu de nous faire progresser vers Lui. JESUS nous met en garde contre ce sommeil qui est la plus perfide des tentations. Ne nous faisons pas d’illusions : il est bien tombé sur Pierre à Gethsémani… « Veillez et priez avec moi pour ne pas entrer en tentation » ! Et Pierre de ronfler ! Nous aussi combien de fois dans notre vie nous sommes-nous arrêtés dans notre marche parce que nous nous étions cru arrivés ?! Faisons donc le point : Où en est la dynamique de notre vie chrétienne ? Il faut voir les choses en face. Lorsque nous regardons notre vie, nos dernières semaines, nos derniers mois, notre dernière année liturgique qui s’est achevée la semaine dernière, que d’assoupissements, que de faiblesses qui ne sont rien d’autre que des abandons… Nous sommes recouverts de ce vêtement sale dont parle Isaïe. Nous n’avons pas grand-chose pour nous revêtir…

Le Christ marche en moi pour que je marche vers Lui !

Et pourtant ce n’est ni une raison, ni le moment de désespérer. Nous n’en avons pas le droit parce qu’Il est déjà venu ! La Parole inspirée du prophète Isaïe nous l’affirme : « Tu es déjà descendu, tu es venu parmi nous ; quoique pécheurs, nous serons sauvés. » C’est le motif de l’action de grâce de saint Paul : « En Lui, vous avez toutes les richesses, en Lui vous avez tous les dons; c’est Lui qui vous permettra de tenir fidèlement debout jusqu’au jour du Seigneur. » Ce n’est pas chacun tout seul qui marche vers le Christ, mais c’est le Christ en chacun de nous. Depuis que le Fils de Dieu s’est fait Fils de l’Homme, depuis qu’il y a une indissolubilité entre l’humanité et la divinité, une unité que plus rien ne pourra séparer, « ni l’esprit, ni la mort, ni la souffrance » nous dit Paul, depuis que Dieu s’est fait à jamais le Compagnon de l’homme pour que l’homme ne soit pas tout seul à lutter contre le Mal, nous savons que notre espérance est invincible parce que c’est JESUS qui nous mène à JESUS ! A la condition que nous acceptions que JESUS vienne dans notre cœur. Ce sera la grâce du mystère liturgique de Noël !

L’incarnation de grâce en mon âme

Qu’est-ce pour nous que Noël ? C’est justement cette venue de JESUS qui renouvelle Son Incarnation dans le plus profond de notre cœur, avec Sa Présence de grâce. C’est le rôle de l’année liturgique de nous faire goûter le fruit du mystère de JESUS que nous célébrons. Ainsi lorsque nous célèbrerons avec sincérité l’anniversaire de la naissance de JESUS, la grâce qui nous sera donnée ce jour-là, sera la naissance de Jésus en notre personne. Mais il faut que nous L’accueillions. Il faut que nous nous y préparions. Nous devons être comme Jean-Baptiste et Marie, ces justes parmi les justes de l’Ancien Testament qui attendaient, qui se préparaient. Nous devons ouvrir notre porte pour que Jésus entre chez nous.

Faire le point pour savoir où porter l’effort de purification de l’âme

En faisant le bilan de notre année liturgique, nous avons fait ressortir les scories, les saletés, les poussières de notre âme qui sont signifiées par l’ornement violet. Mais donc, nous connaissons maintenant la route : nous savons quel mal nous devons ôter de notre cœur. Nous avancerons dans notre Avent, en préparant notre âme à recevoir JESUS en balayant cette poussière du péché, cette poussière de l’indifférence, cette poussière de la lâcheté. Jusqu’à Noël où nous pourrons ôter ce vêtement violet, signe de pénitence et de notre manque d’amour (le péché) pour revêtir l’ornement blanc, l’ornement de la divine Présence. Nous aurons JESUS en nous qui renaîtra en ce Noël 2014. Nous serons alors des petites crèches lumineuses pour le monde. Prenons au sérieux cet Avent car, au-delà de Noël, c’est la préparation à la Parousie, à la Présence. Quel enjeu pour nous ! Et quelle joie lorsque nous pourrons regarder, dans l’humilité, en vérité, un pas de plus fait vers JESUS parce que nous aurons accepté de Le recevoir en nous, parce que nous aurons accepté de L’accueillir en nous purifiant petit-à-petit, avec l’aide de Marie et du Baptiste.

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart
@mgrjmlegall