Le 18 décembre : O Adonaï

O Adonái et dux domus Israël qui Móysi in igne flammæ rubi apparuísti et in Sina legem dedísti veni ad rediméndum nos in bráchio exténto.

O Adonaï, chef de la maison d’Israël, toi qui es apparu à Moïse dans les flammes du buisson ardent et lui a donné la Loi sur le Sinaï, viens pour nous racheter par la force de ton bras.

Les parallèles scripturaires de l’antienne :

 O Adonaï et dux domus Israël

Ego Dominus qui apparui Abraham Isaac et Jacob in Deo omnipotente et nomen meum Adonai non indicavi eis.   Ex 6, 3

Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El-Shaddaï, mais mon nom de Yahvé, je ne le leur ai pas fait connaître.

qui Moysi in igne flammæ rubi apparuísti Apparuitque ei Dominus in flamma ignis in medio rubi         Ex 3, 2

L’Ange de Yahvé lui apparut, dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson.

et in Sina legem dedísti Dixit autem Dominus ad Moysen: Ascende ad me in montem et esto ibi: daboque tabulas lapideas et legem ac mandata quæ scripsi ut doceas eos.

Yahvé dit à Moïse: Monte vers moi sur la montagne et demeure là, que je te donne les tables de pierre -la loi et le commandement- que j’ai écrites pour leur instruction.

et habitavit gloria Domini super Sinaï tegens illum nube sex diébus.    Ex 24, 16

La gloire de Yahvé s’établit sur le mont Sinaï et la nuée le couvrit pendant six jours.

veni ad rediméndum nos in brachio exténto. Ideo dic filliis Israël: Ego Dominus qui educam vos de ergastulo Ægyptiorum et eruam de servitute in brachio excelso et judiciis magnis.      Ex 6, 6

C’est pourquoi tu diras aux Israélites: Je suis Yahvé et je vous soustrairai aux corvées des Egyptiens; je vous délivrerai de leur servitude et je vous rachèterai à bras étendu et par de grands jugements.

Commentaire

O Adonai

Aujourd’hui nous invoquons celui qui s’est révélé à son serviteur Moïse de ce nom étrange et quelque peu terrible qui proclame qu’il est le Tout-autre. O Adonái. El Shaddaï, le Dieu de la montagne, le Dieu de la Steppe est devenu Adonáï. A Moïse il fait connaître son nom. Et bientôt – dans cinq jours – nous oserons l’invoquer par ce nom nouveau et familier, Emmanuel!

qui Moysi in igne flammæ rubi apparuisti

A Moïse tu es apparu et à Noël apparaîtra ta bénignité et ton humanité: Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei.

En une seule phrase sont évoqués deux grands moments de la révélation de Dieu à Moïse; en premier lieu la théophanie du buisson ardent: «L’ange de Yahvé lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson. Moïse regarda; le buisson était embrasé mais le buisson ne se consumait pas». Et également la rencontre de Dieu et de Moïse sur la montagne du Sinaï: «La nuée couvrit la montagne. La gloire de Yahvé s’établit sur le mont Sinaï et la nuée le couvrit pendant six jours».

Nuée de douceur pour Moïse, flamme dévorante aux yeux des Israélites, Il se manifeste, Il apparaît.

A Noël, nous interrogeons dès l’aube les bergers:

Quem vidistis pastores? Dicite, annuntiate nobis, in terris quis apparuit?

«Qui avez-vous vu, bergers? Dites-nous, apprenez-nous quel est Celui qui a paru sur terre?»

Quelle est cette gloire qui, dans les champs, vous a enveloppés de sa clarté? Plus de flammes de feu, mais un ange, plus de Sinaï à gravir mais les champs tranquilles de la campagne de Bethléem.

Dès le 18 décembre nous osons l’invoquer: «O Adonái», et lui rappeler ces théophanies antiques, certains que dans quelques jours il va se manifester dans une indicible douceur.

veni ad rediméndum nos in brachio exténto

Viens pour nous racheter à bras étendus comme tu l’as promis à ton serviteur Moïse, en raison de ton alliance. Souviens-toi de ce que tu as dit: «Je vous ferai entrer dans la terre que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob…». Ce qui était autrefois une image de la puissance de Dieu devient réalité: le Seigneur apparaît dans un vrai corps humain et pourra étendre ses bras sur la Croix pour nous racheter.

O toi, chef de la maison d’Israël, toi qui fais paître ton troupeau par la puissance de Yahvé, par la majesté du nom de son Dieu, viens en la sublimité invisible de ta grandeur et manifeste-toi.

…Toi qui mènes Joseph comme un troupeau,

toi qui sièges sur les chérubins,

resplendis devant Ephraïm, Benjamin et Manassé,

réveille ta vaillance, et viens nous secourir

des bras étendus de ta gloire enveloppante.

Dieu, fais-nous revenir

fais luire ta face et nous serons sauvés.

O Adonaï, pasteur d’Israël,

viens en cette nuit sainte et montre-nous ta Face,

ton visage d’amour et de bonté.

Lecture mariale de l’antienne

Il est évident que l’image du buisson ardent annonce déjà la belle antienne du 1er janvier: Rubum quem viderat:

«Dans le buisson que Moïse avait vu brûler sans se consumer, nous avons reconnu votre virginité admirablement conservée.»

Flamme dévorante, il se cache, il se ramasse dans le sein de la Vierge pure qu’il investit sans la consumer: conservatam agnovimus tuam laudabilem virginitatem.

 

Dans cette perspective, on peut faire alors une relecture de cette Grande O en regardant Marie la Toute Sainte. Ecoutons le poète-diacre saint Ephrem:

«Le tabernacle que Moïse bâtit sur le mont Sinaï et où il plaça les tables de la Loi était la figure de Marie qui demeura vierge tandis qu’elle portait en son sein l’auteur de la Loi.

Et Dieu fait homme est sorti d’elle: que sa paix règne aux quatre points du monde!

 

Viens, Moïse, montre-nous ce buisson sur le sommet de la montagne dont les flammes dansaient sur ton visage: c’est l’enfant du Très-Haut qui est apparu du sein de la Vierge  Marie et a illuminé le monde à sa venue:

gloire à lui de la part de toute créature

et bienheureuse celle qui l’a enfanté.»

Non seulement le buisson évoque la virginité sainte de Marie qui enfante le Très-Haut mais le don de la Loi au Sinaï –qui ei in Sina legem dedisti– évoque aussi le Tabernacle pur de Marie, ce sanctuaire où va résider la gloire de Yahvé. Car le Sinaï lui-même est montagne sainte, montagne de Dieu.