Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.

« Au commencement était le Verbe qui venait dans le monde…»

Lectio divina pour le 1er Dimanche de l’Avent Année B

Is. 63,16 – 64,7 1 Cor. 1,3-9 Mc. 13, 33-37

Nous commençons une nouvelle Année Liturgique et pour cette raison ce premier dimanche, dont nous allons essayer de comprendre le sens et la portée, est un des plus solennels du cycle liturgique.

Que veut dire Avent ? L’Avent, c’est l’Avènement. Si nous voulons pénétrer le sens de cette liturgie qui inaugure notre année de manière austère (avec les ornements violets, une décoration florale réduite et moins de musique), il faut nous tourner vers la source de la lumière, c’est-à-dire la Révélation ; autrement dit, et de manière plus précise, les lectures que nous entendrons au cours de la célébration eucharistique.

La joie du premier Avènement…

Les trois lectures, de manière explicite ou en image, font référence à trois avènements.

Le premier avènement est la descente de Dieu chez l’homme. Comme nous l’entendons dans la prophétie de la première lecture : « Tu es descendu chez les hommes, tu es le Dieu qui vient à la rencontre de l’homme et qui sauve. »

Quelle est notre disposition intérieure face à cet avènement ? Notre disposition intérieure, devrait être, bien entendu, une disposition de joie : être heureux au même titre que les hommes qui ont vécu cet avènement historique de la descente de Dieu sur la terre, être heureux du Salut qui nous est offert.

Oui, nous sommes heureux du Salut. Mais en même temps, nous nous posons une question : où nous situons-nous par rapport à ce Salut qui est arrivé il y a 2000 ans ?

La crainte du deuxième avènement…

Référons-nous alors à l’évangile dans lequel Jésus nous demande de veiller pour ne pas être trouvés endormis lors de Son retour. Et voici le deuxième avènement : le retour de Dieu dans la Gloire pour juger les hommes d’après la réception qu’ils auront faite du Salut offert lors du premier avènement, d’après la communion avec Celui qui est venu chez eux : « Vous devez être en communion avec son Fils » nous dit Paul dans la deuxième lecture.

Voilà donc que Dieu reviendra dans Sa Gloire pour instaurer le Royaume de Son Fils et de tous ceux qui auront accepté le Salut, c’est-à-dire accepté de vivre en communion avec Jésus venu chez lui : « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu. »

Quelle est notre disposition intérieure par rapport à ce deuxième avènement ? Sans aucun doute, c’est la crainte. Comment pouvons-nous être assurés, nous, pauvres hommes, de ne pas être trouvés endormis le jour où le Maître du Royaume viendra et frappera à la porte de notre âme ?! Comment nous assurer la vigilance ? Comment assurer finalement notre Salut ?

L’espérance face au troisième avènement…

Tournons-nous alors vers la lecture de Saint Paul qui nous parle d’un troisième avènement plus mystérieux, plus discret, plus secret, mais aussi fructifiant que le premier et aussi glorieux que le second. Saint Paul nous assure que « Nous avons reçu toutes les richesses… », « …qu’aucun don spirituel ne nous manque… » parce qu’Il est en nous ! Ce troisième avènement discret, voire secret, c’est l’avènement de Dieu présent activement et fidèlement dans notre âme…

Quelle disposition intérieure devons-nous avoir vis-à-vis de ce troisième avènement ? L’espérance confortée par cette fidélité de Dieu à agir en nous dès que nous le Lui permettons. C’est l’espérance, oui, d’arriver effectivement, un jour à participer, à entrer dans ce Royaume, c’est-à-dire à être en communion parfaite avec Lui, à partager Sa vie.

« Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui vous fait crier : Abba, Père »

Oui, voilà la réflexion que nous pourrions faire dans ce premier dimanche de l’Avent : Dieu est présent activement en notre âme.

Il est présent activement en notre âme pour que Jésus, Son Fils, vive en nous Ses mystères, c’est à dire Sa parfaite vie de fils déjà vécue sur la terre, pour que le Fils accomplisse en nous par notre corps, par notre cœur, par notre intelligence, ce qu’Il a vécu lors de Son incarnation : une vie parfaitement abandonnée filialement dans les mains de Son Père qui est notre Père !

Quel est le moyen que Dieu emploie pour être présent en chacun d’entre nous depuis cette incarnation de Bethléem, il y a 2000 ans ? Dieu emploie ce moyen que l’Eglise appelle l’Année Liturgique.

L’Année Liturgique n’est rien d’autre que le déroulement sacramentel des mystères de Jésus, c’est à dire des actes de Sa vie, de Noël à la Pentecôte, en passant par le mystère de Sa Pâque et de Son Ascension. Les réalités historiques, vécues concrètement sur la terre de Palestine il y a 2000 ans par Jésus sont représentées, c’est-à-dire rendues présentes de manière sacramentelle, c’est-à-dire avec efficacité.

Cette représentation produit une grâce, une vertu, une qualité christique lorsque nous vivons avec bonne volonté ces mystères de Jésus liturgiquement présentés au cours de l’année. Nous recevons cette présence vivante de Dieu en nous par Son Fils. Nous recevons la vertu propre de chaque mystère. En un mot, Jésus vit réellement par la grâce ce qu’Il a vécu dans Son incarnation.

Il vit dans notre âme, Il accomplit en nous les mystères de Sa vie filiale pour que nous devenions nous aussi des fils en Le laissant vivre en nous Sa vie de Fils !

« Faites ceci en mémoire de moi… »

Nous voyons ainsi l’importance de l’Année Liturgique qui n’est pas seulement un cycle revenant périodiquement pour faire passer le temps… Ce n’est pas seulement un cycle d’anniversaires sans vie et sans fruit. C’est un mémorial au sens fort, au sens où l’Eucharistie est un mémorial et c’est pour cela que nous faisons mémoire des mystères de Jésus au moyen de l’Eucharistie : pour puiser dans la communion eucharistique la vertu propre à chaque mystère, pour nous conformer ainsi au Fils, Le laissant vivre totalement en nous Sa parfaite vie de Fils !

L’Année Liturgique, nous l’avons vu dimanche dernier, se termine par la fête du Christ-Roi qui est la représentation du mystère de la Gloire de Jésus, de la victoire du Christ sur le Mal. Cette représentation liturgique productrice de grâces a dû donc être aussi la célébration du travail victorieux du Christ dans notre âme : victoire sur notre péché, sur nos mauvaises actions, sur tout ce qui est en nous ténèbres et incohérence par rapport à notre baptême.

« Pour que se fortifie en vous l’homme intérieur… »

A l’opposé, le début de l’année liturgique que nous ouvrons avec le premier Dimanche de l’Avent est logiquement orienté vers la naissance de Jésus en notre âme qui se célèbrera par le Mystère de Noël.

Dans la célébration de Noël, nous revivons chaque année la naissance du Christ chez l’homme. Et la grâce de ce mystère est la naissance de Jésus dans la grâce dans notre âme. C’est la venue de la Lumière, d’où ce rite des cierges de l’Avent sur la couronne. A chaque dimanche de l’Avent, le célébrant arrive avec la lumière qui signifie le Christ et allume un cierge pour le premier dimanche, puis deux cierges pour le deuxième dimanche, et au fur et à mesure que nous approchons de Noël, la lumière se fait plus intense car plus proche.

D’où la nécessité pour nous de nous préparer à accueillir cette prochaine venue de Jésus : c’est le temps de l’Avent. Cette préparation pour accueillir le Christ dans notre âme de manière à ce qu’Il y travaille cette année encore et soit, au temps du Christ-Roi, plus victorieux de notre mort spirituelle, est source de joie et d’espérance.

Mais c’est d’abord un temps d’attention à Dieu. Lorsque nous attendons un ami, un époux, un enfant, nous sommes attentifs. Nous prêtons l’oreille. Tout notre cœur est en attente du bruit de la voiture, du coup de sonnette ou de la simple lettre…

D’où la nécessité du silence. Le temps de l’Avent est le temps du silence, du silence extérieur que nous essayons de favoriser autour de nous, mais aussi et surtout du silence intérieur qui exprime l’attention à Dieu pour ne pas manquer cette venue du Christ dans notre âme.

« Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux… »

Et bien sûr, pour accueillir, il faut avoir besoin, il faut vouloir, il faut désirer… D’où la deuxième caractéristique de notre temps de l’Avent qui est la conscience de notre pauvreté spirituelle, autrement dit : l’humilité !

Nous n’attendons pas le Christ pour la énième fois, comme des vieux routiers de la vie chrétienne qui connaissent la route par cœur… Nous attendons Jésus pour la première fois. Nous ne re-naissons pas au Christ, nous naissons à Lui dans la force de la grâce des commencements… Nous nous convertissons à la petitesse, à humilité, de manière à ce que cette venue de Jésus dans notre âme soit comme la première, avec cette même délicatesse, cette même impatience qui habite le petit enfant allant recevoir Jésus dans la communion eucharistique pour la première fois…

D’où le nécessaire compagnonnage de la Vierge Marie, qui plus que tout autre, a vécu cette grâce du commencement du Royaume lors de l’Annonciation.

 « Celui qui dit aimer Dieu et n’aime pas son frère est un menteur… »

Qui dit attention à Dieu dit aussi forcément attention aux autres. Et c’est l’aspect missionnaire de notre Avent.

Nous ne pouvons pas être attentifs à Dieu si nous ne sommes pas attentifs à ceux qui nous entourent, à commencer par ceux qui nous sont proches, qui signifient finalement une certaine venue de Dieu dans notre famille, dans notre communauté de vie. Ce serait terrible et complètement contradictoire si, sous prétexte d’être attentifs à Dieu, nous ne faisions plus un sourire, nous traversions la rue, la ville, notre immeuble sans regarder autour de nous…

Attention à Dieu, donc attention aux autres. Nous penserons et agirons particulièrement pour les sans-abri de toutes sortes : les pauvres, les habitants des pays dévastés par la guerre, tous ceux qui errent sans toit et sans protection… Portons-les dans notre cœur pour nous préparer à faire de notre âme une demeure accueillante pour le Christ.

Nous pouvons aussi être plus attentifs aux personnes âgées, aux personnes malades aux personnes qui n’auront pas de compagnie pour partager la joie de Noël. Nous pouvons déjà prévoir d’inviter tel ou tel voisin, tel ou tel parent qui, même s’il est quelques fois de caractère difficile ou lourd à gérer, reste un frère avec lequel nous sommes invités à partager cette joie de la venue de Jésus.

Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart
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