La Croix Pectorale

Ce travail est le fruit de l‘Ecole de Théologie de la Comunauté Saint Martin. Il s’agit d‘une présentation de la liturgie dans tous ses objets, ceux-ci étant utilisés par les prêtres lors des cérémonies religieuses. Cette présentation a aussi une dimension culturelle visant à promouvoir l’art sacré.

Origines      

Du latin « pectus », « poitrine » ou plus symboliquement « coeur », la croix pectorale est une croix portée autour du cou, suspendue par une chaine ou une corde, et reposant sur la poitrine. Dans l’Antiquité, lorsque le christianisme était encore interdit, beaucoup de chrétiens avaient l’habitude de porter sous leurs vêtements des petites croix autour du cou afin de passer inaperçus ; les fouilles archéologiques en ont trouvées en grand nombre dans les catacombes. Puis, lorsque fut accordé au christianisme l’exercice public et légal de son culte par l’empereur Constantin (313), ces
petites croix pectorales furent portées par certains, laïcs et clercs, de manière visible, comme un signe ostensible d’attachement au Christ, ou pour d’autres, par simple dévotion personnelle. On commença alors à y intégrer des reliques de la Sainte Croix ou de saints, en creusant une petite cavité au croisement des deux branches, et à les enrichir de pierres précieuses. Ce pendentif prit le nom, dans le monde byzantin, d’« encolpion » (litt. « sur la poitrine», cf. ci-contre). C’est ainsi que, petit à petit, la croix pectorale devint signe de dignité et son utilisation, privilège de certains clercs. C’est le cas de la croix pectorale en or de saint Cuthbert, évêque de Durham en Angleterre au VIIIème s. (cf. ci-dessus). Toutefois, ce n’est qu’au moyen-âge que cette coutume devint la norme pour le pape, les cardinaux, les évêques, les abbés et abbesses (cf. ci-dessous), sans pour autant qu’il y ait de codification particulière. Enfin, dans le Cérémonial des Évêques de 1606, l’on trouve pour la première fois la croix pectorale insérée au nombre des insignes épiscopaux – non pas au titre d’un signe de juridiction, mais comme signe d’espérance en la puissance salvifique de la croix du Christ.

Utilisation

La croix pectorale doit être portée sur l’habit ecclésiastique ou religieux mais aussi avec la tenue liturgique, au choeur ou à l’autel. À la messe, le Cérémonial des Évêques actuel prévoit qu’elle soit portée sur l’aube et en-dessous de la chasuble, sans doute pour montrer la commune dignité sacerdotale du pape, des évêques et des prêtres, mais dans certains pays – en France, par exemple, il est permis de la porter plus ostensiblement sur la chasuble. La couleur du cordon auquel est attachée la croix durant l’usage liturgique est codifiée : vert et or pour les évêques, rouge et or pour les cardinaux, or pour le pape. Dans l’usage non liturgique, la croix est habituellement suspendue à une chaine.

Aujourd’hui

La croix pectorale n’est pas exactement un privilège épiscopal puisqu’elle est également portée par les chanoines (cf. ci-dessus, la croix des chanoines de la cathédrale de Besançon),par certains prélats et, en France, par lesaumôniers militaires. Elle prend alors diverses formes.Quant à l’Orient, son utilisation y est davantage répandue puisque beaucoup de prêtres peuvent la porter ; la croix, ainsi que des pendentifs en l’honneur du Christ et de la Vierge Marie, prennent alors différents styles propres aux diverses Églises et aux divers degrés de la hiérarchie (cf. ci-dessus).

Pour les curieux

Dans le pontifical romain du concile de Trente, l’évêque récite une prière en passant la croix pectorale avant la messe ; celle-ci exprime la foi de l’évêque en la puissance de la croix : « Daigne me prémunir, Seigneur Jésus-Christ, par le signe de ta très sainte Croix, contre tous les pièges ennemis : daigne me concéder, à moi ton indigne serviteur, qu’en portant sur ma poitrine cette croix munie des reliques de tes saints, je garde toujours à l’esprit la mémoire de ta passion, et les victoires des saints martyrs ».